le temps n'existe pas, extrait n°54
l'enfant s'arrête de jouer avec le sable. il s'intéresse enfin à moi. il se relève et me sourit. je suis si petite par rapport à lui. il avance vers moi, tend sa main et me prend entre ses deux paumes. ça me réchauffe. je me sens bien.
"tu es la nature? demande t-il.
- je suis la nature, dis-je.
- peut-être que je peux faire quelque chose de toi.
- tu te crois plus malin?
- je donne un précieux conseil : ne pose pas de jugement de ce que tu ne connais pas. mais c'est bien, tu apprends vite. tu poses des questions."
j'entends un bruit soudain au loin et lève la tête. je vois descendre du ciel un char. c'est étrange, il n'est conduit par personne et les chevaux le guidant passent du visible à l'invisible. le véhicule antique atterri à nos côtés. l'enfant me pose à terre.
"qu'attends-tu? questionne l'enfant, monte.
- je ne comprends pas.
- quoi donc?
- je suis un oiseau, je peux voler. je n'ai pas besoin de char.
- ne sois pas stupide, tu es un oisillon. ton premier envol fût merveilleux mais tu es loin de savoir voler. ce char va nous emmener près d'un endroit que tu ne peux atteindre de tes ailes. monte, je te dis."
le char me semble gigantesque. fragile de ma vie nouvelle, je m'y avance. marcher est pénible, voler n'est pas si aisé. j'ai du travail.
l'enfant prend les commandes.
nous nous envolons.