L'enfance

Loxias

Un enfant et un trou


Dans le mur il y a un trou. Timothée regarde à l'intérieur. Tout commence par un trou, et je ne crois pas que ce jour-là, comme on le dit, Timothée fit une erreur.


Un trou dans un mur quand même. Et si profond que Tim n'en voit pas le bout. Et dans ce salon si bien décoré, un trou ?! Bien circulaire, de la taille d'un frisbee. Bien droit et rectiligne.


Pour un adulte, l'affaire est entendue. L'adulte sort sereinement de la pièce, quoique pétrie d'une fierté toute enfantine, aristocratiquement dissimulée, contourne le mur, sort de la maison s'il faut, bref, remonte le filon.


L'enfant lui, ne quitte pas les lieux, assume son rôle ou la situation. Il ne se dérobe pas, il fait partie du traquenard. En cela sa naïveté lui permet de rester scientifiquement dans l'expérience.


Timothée est curieux, vif, et impatient. Il jette dans le trou (devrait-on l'appeler tunnel ?) différents minis-projectiles. D'abord des boulettes de papiers, puis un crayon, puis l'amusement passé, pressé par un engouement avec lequel les adultes doivent constamment lutter, file chercher la boîte à couture de sa mère.


Les précieuses bobines de fil l'attendent avec ferveur.


SilverJack brille une fois de plus par son stoïcisme. Même devant la plus périlleuse des missions, on ne l'a jamais vu laisser échapper ne serait-ce qu'une micro-expression de son dur et bienveillant visage.


Son héros bien attaché au fil blanc, Timothée déroule la bobine. SilverJack va explorer le trou pour lui, aussi se hâte-t-il lentement.


On ne sait plus savourer.

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