Le tombeau des damnés

Juliet

De ce qu'il restera au-delà du temps

tu ne verras jamais rien que du noir.

L'infection pourrit les blessures d'antan ;

et le futur est si facile à voir.

J'ai traversé la vie en enjambant les cadavres

jusqu'à ce qu'un autre dépouille mon corps,

et j'ai passé l'envie de trouver un nouveau havre ;

les illusions brisées tuent bien plus encore.


Il fallait prendre des mains de ceux qui jouent

les dés pipés de nos âmes et destins.

Il faudrait pendre demain ceux qui n'avouent

que vous êtes morts pour faire leur festin.

Un démon ne te mènera jamais qu'en Enfer

car il ne connaît nul autre endroit,

mais si tu espérais un jour pouvoir l'en défaire

délaisse ce rêve maladroit.


Il y a tant de lettres d'amour sur Terre

qui ont fait des voyages sans retour ;

leurs pensées mères condamnées à se taire

savent que ça ne vaut plus le détour.

Ils font à la fois un combat et leur futur trophée

de ce qui nous avait jusqu'ici soutenus,

pour forcer au lugubre ébat les corps atrophiés

par leurs esprits alors en prison détenus.


A quoi nos vies se sont-elles résumées

de notre premier cri jusqu'au pied dans la tombe ?

Pour quoi nos vies pourraient-elles s'exhumer

condamnées au silence dans le bruit des bombes ?

Les impies qu'ils nous ont forcés à devenir,

c'était pour pouvoir nous condamner à mort.

Ce pouvoir qu'ils se sont permis de détenir

est l'oeuvre d'un péché sans peur ni remords.


Pour nous dire ennemis ils nous ont prétendus diables,

et mené une guerre à sens unique dont l'on est le butin.

Et cet Eden promis qui n'était rien qu'une fable

a conduit Lucifer à devenir le plus damné des mutins.

Il fallait seulement que quelqu'un avoue

que les oiseaux naissent toujours avec des ailes.

Je rêvais juste que quelqu'un se dévoue

et dévoile le visage de Michael.


Il fallait seulement que quelqu'un montre le caveau

des plumes et des pages blanches arrachées.

Il fallait raser l'Enfer et bâtir un renouveau

sur le sol jadis fertile de sang taché.

Peut-être que les Anges ont peur de nous,

comme ici bas les démons crient toujours victoire.

Jusqu'à ce que peut-être un jour les liens se dénouent,

je serai un mort qui raconte des histoires.



(écrit sur un coup de tête le 25 mai 2017)




Signaler ce texte