Ils arrivent du sud en remontant les parallèles comme barreaux d’une échelle. Dans la nuit noire de leur dérive au gré des vents de haute altitude, ils sont portés jusqu’à nos latitudes, déboussolés, dépaysés, décalés dans l’atmosphère qui ne connaît pas leurs fardeaux électriques. Une tourmente. Une rafale brutale. Soudain, dans le climat tempéré océanique, l’irruption des tropicales. Masses sombres roulant sous les plafonds hermétiques, puis libérant les rafales et les grêles, arguant contre la cruauté des flots par la course désespérée des palmes, par les vapeurs méphitiques montées des roulements cycliques jusqu’à leur étouffement. Ils sont ces migrants redoutés, détrousseurs des frontières. Des barbares en nos contrées agonisantes qui ne savent plus l’embrasement des sources primitives. Que viennent-ils mettre à bas de nos temples fragiles, de nos édifices fissurés, de nos dogmes imbéciles ? Le savent-ils eux-mêmes ?