Le Président

Florent Lassale

Tout est vrai. Le 11 septembre a eu lieu un vendredi 13. La terre est plate et les extra-terrestres sont parmi nous. Les grands de ce monde sont des robots ou bien des mutants. Tout est conspiranoia !


CHAPITRE Bêta



Jonh Podesta méditait devant la fenêtre du bureau ovale de la Maison-Blanche, reconstitué dans la résidence secrète du Président à Washington DC . La journée semblait magnifique et le bleu du ciel de la fin d'automne était presque translucide.

Seul un gros porteur à réaction exécutait un épandage de traînée chimique sur la ville, le chemtrail dessinait comme un triangle fumeux dans ce ciel d'azur : le symbole du nouvel ordre mondial gravé dans l'éther au-dessus de Washington.

Il ressentit le gloussement du rire intérieur rempli de la satisfaction de celui qui sait ce qui est caché aux autres.

Il approcha promptement sa main de la table où il partageait une bouteille de scotch en compagnie du Président quand sa main percuta le verre qui se renversa en libérant son contenu sur le cuir ouvragé par la patine de l'usage.

À bout de nerfs John regarda fixement le président et s'exclama dans la spontanéité irrépressible de sa colère.


- Enfin Barack, vous auriez pu prévoir que j'allais renverser ce verre !


Le président affichait l'ombre d'un sourire sur son beau visage à l'élégance des traits coupée à l'image de son costume Karl Lagerfeld.


- Vous ne comprenez pas bien, John, je n'ai pas d'énergie à consacrer à ce genre de détails. Le Don n'est ni un pouvoir absolu, ni une attraction de foire. Ensuite, votre penchant pour l'alcool devient de plus en plus exaspérant. Remarquez que vous avez pour ainsi dire siphonné cette bouteille. Un verre perdu est quelque chose de gagné à ce point.


- Ne m'en tenez pas rigueur, je suis nerveux avec toutes ces histoires. Cette campagne idiote.


- Vous pouvez le dire, le Pizza Gate nous a mis dans un cirque grotesque. Vous sentez, j'imagine que je suis furieux, tout cela est dû à votre négligence, sinon coupable au moins fautive. Assange n'aurait jamais du publier les mails d'Hillary. Cet homme est pour nous imprévisible, nous ne le voyons pas. Tout cela a fait élire Donald Trump.


- Oui, impossible de le comprendre non plus, comme pour vous de le voir. Il est un élément d'incertitude. Nous avons envoyé plusieurs agents, les meilleurs pour….disons, l'effacer. Il échappe, on ne sait comment à touts les pièges.


- Imbécile ! Il a un autre Don, il sait lire lui aussi. 

- Dans l'avenir ?



- Non dans l'esprit humain et dans les machines ! De plus il sait une chose que nous ignorons encore.

- C'est un ennemi déclaré, don ou pas don, il se met sur notre route. Pourquoi a-t-il aidé Trump ?


- Il n'a pas aidé Trump. Il nous empêche de continuer, nous. A ses yeux nous avions acquis trop de puissance. Il sait qu'il faut diviser les précogs, les affaiblir dans la dissension qui est leur nature par inclination. Tous ces ces stupides e-mails, qui racontent sur internet que Michelle est un homme.  Quelle honte. Tout cela par votre grossière balourdise ! My God. Vous avez laissé la porte ouverte à toutes les vulgaires scénarisations conspiratrices.


Le ton du Président avait monté en intensité, son timbre descendant dans les basses à mesure que sa colère montait. Sa main agrippa la bouteille, il la fit voler dans la pièce et l'envoya s'écraser contre le linteau de la cheminée.


Le Président reprit, son beau visage traversé par une sorte d'électrique pulsation, ses yeux intenses :


- Vous avez de la chance que ma colère se confine à cette bouteille. Vous pourriez être cette bouteille, John. Vous avez de la chance. Je sais parce que je l'ai vu dans le futur que vous n'êtes pas volontairement l'auteur de cette bévue. Mais je sais aussi que vous allez mourir d'ici peu. Aussi, n'ai-je pas besoin de vous punir.


- N'est-ce pas me punir que de m'annoncer cela ?


- Je l'avoue, je déteste faire mon Cassandre. Il y a un soupçon de vengeance sadique là-dedans.


John Podesta blêmit. Le Président Obama était un des plus doué parmi les psycho-précogs. Il avait prévu la défaite d'Hillary. La victoire de Trump et bien d'autres choses sans faillir.

Mais il se pouvait qu'il mentît pour l'effrayer. Comment savoir ? La peur le gagnait, il fallait garder son calme. Le contrôle de soi. La mort ne lui faisait pas peur. Rien ne lui faisait peur, pas même la colère de Dieu. Il ne possédait que ce don là lui, comme tout homme mortel standard, de défier le Tout-Puissant dont il était, en outre convaincu de l'existence. Un pacte avec le Diable, voilà où se trouvait toute la source de sa puissance à lui.

Pour autant, puissant, il l'était devenu démesurément.

Mort et damné demain ? Quelle importance. C'était la fin des temps, il en était un principe actif, activiste même.

- Ceci est il une menace ?

- Justement non, John, une précognition. Comment sera soufflé votre chandelle restera un mystère. Comme le veut l'ordre des choses. Aussi, sacrifiez-vous John, pour nous donner les chances de poursuivre notre grand destin. Ramenez-moi Assange. C'est lui la clé !

John regardait le Président. Mon Dieu, qu'il était beau, quelle classe, quelle aisance, quelle grâce. Il lui faisait penser à certaines statues grecques vues au Musée du Louvre à Paris. Il se rendait compte à quel point il l'aimait, le chérissait. Il n'avait pas besoin de cette requête, ni de cette intimidation inutile, aucune prédication lugubre n'entrait dans la balance. En somme, il aurait fait presque n'importe quoi pour lui. Il était amoureux comme une pucelle de cet homme.


- Monsieur le Président. Barack, mon ami, mon très cher ami. Je le ferai car c'est mon devoir.


- Merci John, je n'en attendais pas moins de vous. Merci

Barack lui serra une poignée de main, l'attira contre lui, le prit dans ses bras et l'embrassa sur la joue. Ce qui lui fit courir une onde de plaisir depuis le bras jusqu'à son cœur. Le baiser était comme hollywoodien et sucré.

Quel bonheur de côtoyer cet homme et de se sacrifier pour lui. A présent, le grand homme l'avait lâché et le regardait intensément : le sourire qu'il vénérait s'épanouissait à présent totalement sur le visage à l'élégance de Ferrari du seul Président noir des Etats-Unis d'Amérique.

Il aurait pu pleurer à ce moment. Il espérait mourir en gardant cette image à l'esprit. Il prit congé au moment où ses larmes forçaient les portes du barrage de sa volonté et inondaient ses yeux. La porte se referma sur un homme traversé de la plus grande des passions. Il se souvint d'un passage de Hamlet et fondit en larmes dans le couloir où l'agent de sécurité le toisait avec surprise.




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