Le samedi après-midi

Comme je peux être courge!

En même temps c'est la saison ces cucurbitacées. Pas de raison que j'y échappe.

Samedi après-midi dernier, très exceptionnellement, moi qui d'habitude me terre chez moi afin d'éviter la foule, voilà que je me retrouve à courir chercher des étagères en chêne, des tringles et quelques accessoires pour achever l'emménagement du fiston.

J'ai eu l'impression d'être dans une crèche, un jardin d'enfant, une maternelle. Or, nous n'étions pas dans un magasin de jouets mais dans de grandes surfaces de bricolage.

L'envie de fuir me prenant, je m'isole dans un coin à peu près peinard. Et constate que beaucoup de couples, jeunes, la trentaine, se promènent dans les rayons avec leurs enfants en bas âge, sans rien acheter et sans même faire mine de l'envisager, flânent entre les ampoules et les balayettes à chiottes comme à Bagatelle, nez au vent des vernis, pendant que leurs gosses piaillent tant et plus, se roulent par terre, dévastent les présentoirs des caisses, hurlent de concert et d'exaspération. Il faut dire qu'il y a mieux quand on est môme que de passer son samedi après-midi dans un grand magasin au milieu des caddies géants et des baignoires en expo.

Je peine à comprendre le concept car des gamins j'en ai quatre, que j'ai toujours éviter de les embarquer dans ce genre de plan. Mon mari ou moi les gardions pendant que l'autre se tapait la corvée des courses, aux heures creuses dans la mesure du possible.

Alors je me demande. Ces couples s'enquiquinent-ils tellement qu'ils sont obligés de faire ça? Je veux dire de trimballer leurs gones le W.E dans des commerces inadaptés juste pour dire de sortir? De s'occuper? De trouver un sujet de conversation pour la soirée? Des tours de poussette au centre commercial voisin pour passer le temps parce qu'il n'y a plus de manèges? Malheur! Mais non, rassurez-moi, je dois me tromper.

Je pense dans la foulée aux couples qui dînent rituellement au resto le samedi soir en tête à tête sans échanger un mot, leurs regards égarés errant de la plante en pot de l'angle à la desserte de fromages, l'air triste à mourir, avalant leur assiette dans un silence funeste.

Mince alors, c'est ça la vie de couple? Pffff...Le jour où le mien ressemble à ça, c'est clair que je prends la tangente.

L'ennui est mon pire ennemi. Seule je ne m'ennuie jamais, mais à deux ça peut être atroce et totalement désespérant.

Ou alors c'est qu'il y a un autre truc qu'il faut que je comprenne, que c'est moi qui ait un truc qui cloche, des exigences maritales hors normes, des besoins d'échanges dynamiques, de discussions contradictoires, de partages incessants, passionnants, vivants?