L'empreinte du passé

athenais

Une jeune femme retourne dans sa maison d'enfance. Nous la découvrons confrontée à ses souvenirs, empreinte de nostalgie. Elle expose ses sentiments, se remémorant son dernier souvenir avec sa mère.

J'avançais jusqu'au bout du couloir, les battements de mon cœur résonnaient au creux de mon âme. Je fis un pas de plus, tendis la main vers la porte et la posait sur la poignée. Elle était froide, son contact me fit un petit choc. Je pris une grande inspiration, vrillais le poignet et entrais dans la pièce. Tout était resté comme dans mes souvenirs, je fermais les yeux. Tout était clair dans mon esprit, à droite se trouvait mon petit lit d'enfant, recouvert de mon édredon favori, il était fleuri et respirait le printemps. J'avançais, la vision toujours neutralisée, le chemin se traçait dans ma tête. Je fis sept petits pas, un demi tour et, me penchant en arrière, je me laissais tomber. Comme dans mes souvenirs, il était là pour me rattraper. Je me blottis dans les draps, ils embaumaient la pièce d'une douce fraîcheur malgré tout ce temps, peut-être n'était-ce que ma mémoire qui me jouait des tours. Je saisis une peluche, l'approcha de mon visage. Je respirais lentement, longuement, sûre de l'odeur qui allait s'emparer de mes narines. Je la voyais, se glisser dans ma chambre discrètement, me saisir dans ses bras par surprise. Et, découvrant son visage lumineux je laissais aussitôt tomber mon jouet si précieux. Dans une de ses mains trônait une jolie peluche rose, c'était une petite princesse couronnée, mon prénom était cousu sur sa robe. La petite fille que j'étais s'émerveillait devant ce cadeau inattendu. Reconnaissante, je me blottissais un peu plus dans les bras de cette femme. Elle représentait tant pour moi, déjà à cette époque, elle était celle qui m'avait construite, qui m'avait relevée à chaque chute, qui m'avait soignée à chaque blessure. Je me replongeais dans cet instant, je me revoyais enlacer son cou de mes petits bras, et déposer ma tête au creux de son épaule. Tout à coup, une odeur revint du passé. Elle m'entoura lentement, m'enveloppant presque entièrement. C'était un mélange de fleur, un doux métissage d'arômes estivales, frais et puissant. Je sentais à nouveau la sensation de sa peau, douce, lisse, caressant lentement mon dos, avec toute l'affection qu'une mère pourrait avoir pour son enfant. Me détachant un peu de son emprise, je saisissais son visage entre mes petites mains. Sa peau était douce, délicate et pâle comme de la porcelaine. Quelques tâches de rousseur trônaient sur celle-ci. Mes doigts suivaient leur chemin, ce qui la faisait rire, d'un rire léger et délicat qui tintait dans l'air comme une petite clochette. Je l'observais minutieusement, tentant de graver son visage à jamais dans mon esprit. Quelques petites rides maquillaient sa peau. Certaines étaient cachées au creux de ses yeux, d'autres aux coins de ses lèvres. Elle était éblouissante. Ses doux cheveux retombaient doucement sur ses épaules en quelques petites vagues. J'aurai voulu la garder près de moi pour toujours, j'aurai aimé que ce moment se poursuive à jamais. Quelque chose d'humide chuta soudain sur ma jambe, m'arrachant à cet instant de nostalgie, ce dernier moment privilégié avec ma mère. Cette sensation me ramena rapidement à la réalité. Je rouvris les yeux. Une perle pleine de sentiments venait de s'écraser contre ma peau. La nostalgie s'était emparée de moi sans même que je ne m'en rende compte. Je sentis un vent de fraîcheur me caresser le visage. Mes cheveux vinrent se coller sur mes paupières humides. J'inspirais lentement, tentant de remettre mes esprits en place. Je me leva et me rendis vers la fenêtre. Elle était légèrement ouverte et le vent qui venait de se lever, s'était glissé à l'intérieur de la pièce. Je l'ouvris plus grandement afin de pouvoir glisser ma tête à l'extérieur. La brise noyait mon visage, elle faisait sortir des larmes de mes yeux. L'horizon était clair, le ciel était teinté de rose, de bleu, le soleil descendait lentement derrière les arbres. La petite balançoire qui avait bercé mon enfance trônait toujours au milieu de notre ancien jardin. Je me vis de nouveau, regardant vers les cieux, les pieds balançant dans le vide au rythme de mon assise mobile. Je refermais doucement la porte de la demeure, mon âme empreinte de nostalgie. L'odeur de cette femme si chère à mon cœur était toujours inscrite dans mon esprit. Je me concentrais, faisant tout mon possible pour la garder en mémoire. Je m'éloignais, tournant le dos à mon enfance heureuse, et à tous ces souvenirs si précieux.

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