Le captif

agnessevere

L'homme qui attendait.

L'unique ampoule de la petite chambre grésillait. Il ne la regardait pas. Pas un regard.  Il savait, c'était devenu un banal événement. Sans intérêt aucune. Toutes les soixante-dix secondes, ça clignotait. Puis, le calme revenait. Il le savait parce qu'allonger dans son lit minuscule, contemplant  le plafond, Il l'avait compté beaucoup trop de fois. Il pressa ses paumes moities par la chaleur contre ses yeux, Il tenta de ne pas voir le nouveau grésillement. Mais automatiquement son cerveau continuait de compter. Encore et encore. Son cerveau savait quand l'ampoule allait clignoter. Deux fois, a chaque fois deux fois.

Il ouvrit les yeux, se remit debout. Il l'a déjà tenté plusieurs fois, mais il tendit quand même la main vers l'ampoule. Il savait que s'il la touchait, il allait se cramer les doigts. Mais il savait que s'il la touchait, il pourrait la dévisser, Il plongera la pièce dans l'obscurité. Il tendit les bras, se mit sur la pointe des pieds. Mais rien à faire. L'ampoule est beaucoup trop loin. Même s'il sautait, il ne pourra pas l'avoir.

Il s'approcha des barreaux, frappa. Il avait déjà frappait. Il frappait tellement de fois. Ses mains se sont écorchées, elles empestaient le métal et à force il se faisait mal quand. Mais il tenta une dernière frappe. Encore, encore. Encore, bordel. Il  frappait contre les barres d'acier. Il frappait de toutes ses forces. Personne ne vient. Personne ne vient jamais. On l'a enfermée là à mourir. C'est ce qu'il en a déduit.

Il ne cria pas. Il ne criait plus. Au début, il a hurlait la nuit à s'en déchirer les cordes vocales. Puis, il comprit que ça ne servait à rien. Il comprit que ça le fatiguerait encore plus et ses appels étaient vaines, inutile, rien de plus. Il avait la bouche trop sèche pour ça. Il arrivait à peine à parler. Depuis qu'on l'a enfermé là, Il n'a avait rien bu, rien. Il  passa sa langue sur ses lèvres craquelées et sèche. Il sentait du bout de la langue la peau sèche et rugueuse. Il sent le goût métallique du sang.

Il s'éloigna des barreaux, Il s'éloigna de l'ampoule et il se laisse glisser contre le mur, dans ce coin. Froid et humide. Il était  fatigué d'attendre. Dessiner des barres sur le mur, compter les jours n'étaient plus suffisant.  Il aimerait bien s'endormir d'un sommeille eternel. Ça serait bien plus facile que de compter les secondes, que de regarder la lumière clignoter, que de frapper sur la porte. Tout serait plus facile.

Ils le savent ça serait trop facile. Ils lui donneraient de l'eau pour  accroître encore un peu ses souffrances. Puis, encore un peu. Oui, peut-être qu'ils allaient faire ça. Et lui, peut-être qu'il devrait se montrer plus forte qu'eux, peut-être qu'il devrait refuser. Il n'était pas sûr de pouvoir le faire. S'ils lui emmènent de l'eau, il savait qu'il allait se jeter dessus.

Il ferma les yeux. Mais même à travers les paupières closes, il perçut la lumière. Soixante-dix secondes. Deux clignotements. Un silence insupportable.

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