Le travail

arthur-roubignolle

Le travail


(Proverbe Corse: le travail c'est lassant (té !)).




J'ai toujours été d'accord pour avoir un emploi, mais à la seule condition que celui-ci ne m'oblige pas à travailler...

J'ai horreur du travail, rien que de prononcer ce nom ça me fatigue.

Je suis littéralement épuisé lorsque je pense à ces milliards de personnes qui sont obligés « d'aller au travail ».

Car non seulement le travail est épuisant en lui-même, mais en plus il faut aller le chercher...

C'est pourquoi j'ai bien des fois attendu tranquillement chez moi que le travail arrive.

Et, s'il était venu, nous aurions pris un thé ensemble et j'aurai envisagé avec lui si ce qu'il me proposait me convenait...


Mais le travail, c'te feignasse ! Ne se déplace jamais!

Il reste là ou il est, têtu, obstiné, forçant les gens à aller vers lui.

C'est un dictateur qui veut soumettre les gens à sa volonté, sans savoir s' ils ont envie ou non de travailler.

J'ai donc été obligé moi aussi de « chercher » du travail, avec des millions d'autres, qui voulaient la même place que moi, les fumiers !

C'est tout juste si nous n'en serions pas venus aux mains...

Impitoyable combat pour survivre, pour faire son trou dans un monde livré à un labeur insensé et permanent.


Pourtant, très tôt j'ai su (sué?) subodoré que si les gens restaient tranquillement chez eux, il n'y aurait pas tous ces problèmes dans le monde, chômage, misère, guerres, crises...

Malheurs qui proviennent essentiellement du travail.

Mais oui, farpaitement! Il n'est qu'à voir comme les sociétés paresseuses sont les plus tranquilles et les plus pacifiques du monde pour en être convaincu.

Hélas, l'on détruit ces sociétés heureuses en forçant ses  bienheureux membres à travailler...

Même les Corses se sont mis à bosser !

Bientôt, la Terre entière sera maudite !

La traque aux paresseux est lancée, il faut qu'ils disparaissent tous jusqu'au dernier et deviennent eux aussi des « travailleurs », comme tout le monde...


Tout est travail dans nos sociétés.

A un petit enfant, l'on demande déjà : « Alors, as-tu bien travaillé à l'école ? »

Puis, à peine est-il sorti de l'enfance qu'on le presse aussitôt de « penser au travail qu'il fera plus tard »...

Ce qui crée forcément chez lui une angoisse préjudiciable a son futur bonheur... D'autant plus qu'on lui serine en même temps qu'il n'est point de salut hors du travail.

A une femme qui accouche, l'on dit : Madame, le « travail » a commencé !

Si vous allez mal, les gens diront :  Il faut que tu fasses un « travail » sur toi ! 

Si un de vos proches meurt, il faut : Faire son « travail » de deuil ! 

Lorsqu'on a un travail, c'est angoissant car cela implique des responsabilités et des contraintes dont on se serait bien passé...

Et lorsqu'on en a pas, c'est angoissant aussi car on se demande comment on va payer ses factures. Ces factures sont-elles bien nécessaires d'ailleurs puisqu'elles servent à payer le travail d'autres personnes...? Finalement, en payant nos factures on force de pauvres gens à aller au travail...

Et quand un travailleur arrive à l'âge de la retraite, il est angoissé à l'idée de ne plus savoir comment occuper ses journées, en plus il perd ses relations de travail et se retrouve  TOUT seul, ou ALORS avec d'autres retraités qui sont dans le même cas que lui, ET ce  n'est pas très gai des retraités désœuvrés ensemble. Qui n'ont jamais rien connu d'autre que le travail.

Ils n'ont rien à se dire, à part leurs souvenirs inintéressants de travail...

Finalement, la seule chance d'être débarrassé un jour du travail, c'est d'avoir un jour un accident du travail.

Mais cette chance n'est pas offerte à tout le monde...


Alors bien sur, il y a des héritiers dont le seul travail consiste à jeter un coup d'œil de temps en temps sur leurs actions et qui mènent la bonne vie...


J'espère que ces personnes sont reconnaissantes vis à vis de leurs parents, qui, à force d'un travail acharné ont réussit à monter de grosses affaires qui permettent à leurs enfants de ne pas travailler...


Car, et voilà un des paradoxes honteux du travail, pour ne plus travailler, il faut s'enrichir, mais pour s'enrichir il faut faire travailler les autres. Conclusion: les riches sont des feignants qui passent leur temps à essayer de mettre au turbin d'autres feignants qui ne sont pas assez malins pour faire bosser les autres à leur place!


Et il n'y a absolument aucun moyen de sortir du travail, devenir voleur n'est pas non plus une solution, car cela demande un certain travail aussi

Et en cas d'arrestation, il faudra de toute façon bosser en prison...


A cause du travail, le monde entier court à sa perdition.

Partout sur cette planète on construit des routes, des ponts, on perce les montagnes, on fabrique des usines, on produit des automobiles, on détourne des fleuves pour faire de l'électricité, on arase des forêts pour en faire des champs, on engraisse des millions d'animaux, on vide la mer de ses poissons, et tout ça pour nourrir les travailleurs !

Alors qu'un feignant consomme très peu en fin de compte...

Les gens s'entassent par millions dans les villes pour venir y chercher du travail, rien ne s'arrête jamais, nuits et jours ça travaille, ça bosse, ça trime, ça œuvre, ça produit, ça s'affaire, ça besogne, ça s'active, ça turbine...

Elle est où la société des loisirs ?

Elle est où cette société ou l'homme devait être libéré du travail par les machines ?

Les gens, dont la raison est probablement atteinte par excès de travail, élisent même des politiciens qui disent : « Il  faut travailler plus pour gagner plus ! »


Il est clair que les travailleurs représentent une menace pour le monde et la civilisation en général...

L'on doit s'en débarrasser !

Mon objectif consistera donc désormais à éliminer le plus possible de travailleurs, ce par tous les moyens possibles, poison, armes blanches, armes de guerres, explosifs...

Je me met au travail dès demain...

Oups !

Pitié non, pas le travail !










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