Les enquêtes d’Hercule Foireaux (40)

Hervé Lénervé

Foireaux foire son enquête.

Description : scène du crime avant le crime.

Dans un bateau privé, un yacht de trente mètres. Mais on s'en fout, cela aurait pu être dans l'appartement de trois mètres d'une HLM, ou n'importe où ailleurs, chez n'importe qui d'ailleurs, mais pas chez moi… merci !

-         Chérie ! Tu as tes règles ? C'est quoi tout ce sang, partout ?

Erratum : finalement, au temps pour moi et non comme on écrit souvent à tort, autant en emporte le vent, la scène se situe après le crime… Enfin, je le déduis, du moins, de « tout ce sang partout », de plus, que la Chérie était ménopausée depuis la guerre du Golfe et du fait, qu'il faut bien un macchabée dans une histoire policière, aussi.

 Parce que, moi, honnêtement, je n'ai pas lu la suite, vu que je ne l'ai pas encore écrite, alors, sincèrement ce qui va bien pouvoir arriver ensuite ? Aucune idée, c'est mystère et boules de pomme, pour tous. Mais poursuivons, en suivant les traces de sang, on verra bien.

La piste mène le mari, jusqu'à la porte close de la salle de bain.

-         Chérie, tu es là ! Ça va ?

Pas de réponse.

-         Chérie, réponds-moi, je vais entrer !

Cet homme est un gentleman, il n'entre jamais dans une pièce intime sans frapper… à la porte, voyons… pas sur sa femme, quand même, quoique ! Pourtant, ce jour, voyez-vous, c'est comme s'il avait un sombre pressentiment, il entrebâille la porte à reculons, ce qui n'est pas évident,  comme s'il redoutait d'y voir ce qu'il craint d'y trouver… une horreur.

Il n'est pas déçu ! Sa femme est bien là, dans la salle de bain, enfin en partie seulement… en plusieurs parties, même. Une sorte de parti pris, en somme.

Une jambe ici, il la reconnait, c'est celle de sa femme, c'est sa jambe à cause des varices, une main, là, grâce à sa bague, une tête, plus loin, oui, c'est sa tête, alouette, à cause de la ressemblance. Bref, elle est bien là, sa femme, mais il en manque un peu.

***

-         Qu'en penses-tu, Hercule ?

-         De quoi ?

-         Du crime, voyons ?

-         Ah, oui le crime ! Excuse-moi, je pensais à autre chose. Qu'est-ce que j'ai bien pu bouffer, hier soir, moi ? Ah, cette putain de mémoire !

-         Ça, je ne sais pas, mais pour notre affaire ?

-         Sale histoire ! sale histoire ! On n'a toujours pas retrouvé tous les morceaux manquants ?

-         Non, on est en train de reconstituer le puzzle pour énumérer les trous. A se demander s'ils n'ont pas été mangés, car ce sont les meilleurs morceaux ?

-         Mais, c'est bien sûr !

-         Quoi, donc, dis ?

-         Du boudin ! j'ai mangé du boudin aux pommes, hier soir, ça y est, je me souviens, pas assez cuit, d'ailleurs, c'est la raison de mes aigreurs d'estomac ! Bien joué, j'ai trouvé !

-         Ok, mais pour… tu sais quoi ?

-         Ah, ça, c'n'est pas facile, pas élémentaire mon cher Dupont ! Eh, ce n'est pas ma faute, si tes parents s'appellent Dupont.

-         Mes grands-parents aussi, en fait, on est une famille entière de Dupont.

-         J'avais bien aimé le film « Dupont, la joie » C'est un peu daté maintenant, certes, un peu caricatural dans le manichéisme, aussi, mais la petite violée, strangulée, pas torturée, quel dommage… Avait un beau cul !

-         Boisset ne fait pas toujours dans la subtilité, mais je te le concède, un film à voir, nonobstant ! Alors ?

-         Alors, alors ! T'es bon, toi, il faut bien que j'entretienne le suspens, non ?

-         Là, je crois que c'est bon, c'est bien entretenu, tu peux y aller carrément, maintenant.

-         Tu veux que je parte ?

-         Putain, t'es pas vif, ce matin ! Non, je veux que tu me dises qui a tué ? Où sont les derniers morceaux et qui va nettoyer le bordel dans la salle de bain ?

-         Aucune idée ! A part pour le nettoyage, ce ne sera pas moi ! Ou bien, il faut me donner le même salaire qu'une femme de ménage en plus de mes honoraires habituels. Eh, je ne suis pas le factotum de service, merde, à la fin !

-         Je verrai avec la caisse noire secrète de la gendarmerie, si c'est possible, allez accouche !

-         Mais, je ne suis même pas enceint !

Note de l'auteur : « Désolé, je crois que l'on ne va pas y arriver, aujourd'hui, Hercule n'a pas dû digérer son boudin, cela, lui obscurci l'esprit. Mais aussi quelle idée que de manger du boudin flambé au Cognac en buvant de la Vodka ? N'importe quoi ! Je vous présente mes excuses les plus plates pour cette histoire qui se termine en queue de poisson.

-         Merde, mais c'est bien sûr ! Le boudin, c'était avant-hier ! Hier, j'ai mangé de la sole meunière marinée d'une marrée pas fraîche, c'est ça, mes maux d'estomac.

***

Pendant que la victime était morcelée, elle se pensait.

« Tiens, je suis manchote à présent, mais je suis Moi avec mon bras coupé. Un pied, je reste Moi avec un pied en moins, l'autre, Moi sans pied du tout. Les oreilles, ma foi, je suis toujours là, même si je n'entends plus l'extérieur. Tant que la tête peut vivre, je suis Moi ! Mais si ma tête est coupée aucun morceau de moi, ne dira : je suis Moi avec ma tête tombée à terre. »

L'intégrité d'une personne ne tient qu'à une tête.

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