Le temps d'une correspondance

menestrel75

il ne s'agit pas de trafic ferroviaire !
Le temps a fait que la réalité des sentiments prend parfois des dimensions totalement différentes,
on envie nos amis lorsqu'on partage des instants de vie où l'on croise des regards complices, des baisers volés,
une main légère, on se tourne et on s'aperçoit que l'autre a oublié avec le temps
que ces petites douceurs, aussi insignifiantes soient-elles, font partie d'une relation à deux.
Alors, avec le temps on regarde, on sourit, on envie et puis comme beaucoup d'autres, « on fait avec »…
Le temps a fait que chacun de nous avons pris des chemins de vie différents,
l'un assume son quotidien,
l'autre le subit en silence,
alors, parfois nos esprits rêvent aux jours passés et regrettent l'amertume des jours présents…
 
Et puis…
Le temps a fait que j'ai laissé mon quotidien de côté le temps d'une échappée virtuelle,
on ne rencontre pas toujours les correspondant(e)s mais parfois entre le monde virtuel et la réalité,
il n'y a qu'un pas, plus facile de traverser une rue et d'aller prendre un café discrètement
ou plus facile d'allumer un ordinateur et d'envoyer des messages ?
Peu importe, l'envie est la même, une bulle d'air, un vent nouveau, un regard différent,
une attention nouvelle avec laquelle l'échange sera de nouveau possible…
Le temps peut faire que cette relation s'étoffe, de correspondances en correspondances,
d'abord des premiers échanges de politesses, des échanges-découvertes pendant lesquels l'un et l'autre apprennent à se connaître,
des échanges rigolos parfois même taquins, des échanges de confidences sur nos vies personnelles et sur nos vies de tous les jours…
 
Le temps fait que, dans nos échanges, un lien se crée naturellement, d'un échange de message tout ce qu'il y a de banal
nous en venons à l'idée d'écrire un texte à quatre mains, tout aussi simplement au fil de l'écriture de ce texte,
on se surprend à être impatient(e) de lire ses messages construisant au fur et à mesure notre histoire textuelle…
 
Le temps fait qu'une complicité naisse, l'envie d'écrire un acte n°2, un acte n°3, 4, un final,
non pas un final parce que cela signifierait que nous n'écrierions plus ensemble,
la fin d'une rencontre textuelle dont ni l'un ni l'autre n'aurions envie …
 
Le temps fait que nos vies prennent des chemins différents, un divorce, un changement de vie, une remise en question, plusieurs mois de silences…
 
Et puis…
Le temps peut faire qu'un beau matin, en ouvrant ses messages il y en ait un de lui, d'elle ; vous vous rappelez lorsque vous étiez adolescents ?
Le cœur qui bat, les mains moites, la douleur dans le bas ventre féminin qui s'émeut, le sexe masculin qui s'agite ?
On laisse son numéro de téléphone, après tout je suis seul(e), il (elle) l'est aussi et puis il (elle) n'a aucune obligation de le prendre et de m'appeler…
Le temps a fait que j'ai cru mourir d'impatience d'avoir une réponse à mon dernier message, occupé(e) par sa vie changeante,
Occupé(e) par le travail, occupé(e) et moi impatient(e) comme à mon premier rendez-vous amoureux
parce que j'avais envie de cette rencontre, envie de savoir si l'alchimie textuelle se ferait aussi dans la vie réelle…
Et puis…
Le temps a fait que la route m'a paru longue pour arriver jusqu'à lui, jusqu'à elle, les dix dernières minutes interminables,
je n'avais pas transpiré autant depuis des lustres, je n'avais pas eu de coup de folie depuis très longtemps… un texto «  j'arrive … ».
 
Le temps a fait que j'avais oublié à quel point c'est doux, chaud, tendre, et émouvant la douceur d'une rencontre,
d'une première fois, d'un premier regard, d'un premier sourire, d'une première caresse,
la magie d'une rencontre et la puissance d'un premier baiser .
 
Et puis…
Le temps fait que mes réveils auprès de lui, d'elle, sont de vrais réveils matin bonheur,
que les balades dans la rue main dans la main sont des moments très agréables,
que ses baisers sont comme des bonbons au goût de miel, que je profite de l'intensité de ce nouveau bonheur le plus simplement du monde…
 
Le temps fait son bonhomme de chemin, guérissant les plaies et les blessures de l'un et de l'autre à coup de nous,
on se regarde en souriant sans dire un mot parce que c'est juste très bon de se regarder sans rien dire,
une main caresse une chevelure de blonde sauvageonne, les boucles d'un brun grisonnant, pendant qu'une autre glisse dans la poche arrière de son jean,
comme des adolescents se promenant dans les rues on oublie qu'autour de nous les autres continuent de vivre…
Et puis…
Le temps fait qu'il, elle a raison : qu'importe si cela ne dure que 6 mois ou 3 ans, qu'importe ce que les autres disent ou pensent,
le bonheur ça ne se programme pas, ça se vit et aujourd'hui on pourrait le vivre à deux.
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