le champ de la sirène

nessim

de courte mémoire
il y a des choses, parfois
qui te gâchent une journée,
des choses qu'on n'attend pas,
qu'on ne voit pas arriver

un être aimé, image couchée, papier glacé
qui dormait dans un livre d'une époque effacée
attendant le moment où tu vas le feuilleter
pour t'en ouvrir les plages et te le rappeler.
le rideau de l' histoire, qui cache du regard
surtout, faut pas toucher quand il y a du soleil
on peut se perdre seul, se retrouver dans le noir
endormir son présent dans un mauvais sommeil
alors le film commence, t'as pas le temps de t'assoir
les images te reviennent comme si jamais parties
elles te touchent en dedans te secouent la mémoire
te reprochant doucement d'en avoir fait l'oubli
toi, tu dis c'est pas vrai, moi j'ai rien oublié
je les aime toujours, au présent ,imparfait
c'est la faute à la vie, elle sait pas composer
les verbes à tous les temps,de j'aime à j'oublierai

il y a des choses comme ça
qu'on voit pas arriver
des choses qu'on n'attend pas,
qui t'esquintent la journée.

y'a, ces mots, sur la feuille, dans la boite au grenier
t'avais juste décidé de remettre un peu d'ordre
souffler sur la poussière pour ranger ou jeter
on croit que tout va bien, avant de se faire mordre
comme les cartons fermés on ne peut rien en faire
on les ouvre pour voir et le temps ne compte plus
on met les comptes à jour, avec plus de lumière
on éclaire les zones d'ombre de ce passé perdu
ces papiers desséchés, mauvais plans, mauvais jour,
t'as cru que c'était là ta source du bonheur
dans la trame des mots, y a que des lambeaux d'amour
à remonter le temps, le cœur, n'est plus à l'heure.
Comme on peut se tromper sur les autres et sur soi,
on ne sait plus sa place à toujours repartir.
Qu'aurons nous donc été entre tous ces émois
qui au fond de la boite blessent nos souvenirs. 


il y a des choses comme ça
que t'aimerais éviter,
t'as pas vraiment le choix
ça devait arriver


il y a, cette dernière ligne, à la dernière page
le bouquin est fini sans annoncer la fin
on se retrouve assis, et quelque soit son âge
c'est en train grande vitesse que la vie nous revient
c'est vrai que c'était bon ces moments d'émotion,
ces moments de fou-rire et de folie du cœur,
ces amours, ses amis, ses enfants, ces unions
valent bien ce que la vie a coûté de douleurs.
comme ultime cadeau à tout ce que j'ai été,
je voudrais emporter vers les vents à venir
les visages souriants de ceux que j'ai aimé
pour me chauffer les yeux avant que  de m'enfuir

il y a des choses comme ça
qu'on voudrait emporter,
emmener avec soi
vers son éternité,
il y a toi, 
où que soit l'endroit, 
toi, 
je t'emmène avec moi
partout où je m'en ira 
tu seras là,
toujours
tout autours
prés de moi.



 

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