Le poids du mal (2)

guegueette

"Bonjour je vais m'occuper de vous, suivez moi "

L'homme est brun, un regard dur et semble bizarre. Au ton de sa voix, je ressens que quelque chose est louche mais, à vrai dire, je suis contente d'avoir un peu d'attention d'un médecin. J'emboite le pas sans attendre sans prendre mes affaires et le suis dans le couloir. Il me demande comment je me sens, mal. Je ne sais pas jusqu'où on va mais on change d'annexe, le couloir est froid et terriblement vide. L'on passe une porte qui se rabat, vous savez les portes épaisses qui se bloquent. Il m'invite à entrer dans une pièce, il s'assoit, je m'assoie. Sans changer l'endroit est déprimant, vieillot et spartiate. Deux vielles chaises, un bureau sans rien dessus, les murs d'une tapisserie jaune et tout est vide. 

Il ne parle pas et croise ses mains. Je regarde la petite étiquette sur sa blouse blanche et épaisse. Je n'en remarque aucune. Mon cœur s'accélère et une espèce d'ambiance pesante me pèse alors. Merde, ça sent pas bon tout ça. Je ne dis rien, il me demande comment je me sens. Il n'est pas agité mais me fixe. "Mal, cet endroit est bizzare." Silence soudain. Et sa réponse. 

"C'est peut être parceque c'est le cas."

Je remarque alors une certaine émotion du médecin, qui à un espèce de tatouage mort au vaches sur la main, près du pouce. Il me fixe et l'on discute du tac au tac. Il me tutoie, semble grave et anxieux. Aucune question sur mon état, ni si ça va mal, ni qu'est-ce-que j'ai. Rien. C'est donc cela le service des urgences dans les hôpitaux ? Les circonstances me mettent un doute sur le fait qu'on me prenne au sérieux, je prend mon mal en patience et attends parcequ'il va revenir, ce médecin, il est partis, là.


Quelques minutes de suspense. Qu'est ce que je fou là ? Qu'est ce que c'est que ce bordel ? Mais dans mon état et dans mon mal, je ne fais que obéir sans rien dire. Attente de minute indéterminée, mais une attente courte sous la lumière jaunâtre de la pièce. Je l'observe, elle est petite et il y a une forte odeur de tabac. Les murs sont sales de traces inexpliquées, de chaussure je pense. Je pensais que c'était propre dans les hôpitaux, moi. Le voilà qui revient et on doit aller ailleurs. Je le suis, je passe une autre porte battante et il y a un accueil où il n'y a personne. Pourtant il est tôt. "On y est." qu'il me dit. 

Et les lumières ne sont pas allumées, comme si c'était fermé. Il passe sa main derrière le comptoir et attrape un paquet de tabac avec des feuilles à rouler. Et moi je suis mal, et le médecin pense à fumer sa clope. Rien d'anormal je suis à l'hôpital, après tout, hein. Il est spécial mais je ne juge pas.


Je lui taxe une clope, je me dis que ça va me calmer, mais surtout je me dis qu'on va m'amener prendre l'air car je commence à étouffer de cette ambiance médicale. J'ai besoin d'aller dehors, puisque je me sens mal et que mes poumons on besoin d'air frais. Il n'a pas de filtre pour la cigarette roulée, il me donne un petit carton et je roule. On discute près du comptoir, je suis toujours avec mon short et je me sens terriblement sale. 


Je lui demande si l'on va fumer dehors, mais il me dit qu'ici c'est à la fenêtre qu'on va fumer. Et je le suis, on passe a droite du comptoir et il y a une sale avec une télé et trois vielle chaise avec dossier. Quelque vieux magasine et surtout une fenêtre. Qui s'ouvre avec une clef. Il me dit que je peut fumer là. Et on fume nos clopes là, donc. Ah non, lui ne fume pas. Il me fixe. 


C'est raté pour l'air frais, et je n'ai qu'une envie c'est de me barrer ailleurs. Il fait toujours nuit au dehors et mon corps me fait mal, je me fais violence mais je suis avec un médecin, je suis à l'hôpital arrivée avec les pompiers, en urgence au milieu de la nuit. La situation va s'arranger. J'écrase ma clope de fortune dans le verre en plastique posé sur le rebord, alors qu'il m'a parlé tout le long que je l'ai consommée. Façon de dire. Et ses mots sont bruts, rien de rassurant, je ne comprends pas pourquoi il me surveille. Je n'aime pas fumer cette clope, mais allez savoir pourquoi je n'ai trouvé que cette idée pour qu'on m'accorde de mieux respirer. 


C'est con. 


Il me ramène à l'accueil, c'est à même pas dix mètres de la pièce que je viens de quitter. Une femme est là, elle m'a l'air rassurante et douce, sa voix et douce. "Ne vous inquiétez pas, l'on va s'occuper de vous." 

 

Je lui demande dans combien de temps, car je me sens vraiment mal, là. Mes veines me brûlent, j'ai mal à la tête et j'ai envie de vomir, je me sens désorientée. Je regarde le médecin qui me regarde et me montre la porte battante.


"C'est par là qu'on sort." 


Et il sort sans même me tenir la porte. Je pousse. C'est bloqué. 


Regard à la dame de l'accueil qui à un prénom sur sa blouse blanche. Je lui demande comment on ouvre pour suivre le médecin.


-"Il va venir, détendez vous."

-"Quand? Je me sens mal"

-"Le service n'est pas encore ouvert" .


Je peux crever donc. Mais je suis invitée à me reposer dans la pièce d'en face du comptoir, où le médecin va venir m'aider. Il doit être sept heures du matin, a vrai dire je ne cherche pas d'horloge tant je suis mal. La pièce est la même que toute les autres, il n'y a rien. Un bureau et une table d'examen. Rien aux murs sales, aucun papier sur le bureau, même pas un stylo ni un crayon. Le vide.

Et c'est bien tout ce que je ressens, le vide. Et la dame de l'accueil me dit de m'allonger là, sur la table d'examen qui est collée au mur. Elle viens même me fermer la porte. Elle est avenante, semble à l'écoute.


Semble.S

Si j'avais su.


Je me tors un peu de mal, mais je prend sur moi, j'ai une forte résistance à la douleur interne. Je n'ai pas le choix que de m'en persuader. D'ailleurs ça doit être de l'angoisse. Patience. Patience, une dizaine de minutes et j'entends un homme. 


Mais ça papote alors je sors de la pièce. La dame de l'accueil discute et m'invite à me reposer. Je reste plantée là, peut être que si je m'effondre quelqu'un fera quelque chose ? J'ai beau résister autant que je le peux, lutter, mais ça devient urgent. Elle me dit d'attendre, alors j'attends et retourne dans la pièce.


Et ça continu encore et encore, et à présent je respire fort et mal, je n'en peux plus je sors dans quelques forces que je trouve et viens me tenir au comptoir.


"C'est urgent !"


Je ne sais pas ce qu'il se passe. Mais tout a coup je ne tiens plus. Elle discute avec un pompier en uniforme, rouge et noir, et elle passe un coup de téléphone. Sa y est, on va s'occuper de moi.


Si j'avais su...







  • Le miracle de prendre soin de l'autre est à l'hôpital une utopie aujourd'hui, finir aux urgences psychiatriques c'est flirter avec sa petite mort, celle de l'empathie vs la psychopathie...courage gueguette

    · Il y a plus de 3 ans ·
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    flodeau

    • Vous avez deviné...
      Merci

      · Il y a plus de 3 ans ·
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      guegueette

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