Le mausolé des amants

Dans la chambre il est étendue. Il est étendu nu dans le lit d'enfant. Corps massif et puisant allongé dans le lit d'un môme de 17 ans. Corps sauvage d'un animal, corps poilu d'une bête. Corps déchiré par les années. Corps d'une quarantaine d'années ne portant rien d'autre qu'une nudité virile.Contraste entre la noirceur de son poil d'homme et la blancheur de mes draps. Il se redresse de sorte a me faire face, il marche, tremble.

Je pense: C'est idiot presque drôle, il n'a pas hésité a se déshabiller et maintenant il tremblerait presque alors que c'est moi qui devrais trembler. Sous la peau les muscles bougent, les muscles des cuisses surtout.

Je suis ému d'une pensée soudaine: Cette chambre est devenu un autel ou je m'apprête a lui sacrifier ma jeunesse. Il est a quelques centimètres de moi a présent et je n'ai toujours pas parlé ni bougé.

Il me parle. Il dit: Tu es sur ?

Je hoche faiblement la tête. Il caresse mon visage. Les larmes me viennent. Le sacrifice commence. Je sens ses mains sur mon cou, mes épaules, je sens ses mains sur mon torse et le creux de mes reins. Il me jauge, m'évalue.

Peut-être se demande t-il avec qu'elle intensité il faudrait refermer ses bras autour de moi pour me briser ?

Peut-être se pose t-il la question de quelle dose de force il faudrait user pour me mettre en pièces ?

Il caresse mon visage et dit quelque chose que j'oublie. Il caresse mon visage d'adolescent. Ses lèvres effleurent la peau de mon front. Ses lèvres touchent la peau de mes joues. Haleine chaude et humide. Ses lèvres frôlent la commissure de mes lèvres. Je retarde le moment ou nos bouches entreront en contact. Je retarde le moment ou il me faudra lui offrir ma salive et mon haleine. Point de non-retour ou il me faudra ouvrir la bouche pour le laisser entrer.