Le plombier

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Plombier

Les problèmes de Roby Ney

 

Plombier au chômage, né à Vannes il y a un tiers de siècle sous le signe du verseau, Roby Ney devrait se payer une conduite autre que celle d'un chauffard fouillé, car au vu de la fonte de ses points due à tous ces P.V, c'est sans inverseur enclenché, être bientôt promis à la chute et au panier ou au ballon, voire même à l'écrou, derrière des grilles en acier.

Pareil à un anti-Mandrin, il ne cesse d'être pincé et mené au poste, parfois menottes aux poignets, frisant la mise aux arrêts.

Négligent il abonde sans espoir de réduction, le receveur et le collecteur d'impôts de timbres amendes, grâce à la flopée de papillons qu'il récolte.

Sans évoquer son bouquet de vieux Maroilles fruit d'une longue désertion des bains, son aspect siphonné effraie le miroir confronté à son air éteint de furet coupé.

On le reconnaît à ses implants capillaires en filasse ton corbeau riches en nœuds et en graisse émergeant d'un chapeau de paille troué, à ses lunettes en plastique aux verres rayés obstruant un regard de fou sous traitement posées sur un nez biais en trompette bouchée, à sa bouche sans lèvres cachant ses chicots entartrés masquée par un collier roux et brun parsemé de Chantilly séchée tombant sur le col design de l'habit débraillé protégé par son tablier de porcher griffé en fibres synthétiques au dos serré par des tendeurs, et émaillé de taches en multicouches, couvrant  un jean mixte raidi sans ourlets ni genouillères.

En fidèle pilier du bar de Paul Astre mec lavette et buté, il ne rate jamais un tirage des lotos espérant ainsi ne plus gratter, et sans bol joue ses tuyaux sur des bidets aux belles selles fuyant les victoires.

Sinon au repos il se tient presque à carreau avec Frank son lévrier Flamand et Duravit son griffon teigneux, nuls pour la chasse, mais qui à la pêche sous l'ancien aqueduc du château veillent admirablement sur le flotteur sphérique du câble en corde goudronnée de son chalut modeste de braconnier, tandis qu'il vide son thermos statique de moka calva.

Mais en dehors de collectionner les toupies collées, et suspendues les pieds-de-biche, les ailes de mouches, les queues de cochon encadrées par ceux de carpe et de poissons de la Manche, il fait parfois l'andouille, comme lorsqu'il s'allia avec ses potes d'égout de Thouars : Roca Michel et Paiheux Jacob, (ces deux-là font la paire dans le vol à la tirette) pour chercher au gré des rues arpentées les crosses.

Cela s'achevant face à Mano, maître-chien de la BAC et Hans Groait son berger, qui après savoir esquivé leurs coups de manivelle chromée ou de baïonnette faite d'une barre coupante en fer limé et le jet de quelques mâles tampons,  sortit son pistolet sans cartouches lança des billes en caoutchouc dur et alterna en dégoupillant quelques grenades, faisant déguerpir la bande larmoyante.

Ils s'en tirèrent de peu, échappant à l'angle de la rue de Suez à la prise au collet, aux manchettes, aux points de compression, aux moignons, et aux dégâts des os avec plâtre et béquilles.

Au quotidien il fume trop de joints ou de pipes de résine sans filtres, tout en matant à fond soit du X en amant de kleenex, soit des clips de tubes turques en sol fa genre Duran Sprinckler le gros et d'Akif Stillson le fin, et ces fa de ces chers pantins lui taraudent ses pavillons jaunis.

Chaque samedi, le match de Manchester de la ligue anglaise fini, mélangeant les bouchons sautés de  Veuve-Cliquet sans étiquette, aux pressions des débits de boissons de son petit coin, il dépasse les bornes, boit son seau et accumule une fois la jauge dépassée, les purges abreuvant les cuvettes des toilettes, qui trop plein atteint, débordent jusqu'à l'inondation.

Parfois même en sortant de boîte turbulent, quand le thermomètre est au plus bas, sous la gargouille de la vasque conique, couronnant la fontaine à l'embase de laiton, trônant sur la place de la Garde d'eau, il exhibe en soulageant sa vessie avec culot et sans culotte, son cul ivre souriant, sa rondelle vierge, son simple appareil et ses tétines durcies de ses mamelons velus.

