Le serpent de la colère

Concentré de nerfs... 

Concentré de colère.

Révolte contre l'injustice, haine, furie, mauvais délice...

Je suis de ceux qui ne montrent rien ou peu, ceux qui crient en silence, seuls, chez eux. Je suis de ceux chez qui la colère gronde chaque instant, ceux qui la canalisent tant bien que mal, par obligation. Je l'ai laissée exploser deux fois, l'une est un trou noir pour moi, j'avais du sang sur les poings et du monde qui me tenait les bras. Je les compte, ils sont cinq, qu'ai-je fait? J'ai oublié... Les pompiers arrivent, et emmènent un homme amoché. Je réalise que c'est mon oeuvre, ma folie explosive... Elle a fait parler les poings, je sais même pas ce que j'ai fait. Je n'ai pu voir que le résultat, un visage bien amoché...

La seconde fois c'est une histoire stupide, une simple vision de quelqu'un qui m'horripile... Une personne qui n'aurait pas dû se trouver là, je suis parti furieux, éclatant tout sur la route, il valait mieux mon absence, que ma regrettable présence, ma colère mit un froid et gâcha cette soirée, paraît-il... Plusieurs entorses et contusions, un nombre incalculable de coups plus tard, me revoilà chez moi, isolé dans le noir. J'ai brisé tout ce que j'ai pu, briques, phalanges, boites aux lettres... Oui car les arbres et les murs se sont chargé de mes doigts... La nuit ne fut pas reposante, l'adrénaline me maintint éveillé, très tard je m'endormis pour plus tard me lever, les mains couvertes d'ecchymoses et d'hématomes... Heureusement je vivais seul, pas de comptes à rendre. 

Ces deux épisodes peuvent parfois faire peur, je dois reconnaitre qu'ils me font douter, je ne suis pas comme cela à moins d'exploser... Je redoute de le faire en public quand je sais le malaise que ça implique. J'essaie par tous les moyens de le faire taire... Ce vicieux serpent empli de colère, cette horrible bestiole qui en moi veut se dresser, cet affreux animal qui est bien enfermé. Je ne souhaite qu'une chose, qu'il parte sans demander son reste... Malheureusement il a faim de haine, il se nourrit de ce que je le déteste...