Le défi

Quand le temps est au froid et au gel, je mets mon anorak Patapouf qui me donne l'air d'une boule argentée sur deux pattes en jean. C'est un temps à rester à la maison mais le devoir nous appelle, dans les cours de récré on est tous à grelotter et à se les peler, parler et rire nous réchauffe, dans les salles de cours je somnole à côté du radiateur, je fais du charme à Lucas pour qu'il m'explique le cours après. Je n'ai jamais tenu la main à un garçon, mon défi c'est de le faire avant les vacances de Noël, les paris sont ouverts. Tout le monde croit que j'y arriverai sauf Laurent et Jeanne qui ne peuvent pas me piffer, tout ça parce que je les ai dénoncés d'avoir piqué le portable d'un pauvre 6e. Je ne suis pas très bonne élève mais on m'a quand même élue déléguée de ma classe parce que je suis non pas populaire enfin si un peu, mais plutôt parce que j'inspire confiance. On pourrait me donner le bon Dieu sans confession comme on dit. J'ai un visage d'ange, un regard clair, des cheveux clairs, la voix claire (cristalline comme dit la prof de musique), la diction claire. Ma vie ma foi est claire elle aussi, pas de tare à cacher, pas de problèmes noirs comme dit ma mère, de ceux qui la mettraient au 36e dessous. En ce qui concerne Lucas je m'arrange pour m'asseoir à côté de lui pendant les interros de maths et d'anglais, j'apprends mes leçons juste pour avoir une petite moyenne dans ces matières, un prof a dit un jour à ma mère qu'il fallait avoir au moins 12, ça tombe bien car mes notes tournent autour de 12 à part en français où je décolle. On a même publié un poème que j'ai écrit dans le journal du collège, "La magie sans haut de forme", une espèce de poème science fiction, n'importe quoi! Lucas m'aime bien mais il est trop timide, c'est pas lui qui me prendra par la main un jour.

(à suivre...)