Le petit dernier (fin)

aile68

Hugo est passé à la maison aujourd'hui. Il voulait savoir si Céline était là. Il en pince toujours pour elle apparemment, il n'avait pas bonne mine. Je lui ai demandé comment il allait, il m'a dit bien. Poussée par la curiosité, je l'ai interrogé sur mes jumelles:

"Les jumelles ont beaucoup changé, avant elles ne juraient que par toi mais maintenant c'est comme si tu n'existais plus...

- Oui, je sais, c'est exactement ça!"

Intriguée, je l'ai invité à entrer. Je voulais en savoir plus pour en finir avec cette intrigue qui ne durait que trop longtemps.

"Assieds-toi Hugo. Est-ce que je peux t'aider?

-Non c'est moi qui vais vous aider, Madame.

- Comment ça?

- Céline et Amandine fréquentent deux garçons, deux mauvais garçons en fait.

- Ah bon? Tu les connais?

- De réputation. Je voulais parler à Céline, lui dire d'arrêter de les voir. Ils n'en veulent qu'à son argent et à celui d'Amandine. Ce sont des racketteurs.

- Mais quel argent? Elles n'ont qu'une maigre somme pour leur dépense du mois.

- Ils savent y faire, croyez-moi! J'espère qu'elles ne vous ont pas volé d'argent encore...

- Non! Je m'en serais aperçue dis-je horrifiée.

Elles les connaissent depuis ton anniversaire, c'est ça? Mais comment se fait-il qu'ils étaient à ta fête?

- Ils sont venus avec des copains que j'avais invités. Je ne savais pas qui ils étaient encore.

- Vous allez tous dans le même collège?

- Non, ils vont au lycée Jean Jaurès.

- Il faut absolument qu'elles cessent de les voir! je commence à être prise de panique, ne sachant quelle idée trouver pour arriver à mes fins.

Et là, je suppose qu'elles sont avec ces voyous!

- J'espère que non... dit-il en hésitant.

- Bon je ne vais pas te retenir plus longtemps. Je suis désolée Hugo, je sais que tu aimes bien Céline.

- Vous inquiétez pas pour moi, Madame. Je serais vous, j'irais chez les gendarmes tout de suite.

- Tu es gentil Hugo, merci!"

Une fois seule, j'appelle sur le portable de Céline. Je tombe sur sa messagerie. Pourquoi ça? Au tour d'Amandine à présent. Messagerie aussi! Ce n'est pas possible! J'imagine le pire! Non, il faut que je me calme. Je tente de les joindre de nouveau, cette fois-ci Amandine répond un peu embêtée:

"Maman?

- Amandine! Est-ce que ça va?

- Ben oui, pourquoi?

- Rentrez tout de suite toi et ta soeur!

- Quoi?Mais pourquoi?

- Je vous expliquerai tout à l'heure!

- Bon, d'accord."

J'espère qu'elle va réussir à convaincre sa soeur. Quand Céline a une idée en tête... Le téléphone sonne, c'est elle!

- Maman? Il n'est pas cinq heures! Pourquoi veut-tu qu'on rentre.

- Je t'en prie Céline, je t'expliquerai tout à l'heure!

(Je ne sais dire que cela, je veux être le plus brève possible)."

Céline bougonne, mais elles viendront toutes les deux, si les deux garçons les laissent partir.

J'ai envie d'appeler les gendarmes, je me rends compte que je n'ai pas les noms de ces voyous. J'aurais dû aller chercher les jumelles moi-même. Je rappelle Amandine qui répond:

"Oui?

- Où êtes-vous? Je viens vous chercher?

- Non, pas la peine! On va prendre le bus.

- Où êtes-vous? je hurle presque.

- Eh! Qu'est-ce qui te prend?

- ça va vous?

- Oui, ça va! répond-elle agacée. On est en ville.

- Avec quelqu'un? A part Amandine, non!

- Rendez-vous à l'Hôtel de Ville!

- Mais ça nous éloigne vachem..."

Je raccroche et file dans ma voiture. C'est mercredi, il y a du monde sur le cours. J'ai envie de griller un feu mais je reste prudente. Je vais me prendre tous les feux! Je conduis, me faufile entre deux voitures, j'aperçois la tour de l'Hôtel de Ville au loin mais je ne suis toujours pas tranquille. Je file tout droit, les filles ne sont pas là! Qu'est-ce qu'elles fabriquent? ça y est! Elles se sont faits racketter! C'est horrible! Ah! Les voilà, apparemment saines et sauves.

"Allez, montez!

- Mais Maman! s'écrie Céline.

- Allez!"

(Je me crois dans une mauvaise série américaine...).

Les filles obtempèrent, se taisent jusqu'à la maison. Une fois le seuil franchi, ma première réaction est de les prendre dans mes bras (encore un mauvais cliché américain!) mais je m'en fiche j'obéis à mon instinct maternel.

- Mais Maman qu'est-ce qui te prend? demande Céline.

- Jurez-moi que vous ne reverrez plus ces garçons!

- Quels garçons? cette fois-ci, c'est Amandine qui prend la parole. Elle, je la crois. Elle est beaucoup moins fourbe que sa soeur.

- Vous n'étiez pas avec les garçons que vous avez rencontrez à l'anniversaire de Hugo?

- Ah Fred et Anthony?

Je vois Céline qui ouvre de grands yeux comme pour dire à sa jumelle de la fermer.

- Qu'est-ce qu'il y a Céline? Tu as quelque chose à cacher?

- Non, non. On était que toutes les deux en ville.

- C'est bien vrai ça? Et vous êtes restées en ville tout l'après-midi avec ce vent?

- On s'est abritées dans les magasins.

Cette fois c'est Amandine qui roule de grands yeux!

- Hugo est venu tout à l'heure. Il m'a tout raconté, je sais tout.

- Tout quoi? s'inquiète mes jumelles.

- Vous méritez deux paires de claques pour m'avoir menti. Céline commence à ouvrir la bouche mais je l'empêche de parler.

- Encore un mot et je vous supprime votre argent de poche à toutes les deux. Je préférais quand vous vous disputiez Hugo. Au moins ça se passait sous mon nez, vous ne me faisiez pas de cachotteries.

- Maman... Nous n'avons plus d'argent depuis deux mois.

- Et comment ça se fait?

- Fred et Anthony s'en servaient pour acheter des cigarettes continue Amandine.

- Et toi Céline, tu ne dis rien?

- C'est vrai Maman. Excuse-nous.

- Pour votre peine, vous n'irez à aucune fête et vous ne sortirez plus qu'avec moi jusqu'à la fin de l'année. Le chapitre est clos.

A ma grande surprise, je les vois monter l'escalier qui mène à leur chambre sans qu'elles ne disent rien.

Je suis heureuse d'avoir été présente lorsque Hugo a sonné à la porte tout à l'heure. Je ne l'appellerai plus jamais "le petit dernier" car désormais je le considère comme quelqu'un de grand, même s'il n'a que quatorze ans. Je m'aperçois qu'en interdisant mes filles d'aller à des fêtes, elles ne fêteraient pas leur anniversaire. Elles s'en souviendront comme ça...








  • Bienvenue dans le monde réel et merci de rappeler que les parents ça sert à quelque chose normalement ! :o)

    · Il y a presque 3 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • Oui, normalement.

      · Il y a presque 3 ans ·
      Coucou plage 300

      aile68

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