Les mains pleines

marivaudelle

Reprise d'une nuit de vertiges
La nuit se trame, la nuit s'entame
La nuit m'accroche, la nuit s'ébauche
Le jour expire, la nuit m'inspire
Et dans ma nuit il n'y a que lui, que toi
Du crépuscule s'exhale l'odeur têtue du mâle,
grisante comme un manège qui s'emballe
Ta peau est tout un parfum dont jamais je ne me lasserai,
là où sera passé ton désir, je le suivrai à la trace

Senteur indiscrète des ébats pénètre les draps, j'y enfouirai mon nez,
possédée du manque de toi pour y retrouver un peu du plaisir que tu m'auras offert.
Assez tôt, le matin viendra nous séparer,
mirage de plaisir trop vite évaporé.
La nuit se trame, la nuit m'enflamme
La nuit me décroche, la nuit me débauche.
Dans les lueurs du couchant, nous rejoindrons à la hâte
les altitudes insensées de notre Olympe secret où nous serons nos propres dieux, où je Règnerai sur toi, où tu règneras sur moi.

Allons viens, quittons la terre et son agitation, vivons en insulaires,
retrouvons notre asile de chair, paysage d'intimité infinie,
Quand le jour expire et que la nuit m'inspire,
Car dans ma nuit il n'y a que toi et elle, ta hampe m'inspire.
Conjuguons nos appétits nocturnes dans  des postures indécentes, des emboîtements éhontés.
Car tout n'est sur notre île qu'avalanche de péchés sous laquelle, impuissants, on ne peut que succomber

Le vertige est mon emblème quand j'envisage ton corps,
sa nudité crue, étourdie je m'arrimerai en toi,
je m'agripperai à tes yeux, à leur pupilles dilatées par des éclats lubriques.
Laisse ta convoitise sur moi se promener,
elle prendra des chemins déroutants,
trouvera des havres de luxure où le temps d'une nuit elle voudra s'exiler,
en revenant frustrée, fébrile, pressée d'y retourner

Je te le demanderai :tourmente moi, brusque moi,
renverse moi, à l'envers à l'endroit,
à l'envers à l'endroit, prends les pleins pouvoirs, mon abandon en offrande,
les bras en croix je me plierai à ta douce dictature.
Voyage sur moi, en moi, prends tous les chemins,
tous les vallons de mon corps et les méandres de mon âme.
Dans ma toison tu pourras paître et te repaître, tu pourras ce que tu veux… et tout ce que j'espère.
Baptise-la à ta guise : figue, pâquerette, fontaine, porcelaine, gazon…
Je te le demanderai : laisse-moi te tourmenter, te brusquer,
te renverser, à l'envers à l'endroit.
Prendre les pleins pouvoirs sur tes plaisirs,
à l'endroit et à l'envers, ton envers que j'honorerai.

Viens, comble le vide qui habite tes mains,
Va, fais claquer tes paumes, mes hanches, tiens les bien
Tressaillent et tressautent mes rondeurs

Va et viens, suis ton instinct, ta vocation première
Honore et perpétue, écris la tâche originelle
En lettres lactescentes de sperme sur mes seins
Va et viens, tu connaîtras mieux que moi mes propres profondeurs
Afflue au centre, fouille mon ventre,
Prends enfin pleine possession de mon antre,
Amortis tes désirs aux confins de mes reins
Va et viens, cherche ta délivrance
notre extase doublée d'avoir tant patienté.
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