l'eau précieuse

My Martin

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D'après un article du journal "Le Monde". 5 avril 2024. Pierre Barthélémy 

Exposition au musée du quai Branly - Jacques Chirac 

Steve Bourget et Fabienne de Pierrebourg, archéologues. Commissaires scientifiques de l'exposition 

 

 

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Steve Bourget. 5e siècle avant J.-C. Les Mexicas sont des migrants venus du nord du Mexique  

Leur nom "Mexicas" apparaît dans les codex (manuscrits des Indiens de Méso-Amérique), de l'époque  

 

Le terme "Aztèques" est apparu en Allemagne au 19e siècle (Alexander von Humboldt 1769-1859), en référence à la ville d'Aztlan ("lieu de la blancheur", "lieu des aigrettes"), dont ce peuple était censé être originaire. Site non localisé 

 

1345. Les Mexicas s'établissent sur l'une des îles d'une zone marécageuse (lac Texcoco) qui deviendra Tenochtitlan ("près du figuier de Barbarie", en langue nahuatl) 

Gigantesques travaux de drainage, de terrassement. La ville croîtra, jusqu'à atteindre deux cent mille habitants. L'une des plus grandes villes du monde  

Les Mexicas créent des zones agricoles et progressivement, s'étendent dans la Méso-Amérique 

 

Ils se mesurent aux ethnies voisines et les soumettent par la conquête militaire 

 

 

L'empire se développe, dont le Templo Mayor (pyramide à degrés) est le centre cosmologique, géographique et symbolique -fouilles archéologiques, depuis le 21 février 1978. Découverte fortuite, lors de travaux 

 

Le Templo Mayor se situe au cœur d'une vaste enceinte cérémonielle, comprenant des dizaines de temples 

 

Fabienne de Pierrebourg. Depuis quarante-cinq ans, les fouilles ont dégagé plus de deux cents offrandes, étudiées par les scientifiques de plusieurs disciplines 

 

Des cosmogrammes, des univers en réduction 

 

 

Les racines de la cosmologie s'enfoncent profondément dans le passé de la région 

 

Alfredo Lopez Austin 1936-2021, historien mexicain. Elles remontent au 3e millénaire avant J.-C., à la sédentarisation de nomades devenus agriculteurs (culture du maïs)  

 

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Prépondérante dans la Méso-Amérique préhispanique (avant 1519, Hernan Cortés), la vision du monde divise l'Univers en trois strates 

 

Première strate, céleste. Les oiseaux. L'aigle, le Soleil, la chaleur, la sécheresse. La masculinité 

Huitzilopochtli ("colibri de gauche, "guerrier ressuscité"). Emplumé, lourdement armé. Le dieu du Soleil et de la guerre 

 

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Deuxième strate. La surface de la Terre. Les humains, les plantes, la plupart des animaux 

 

 

Troisième strate. L'inframonde souterrain. Froid, humide, faible, sombre. Féminin 

Deux sous-espaces 

 

Le domaine de Tlaloc ("celui qui fait ruisseler", "celui qui sème"). Le dieu de la terre et de la pluie  

La fertilité  

La base de l'alimentation, le maïs  

En ce lieu germent les graines, qui nourrissent les humains 

 

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Mictlan. Le lieu des morts. Mictlantecuhtli ("le seigneur du Mictlan") 

Il est représenté par une céramique de 1,80 mètre de hauteur, découverte dans la maison des Aigles, à proximité du Templo Mayor  

 

Des mèches de cheveux naturels sortaient des multiples trous qui perforent le crâne 

Visage décharné  

Semi-squelettique  

Côtes apparentes 

Du thorax pend le foie (le centre des passions, des sentiments, de la vigueur physique) 

 

Levées vers le spectateur, penchées en avant, les mains griffues  

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La jarre d'eau / le brasier 

Le jaguar (habitudes crépusculaires, associé à l'inframonde) / l'aigle 

Les pierres vertes ou la turquoise, couleur d'eau / l'or 

L'obsidienne, noire et froide / le silex clair, d'où jaillissent les étincelles 

 

Dualité universelle 

La vie et la mort incarnent deux pôles complémentaires, plutôt qu'opposés, de la création, de l'existence humaine 

