Le génie criminel (1)

le-maitre-de-la-mort

Récit vu par le directeur de la prison.

Mercredi, arrivée de nouveaux prisonniers.

Je m'assis dans mon fauteuil et tira les dossiers de mes deux nouveaux détenus.

Le premier était un braqueur de banque qui c'était fait prendre pendant un braquage. Condamné à cinq ans de prison, j'étais prêt à parier ma main que dans un an il repartait chez lui pour bonne conduite. Après un soupir de désespoir, je reposai son dossier pour prendre le deuxième.

Avant de l'ouvrir, j'allai m'installer sur un fauteuil prêt du radiateur, posant le dossier sur la table basse. Prenant un verre de cognac, je regardai par la fenêtre la neige tombée.

Après une boulette faite à Maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, la plus grosse prison de France, me voilà muté Saint-Pierre-et-Miquelon, une petite prison de campagne abandonnée de tout visiteur. Personne ne prend la peine d'aller voir ses proches, la route étant très escarpée. La prison était tellement pauvre que certaine caméras était éteinte, elle servait juste à dissuadé les rébellions.

Je me détournai de cette poésie hivernale pour aller m'assoir dans mon fauteuil pour faire connaissance avec le dernier détenu. En ouvrant le dossier, je lus un avertissement sur le danger que représentait cet individu. Le soir de ses dix-huit ans, il avait tué cinq personnes avec un couteau de cuisine. Les photos faillirent me faire vomir, même un boucher voyait moins de sang. Un psychologue avait laissé une mise en garde sur le fait que ce jeune homme avait une intelligence hors norme.

Un surveillant m'interrompit pour m'informer de l'arrivée des nouveaux. Passant ma veste sur mes épaules, je sortie à sa suite pour les rejoindre. Traversant les couloirs, je badgeais à chaque porte, pour rejoindre le poste de sécurité.

Derrière la vitre sans teint, je regardais les gardiens les fouillais. Le braqueur était intimidant, costaud, le regard dur, droit comme un I, tendu comme un arc. À tout moment il pouvait frapper et ça se voyais. Par contre le meurtrier lui semblait être sur le point de s'effondrer, pâle comme un linge, replié sur lui-même, il voulait se fondre dans le décor. Au signe du gardien, je rentrai dans la salle pour le traditionnel coup de pression.

Le dos droit, le regard dur, je les ai incendiés d'un seul coup d'œil, voulant les faire craquer psychologiquement. Cela semblait marcher pour notre meurtrier, mais pas pour son collègue.

- Bienvenue en enfer, commençais-je d'un ton autoritaire, vous êtes les déchets de la société, des larves qui mérite qu'on les écrase comme de vulgaires insectes. Vous avez gagné le droit de pourrir en prison quelques années, et toute ta vie pour toi crevure.

Le jeune homme que je fixais d'un regard brulant courut vers la poubelle. Instinctivement les gardiens sortirent leurs armes en le pointant, mais ils les baissèrent quand ils se rendirent compte qu'il avait juste besoins de vomir ces tripes. Dire que c'est lui qui as tué les cinq ados avec un couteau. Si je n'avais pas vu les photos plus tôt, j'aurais demandé à ce qu'on vérifie son identité. Puis un détail me revint à l'esprit. D'après le psychologue, son intelligence est au-delà du commun des mortels.

Ce pourrait-il qu'il joue la comédie ? Que tous cela n'est qu'un stratagème ? Je vais devoir le garder à l'œil et surtout prévenir ses gardiens. Le bâtiment des condamnés à perpétuité est le mieux gardé mais rien est impossible pour quelqu'un qui as tué cinq de ses amis.

Confiant le braqueur à mes gardiens, j'escortais le criminel, qu'on enregistra sous le matricule 314 159. Le système de matricule permettait de déshumaniser un peu plus les prisonniers afin de leur rappeler qu'il n'appartienne plus au monde extérieur. Cela peut sembler cruel mais c'est ainsi, ils doivent payer pour leurs crimes.

Arrivé au bâtiment le plus reculé, je guidai 314 159 à travers le dédale de couloirs. En chemin, les autres prisonniers observèrent le nouveau venu, ils le jugèrent. Recourbé sur lui-même, le regard penaud, il n'était pas très impressionnant. Ce qui devait arriver arriva :

- Alors gamin, on s'est perdu sur le chemin de l'école, lança un premier.

- On peut t'apprendre la vie nous, le nargua un autre.

- Viens avec nous sous la douche, on ferra de toi notre petite salope, réenchérit son colocataire.

- Ouais, on va te niquer toi et ta mère, hurla le plus proche.

Tous se passa en une seconde. Le criminel fragile bondit sur son adversaire, l'attrapa au col à travers les barreaux, le cogna avec force contre les morceaux de métaux et finit par lui arracher la trachée à mains nu. Un incroyable flot de sang le mouilla de la tête au pied, des cris retentirent dans tout le bloc. Les gardiens attrapèrent 314 159 et le plaquèrent au sol. Ils crièrent pour calmer les détenus mais ça ne marchait pas, c'était la panique. Le nouveau venu était pris d'une crise de démence, au point ou un de mes hommes du l'assommer et l'évacuer avant que les autres prisonniers ne le tue de leurs mains.

Je comprenais mieux comment un garçon aussi innocent pouvait tuer. Il allait être condamné à l'isolement, et intérieurement j'en était content. 

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