D'après Sylvie Douard, sa voisine à bout qui loge en face de la rue peu huppée des Tricoises, elle l'aurait aperçu depuis l'embrasure de sa fenêtre à croisillons sans rideaux, adhérant telle une ventouse à son siège sans accoudoirs, et qu'entre deux comprimés bullant face à l'écran et la multiprise de coke, il en serait à humer sans frein sa colle, tout en mettant ses coudes sur sa table au trépied à colonnes, seul meuble avec la cuisinette de sa studette, au parquet vitrifié et aux parois repeintes à l'acrylique, aussi immense qu'un placard encastré à chauffe-eau accolé à une cabine de bronzage démontable.

Semblable à un crapaud il dîne sans gaz ni poêle en téflon, enfournant sans set en station allongée sur le pouce et dans son bec oubliant de mastiquer : mimolette, pâtes aux olives, cordon bleu goût lotte, beaux rillons sans crépine, glace citron façon plombières entre deux gâches de marque distributeur, et forêts noires bourrées de calories, le tout arrosé et souvent noyé de bouteilles d'aquavit d'origine Suédoise chouré à l'Inter.

Aujourd'hui c'est la pénurie noire, il ne peut plus pomper ni sa nourrice Nicole Eurtoire, ni son père modèle pourtant si flexibles, qui douchés par ses débordements, les amènent pour le brider, à lui fermer le compteur du liquide, tout en lui sonnant les cloches.

N'arrivant plus à assurer la soudure, il est prêt pour éviter les ponts, à forcer avec dureté le destin façon polar pour piquer quelques plaques dans un coffre, ou même la chaînette en or de sa mère, de façon à être raccord au moins en termes de terme avant que son bail ne passe de vie à trépas.

Il arrive à un tournant, près du Styx  loin de la vie  d'ange prêchée du haut des stalles honnêtes par son curé, un quasi sous pape : l'abbé Nohard de Croix dit le pater adoucisseur de tabernacle, ou celle prônée par l'historique et rigide général en chef des pompiers Otto Géhenne réputé grand faux sceptique.

Afin que la paix qui console soit de retour et le visite à cet embranchement de sa vie si terne, pour le remettre d'équerre et de niveau, lui évitant ce tronçon le plongeant dans le caniveau, et bientôt la mort sœur de l'oubli, il devra ajuster sans temporiser une bâche horizontale de résolutions formant un anti-retour le disconnectant de son passé trouble.

Puis en trombe il devra procéder sans ambages au curage, dégorgement et vidage de ce qui tourne au vice en son for intérieur, faire défection aux effets des mécanismes de ses pires manies, scier l'icône de ses mauvais penchants, décrocher pour passer au broyeur ses néfastes assuétudes, dresser un barrage sanitaire constituant un épaulement devant la facilité, ôter ses gros sabots plombant sa volonté malléable, donner un coup de bélier abattant la porte de son égoïsme, ventiler et aérer ses fâcheuses pensées usées, et blanchir ses faces sombres en les polissant jusqu'à l'éclat.

Ensuite il devra céder aux sirènes du lave-mains puis de la propreté, et puiser dans le réservoir des biographies, pour y lire l'unique exemplaire vie de Leroy Héboque, sous le titre réducteur : Le fait moral concentrique.

Cet ouvrage lui servira de support et de  jonction avec la filière des valeurs à appliquer, lui garantissant les boulons resserrés le déclenchement d'un sort favorable et l'allumage sans étoupe de la lanterne de son indépendance.

Épuré et galvanisé avec un nouvel idéal standard, on pourra lui dire illico presto sans mitiger les contreparties et sans qu'il ne s'avança ni jura : « Là : va beau détendu ouvert encore en rodage sous le cagnard des rayons d'un é atlantique dans l'allée sage des petites joies.

Avant d'offrir en gants immaculés les bagues en platine qui valent vœux , à cette Hélène Kulygane, charmante Lyonnaise élevée aux Lilas, au corps souple délicatement bâti des chevilles fines,  jusqu'aux racines bouclées en passant par des lisses courbes harmonieusement cintrées sans gaine, sous un fourreau à collerette ni manchons, soupe avec elle aux chandelles en mode Saint-Valentin avec coquilles et pomme d'amour au son de Tubular Bells à la clarinette, puis file tes roses asiates.

Tu fondras alors la clef sertie commandant une union sans fuites, pour devenir établi et tôt dans un trois-pièces du gai Berry, parmi les rouges-gorges l'heureux époux soir et matin accouplé en coulisse, qui aime et rit tout en osmose,au moins jusqu'aux noces de porcelaine. »      

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