Le pécheur péché.

Je pêchais tranquillement la carpe. J'étais monté avec une ligne qui aurait pu sortir un U-Boot. Quand mon fil fila à la vitesse d'une étoile filante qui file très vite, je ferrais (du verbe Léo Ferrer) et je sus (du verbe suer) immédiatement que c'était du gros, du lourd. Je ne pouvais même pas mouliner. J'aurais dû lâcher le lancer, bien sûr, mais quel pêcheur abandonne sa prise ? Elle m'entraîna sous l'eau, toujours plus profond. Dans des profondeurs liquides qui lui paraissaient siennes, tant elles m'étaient étrangères. Elle m'entraîna ainsi jusqu'à sa tanière. Quoi ! Vous vous attendiez à un appart bourgeois dans un immeuble haussmannien ?

Et là, je vis, ma prise, c'était une sirène, belle comme une sirène que je ne saurais l'écrire, même avec une antisèche. Elle se mit en tenue d'intérieur, en accrochant sa queue de poison au râtelier de sa grotte pour enfiler une paire de jambes de sirène, enfin, des jambes normales, mais de femmes quand même.

Ce qui se passa ensuite, je ne saurais (du verbe avoir) le dire, car je me suis noyé. Eh, depuis le temps que j'étais sous l'eau, aussi ! Je ne suis pas un homme-grenouille ! De toute façon, je m'en fous, la femme-poisson, n'était pas à mon goût. Et puis, il y a trop d'arêtes.