l'enfant et la mort

mada

26 les morts étaient vivants on leur rendait visite

les morts étaient vivants on leur rendait visite leur offrant l'enfance en couronne de roses de sa première communion dans la robe blanche à plis religieuse on croyait au ciel sans la terre quant on embrassait en se bousculant "c'est moi la première.." l'image sépia sous verre bombe le vase d'impatiences couvert de crépon de la fête saint gimer ou le bouquet de mariage fleurissait la tombe de ces perpétuels invités à nos vies... mais des baptêmes on croquait les dragées en montant l'estaminet... enfant les vivants et les morts étaient sans différence le cimetière de la cité avant un petit carré enfants morts du croup de la polio de la tuberculose avec les offrandes en céramique blanche les angelots et des jouets presque vrais en perles blanches que je volais pour des bracelets. visite rituelle dimanche jeudi jour de pluie..

deux par deux les enfants de la paroisse se tenant la main portant fleurs blanches enterraient leur camarade noyés dans l'aude ou le fresquel échappés à la garde des parents ou ado pour faire des cascades qui épataient les copains du toujours plus haut... c'était un jeu et ma mère en profitait pour nous tenir en courte laisse et comme barbe-bleue tenait dans ses poches toutes les clefs des serrures de la maison

plus grande le romantisme du suicide...comme ça on l'appelait. le pas de vivre.. mais en vrai alors que moi je mettais de l'encre de chine rouge pour saigner mes poignets en pas vrai

plus tard dans les échappées de la mer des jeux de plongeons en roulis dans la vague pour mourir avec elle et puis les années voitures..quand les mots dérapent dans nos coeurs au coeur quand nos quatre cent coups amputent des morts nos rires... quand la vie se mélange dans les larmes

et des 20 ans qui s'éteignent à jamais dans la peau


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