le loup

Patrick Gonzalez

Je fus, ce loup alpha, ardent et vigoureux. Traversant la nuit en tête de la meute. Je fus ce hurlement qui déchirait la lune. Je fus ces babines retroussées, ces crocs acérés, prompt à déchirer la chair. Je fus ces yeux pailletés d'or, ces traces d'infini où l'humain avait perdu ma trace. Je fus tout cela et bien plus encore…

Je suis vieux maintenant, solitaire loup gris, sans meute, sans compagne. Errant, au cœur de la foret si sombre. Boitant, une patte brisée, arrachée aux mâchoires d'acier d'un piège bien caché. Les premiers flocons volètent déjà sous le ciel gris, bientôt l'hiver sera là, la neige recouvrira tout, jusqu'aux souvenirs.

Je reste là, assis, le poitrail droit, la tête haute. Je hume une dernière fois l'air de la foret, toutes ces senteurs magiques En face de l'autre côté de la rivière, à plat ventre aux pieds des bouleaux, il y a un homme, un fusil. Il attend, silencieux, puis épaule, vise. Il va tirer, il tire….

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