Le démon du matin (2)

guegueette

L’antre du loup

"Regarde bien l'adresse." Avenue de la libération.


Libérée, délivrée?

Eméchée, embourbée?


La voilà assise une marche d'un parvis en comportant trois. Non, elle ne veut pas entrer, elle préfère rester là, à faire sa chieuse alors qu'il insiste promptement. Boire son café dans la ruelle et y manger sa chocolatine n'est pas un problème. Elle le sent mal. Mais pourtant, elle est là, assise et lui debout. L'endroit ne semble pas propice à de bonnes choses. Mais le coeur est lourd, la tête également et les émotions exacerbées par l'alcool et cette cigarette étrange qu'on lui a proposée dans la discothèque.


Il insiste, semble agacé, cela se ressent un peu dans sa voix, et elle finit par lui obéir. Elle elle se lève, remet les plis de sa robe en se disant qu'elle aurait dû prendre la droite plutôt que la gauche en sortant de l'antre de la nuit, et le suit. Il y a un petit couloir, exigu, où trône des déchets. Dieu, où est-elle tombée? Sur la droite, une porte, qui s'ouvre alors que celle de l'entrée par des clefs est refermée. Tout semble bien s'annoncer... Une pièce sans fenêtre où deux chaises côte à côte sont posées, des détritus jonchent le sol, un vieux matelas est dans un coin. On y est, c'est sûr, tout ne va pas se passer comme prévu. "Il ne se passera rien." Lui avait-elle dis. Il avait acquiescé, mais elle commençait à avoir le doute.


Il semble grave, appose au sol cafés et chocolatines bien emballées, et les voici tous deux assis sur ces chaises. La dégustation commence, après qu'elle est demandée naturellement la permission, qu'il lui a accordée. Elle sort son téléphone portable, au cas où. "Tu écoutes quoi comme musique?" La discussion s'entame, elle n'est pas très à l'aise et essaie de ne pas le montrer, pendant qu'elle sirote son café trop chaud et prend des forces. Des questions telles que "mais qu'est-ce que tu fou là", lui passent en la caboche. Mais elle est triste, la jeune femme, alors un peu plus, un peu moins. Il semble être à l'écoute, mais bien dans ses idées. Il se relève, se met à l'aise et enlève sa chemise, comme ça, naturellement, qu'il appose sur le dos d'une chaise. Le pas est lent, les gestes bien dirigés. Il l'impressionne, et elle n'ose pas broncher, la brune.


L'atmosphère change tout à coup, sous le regard questionneur de la fille à la robe rose, lorsque l'homme au beau torse musclé se dévêt de son jean et attrape son sac à main et le rapproche du matelas. Elle garde toujours ses affaires de près, au cas où. Il va falloir aller le chercher, et cela ne s'annonce pas être une partie de plaisir.


"Vient t'asseoir."


Elle comprend alors ce qu'il va se passer, il est temps de rattraper la situation. 

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