Le loup et la brebis (nouvelle version)

Il était une histoire de loup et de brebis, d'une jeune bergère et d'un prince beau ça va de soi. La brebis s'égara un jour dans la forêt et se retrouva face au loup, qui la fixait de ses yeux gris comme il sied d'être aux yeux des loups. Il avait l'air menaçant mais ne bougeait pas devant la pauvre brebis qui ne cessait de trembler de peur, elle avait entendu tant d'histoires à la bergerie! Et si ce n'était que des histoires? Evidemment même la jeune bergère avait peur que la brebis soit dévorée par le loup, mais ça ne l'empêcha pas de pénétrer au plus profond de la forêt pour retrouver sa chère brebis, tant et si bien qu'elle se perdit elle aussi. Or le soir allait bientôt tomber et on entendait alentour des bruissements de feuilles et de branches, des pas qui foulaient l'herbe, des sifflements d'oiseaux lointains. Parmi tous ces petits bruits de la nature, la bergère apeurée entendit les galops de plusieurs chevaux, lesquels arrivèrent à sa hauteur. C'était le prince du château de la colline, il était accompagné de ses compagnons. Partis dès le matin pour la chasse, le prince et ses compagnons avait suivi des cerfs et des biches, jusqu'à s'aventurer dans la forêt profonde. Le prince arrêta élégamment son cheval, et demanda à la jeune damoiselle ce qu'elle faisait en ces lieux:

"J'ai perdu ma brebis, mon bon monsieur. Ne l'avez-vous point vue?

- Une brebis!? éclata de rire le prince moqueur. Non ma foi nous n'en avons vue aucune, et sache que nous l'aurions ramenée sur un de nos fiers destriers, morte, ensanglantée."

 La bergère baissa les yeux face à ce jeune moqueur, et pensa qu'il était aussi cruel qu'un loup. La prestance et les vêtements du prince étaient si impressionnants qu'elle n'osa pas le lui dire. Par contre lui, la dévisageait comme s'il allait la dévorer de ses beaux yeux gris comme ceux du loup de la forêt. 

"Allons il est temps que tu rentres chez toi avant qu'il ne fasse nuit et que le loup te dévore! s'écria le prince.

- Mais ma brebis...

- Eh bien ça t'en fera une de moins, voilà tout! Allez décampe vite d'ici."

Et la jeune bergère s'en alla en pleurant sa pauvre bête quant au prince et ses compagnons, ils rebroussèrent chemin. Chemin faisant, ils se retrouvèrent devant la brebis et le loup, mais fait curieux, ceux-ci étaient couchés, ils s'étaient même assoupis l'un en face de l'autre. Le prince éclata de rire en disant:

"Voilà bien un étrange spectacle! Le loup et la brebis dormant ensemble. Il tira un coup de feu qui fit se sursauter les deux bêtes.

- Voilà donc notre brebis et ce fameux loup! Pourquoi diable ne lui a-t-il pas planté ses crocs dans sa tendre gorge?"

Pendant qu'il disait ces mots, le canidé le regardait avec une tristesse étonnante tant et si bien que le prince en fut troublé. Or il y avait autre chose dans le regard du loup, quelque chose que le prince n'arrivait pas à définir. On eût dit que l'animal voulait lui dire quelque chose mais vite le jeune homme s'impatienta.

"Il suffit! Rentrons! Cette bête n'a du loup que l'apparence.

Parmi les compagnons du prince, le plus jeune osa lui dire:

- Ne croyez-vous pas mon prince que nous devrions ramener la brebis hors de la forêt, au moins jusqu'au village?

- Que m'importe cette brebis, elle ne court aucun danger en compagnie de ce loup! Allons! Nous avons perdu trop de temps et nous n'avons rien capturé encore. Nous serons la risée de toute la cour. Aussi je l'ai décidé: nous ramènerons ces deux bêtes. J'ai dit!"

A peine eut-il le temps de finir de parler que le loup se dressa sur ses pattes, et se mit à grogner. Oui, il avait compris les paroles du prince, mais comment? Celui-ci, descendu de son cheval, se dirigea d'abord vers la brebis, couteau en main, mais le loup s'interposa.

"Allons! Fiche-moi le camp maudite bête." Le loup montrait à présent les crocs, prêt à bondir sur le mauvais homme, un coup de feu qui surprit tout le monde retentit dans la nuit qui venait de descendre, les hommes se retournèrent, c'était le roi en personne accompagné de plusieurs hommes.

(à suivre)