Les animaux dénaturés*
Hervé Lénervé
Attention, mes fiches de lecture dévoilent souvent l'intrigue du bouquin, si vous désirez le lire ne me lisez pas.
Vercors part du constat que la définition légale de l'être humain n'existe pas, car les grands simiens, si proche de nous, le sont, cependant, de trop loin, pour que l'on soit obligé de se définir en tant qu'Homme.
Donc, son premier stratagème, que j'appelle : « First Stratagem » est de créer une race intermédiaire, ce chaînon manquant entre les grands singes et nous. Il les appelle les « Tropis ». A la découverte, par les Sociétés, de peuplades de Tropis, se pose un problème de reconnaissance. Seront-ils reconnus comme des animaux et dans ce cas exploitables par les Sociétés, sans contrepartie autre, que de les nourrir pour préserver leur force de travail. Ou reconnus comme humains avec les mêmes droits que ses cousins.
Cette question qui pourrait paraître simple, devient très complexe, car la définition de l'Homme n'existe pas réellement.
La question philosophique est de savoir exactement ce qui différencie l'animal de l'être humain.
On a dit, le rire est le propre de l'homme. Faux ! Des singes rient à des situations cocasses. (Cocasses pour eux, un fruit tombant sur la tête d'un congénère déclenche l'hilarité dans la communauté, s'il n'est pas tombé sur la gueule d'un dominant, où là, tout le monde ferme sa gueule ou rit sous cape. Si ce n'est pas une pratique, humaine, ça !
On a dit, l'animal n'a pas une conscience net de son existence, de son ego. Faux ! Si on peint une tâche sur la joue d'un chimpanzé et qu'on lui présente un miroir. Il touchera sa joue et non la glace. Il a donc une image mentale de sa représentation physique en tant qu'être.
Par contre, les animaux peuvent souffrir et se laisser dépérir après un deuil, mais aucun grand singe ne se jettera du haut d'une falaise. Finalement, l'acte de s'autodétruire, serait peut-être le seul véritable signe distinctif propre à l'humanité. (Toutes prophéties de ma part seraient fortuites.)
Que n'a-t-on pas dit encore, sur les différences entre la gente animale avec celle des êtres humains**, mais revenons au bouquin.
Pour obliger les autorités à statuer sur une définition sans ambiguïté de l'humain, le héros du livre va utiliser un second stratagème, que j'appelle : « Second Stratagem ». Il va inséminer artificiellement avec son propre sperme une guenon ou une femme, Tropis, (selon l'appartenance dans laquelle vous les classez). Les espèces n'étant pas hybrides, un nouveau-né, métissé naîtra. Ensuite, il va tuer le nourrisson et se dénoncer pour infanticide. (N'est-ce pas une tragédie alambiquée dans la grande lignée de la mythologie grecque, tout ça ?)
Si la Justice le reconnait coupable d'assassinat, l'espèce des Tropis sera reconnue telle qu'assimilée à l'homme et en aurait (utilisons, quand même, le conditionnel) les mêmes droits.
S'il est acquitté, les Tropis sont condamnés à l'esclavagisme.
La fin du livre se situe dans cette perspective ambivalente. Je ne vous dévoilerai pas la fin, quand même, pour laisser un peu de suspens, j'en ai déjà trop dit.
*Le titre des « Animaux dénaturé » ne se rapporte pas aux Tropis qui sont restés, à fond la caisse, dans le règne des lois naturelles, mais à l'homme qui s'en est éloigné, puis coupé, puis perdu.
**Pour certains philosophes, d'obédience religieuse, la différence entre animaux et êtres humains, serait de posséder une faculté symbolique à retrouver des traces de croyances. Traces visibles dans leurs peintures de chasses et dans l'adoration d'une entité supérieure dans leurs rituels. Ces traces seraient la marque d'une humanité naissante.
Bonne lecture ! Pour ceux qui n'aimeraient pas la philosophie, que j'ai appelée : « philosophy », passer votre chemin.
Je suis d'accord avec Arthur. Hitler voulait créer l'homme à son idée, la race arienne. Hitler se vantait de se calquer sur le modèle de la nature pour laquelle il avait une admiration sans nom. Hitler était athé puisque forcément, il se prenait lui même pour un dieu (en quelque sorte). Résultat, une avancée immense de la technologie et de la communication en moins de 15 ans et 60 millions de morts en moins de cinq ans. What else ? .... Les pandas présidents, les pandas présidents ! :o)
· Il y a presque 6 ans ·daniel-m
Méfions-nous des apparences. Les pandas débonnaires ont mauvais caractère. :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
quand les humains comprendront qu'ils sont des animaux il deviendront plus humains
· Il y a presque 6 ans ·arthur-roubignolle
peut-être, du moins espérons-le. :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
Sans son égocentrisme on eut vite fait le tour de l'homme !
· Il y a presque 6 ans ·Merci, je le mets dans mes tablettes.
Voir le film Man to man: en 1870 un anthropologue ramène un couple de pygmées d'Afrique pensant avoir trouvé Lcm et toute la question se pose animal ou humain ?
dechainons-nous
Les colons d'Amériques considéraient les peaux rouges comme des animaux, alors que les traces d'une civilisation nomade étaient manifestes. :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
Oui je me rappelle aussi d'un excellent film : Un homme nommé cheval" Là ce sont des peaux rouges qui avaient pris L'homme blanc pour un animal :)
· Il y a presque 6 ans ·Quelle que soit la couleur un homme sera toujours dangereux pour lui même !
dechainons-nous
... et pour la femme, aussi :o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé
Hi hi !
· Il y a presque 6 ans ·dechainons-nous
Ce que l'on commence à savoir c'est qu'on ne sait pas grand chose sur les "animaux".
· Il y a presque 6 ans ·yl5
Certes, mais plus que sur les êtres humains, car on n’a pas le droit de tout expérimenter sur ces derniers, dommage ! ;o))
· Il y a presque 6 ans ·Hervé Lénervé