 

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Une sculpture de Quetzalcoatl ("oiseau" / "serpent ou jumeau"), le serpent à plumes  

 

Sous sa forme humaine, il unit en lui 

l'oiseau, de la strate céleste 

le serpent, de l'inframonde 

 

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Une figurine, au visage coupé en deux 

d'un côté, Tlaloc, dieu de l'eau 

de l'autre, un être humain 

 

 

Entre les dieux et les humains existe une réciprocité, une collaboration  

Pour s'attirer les bonnes grâces des divinités, les humains font des offrandes 

 

La société est agraire ; l'angoisse, manquer d'eau pour les cultures 

 

Fabienne de Pierrebourg. Les hommes ont une dette envers les dieux. Pour créer le Soleil (l'âge, le temps) et mettre l'Univers en mouvement, les dieux se suicident 

Ils se jettent dans un brasier. Ils donnent leur sang ("l'eau précieuse", en nahuatl) 

 

Assurer la marche du Soleil, lui permettre de continuer à exister, le nourrir par les sacrifices 

 

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Les offrandes prennent différentes formes  

Aliments, fleurs, plumes, objets (des sculptures représentant les dieux, enterrées dans des coffres de pierre) 

 

Le sacrifice. Animal. Humain 

 

Fréquent, l'auto-sacrifice. À l'aide d'un poinçon en os, d'une épine de cactus, d'un rasoir. Se faire saigner. Se percer. Langue, nez, sexe, ... 

 

Le sang. La nourriture, à laquelle les dieux accordent le plus haut prix 

 

 

Dans les offrandes du Templo Mayor, plus de cinq cents espèces animales sont représentées  

Poissons, reptiles, coquillages, escargots 

Mammifères, loups, pumas. Oiseaux 

 

Les animaux proviennent de tout l'empire. Certains amenés vivants, conservés dans des vivariums 

Pour communiquer avec les dieux, chaque animal possède sa symbolique, sa fonction  

 

Des parures martiales équipent des prédateurs 

Des faucons sont revêtus d'une mini-armure en or (bouclier, pectoral, brassards, grelots, ...) 

 

 

Les sacrifices humains, sont présents chez d'autres peuples (ainsi les Mayas, à partir du 2e millénaire avant J. -C.)  

 

Fabienne de Pierrebourg. Dans l'enceinte du Templo Mayor, 1 500 humains sacrifiés ont été localisés 

Même si l'on double ou triple ce chiffre, on n'atteint pas les 80 000 sacrifices humains en quatre jours. Cités dans certaines sources, postérieures à la conquête espagnole (1519-1521) 

 

De nombreux sacrifiés sont des prisonniers de guerre. Les Mexicas pratiquent des guerres de capture. Sur le champ de bataille, il ne s'agit pas d'anéantir le maximum de combattants ennemis, comme en Europe 

Ramener des captifs, pour les offrir aux dieux 

 

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Le sacrifié est allongé sur une large pierre 

Pour ouvrir la cage thoracique, un couteau tranchant 

Dans une vasque, recueillir le sang et le cœur  

 

 

2005. Le squelette d'un enfant de cinq ans 

Sacrifié en l'honneur de Huitzilopochtli, le dieu tribal qui a conduit les Mexicas au cours de leurs migrations. Le dieu des valeurs guerrières 

 

Comme Huitzilopochtli, l'enfant est paré d'ailes d'épervier, d'un pectoral, d'un bouclier 

 

 

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1325-1521. Pendant deux siècles, l'empire mexica domine la région 

La Triple Alliance domine la vallée de Mexico et étend son pouvoir jusqu'aux rives du golfe du Mexique et du Pacifique. Six millions d'habitants 

 

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508 soldats, 109 marins, 16 chevaux, 10 canons 

 

1519-1521. Sous l'autorité d'Hernan Cortés 1485-1547 

né en 1485 à Medellín (Estrémadure) et mort le 2 décembre 1547, près de Séville (Andalousie) 

 

les Espagnols s'emparent de l'Empire mexica 

  

Tenochtitlan. Canonnade. La cité est détruite 

  

1524. Sur le site de l'ancienne capitale, Hernan Cortés fonde la ville de Mexico 


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