Les narcisses de Miranda.

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Extrait de: "Le chaud, pour le garder, il faut forcement lui mettre une nouvelle bûche ! Mais le froid... le froid, quand il s'installe, c'est de lui-même !"

Au boulot, on l'appelait bistouquette pour ne pas dire petite bite. Il n'y en avait qu'une qui le traitait joliment d'un petit nom d'oiseau, de 'petit colibri', c'était Miranda au juke-box du bar-tabac.

Miranda avait des fleurs sur son balcon et la fenêtre parfois entrouverte, justifiant sa présence et son bon vouloir à vous accueillir.

Les tulipes étaient signe d'appétit, les roses d'amour, et les œillets de gourmandise. Quand il y avait des jonquilles c'était jour de relâche, et plus précisément celui réservé au sien: 'Il montait à Jonquilles'.

Dans le vieil escalier à vis menant à la porte du petit appartement fleuri, il perdait son côté bougon et bandait à la simple odeur du vieux bois et du grincement des contremarches. Cela lui rappelait ses premiers baisers avec la langue dans la cabane du sapin avec Sophie: -Tu montes avec moi goûter dans mon arbre ?

Pour visiter Miranda, il n'y avait pas de sonnette ni de poing sur la porte, mais un code d'accès très précis qui consistait à taper du pied trois fois de suite sur le perron et puis attendre.

Et puis attendre...

- C'est qui ?

- C'est petit colibri !

- Tu te goures ! C'est pas jonquilles aujourd'hui !

- Si ! Y a mes fleurs à ton balcon !

- Tu vois des jonquilles partout, toi ! C'est des narcisses !

- Ben c'est pareil !

- Non c'est pas pareil ! Les narcisses c'est plus cher !

- Pourquoi c'est plus cher ?

- Parce que c'est mythologique !

Dans le sapin, il se souvenait du pic-vert qui tapait du bec pour trouver friandise...


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