Les parapluies

compteclos

Je me suis toujours demandé ce qu'il se cachait sous les parapluies. C'est vrai, ça. Lorsqu'il pleut, une ribambelle de parapluies inondent les trottoirs habillés de pieds aléatoires.

Je me suis toujours demandé ce qu'il se cachait sous les parapluies. Des femmes maquillées à outrance, des hommes regardant leur montre, craignant le maudit retard. Des enfants voulant sauter dans les flaques. Des mères paniquées à l'idée que leur nourrisson attrape froid. Des adolescents, perdus dans leur téléphone, attendant le SMS qui bouleverserait leur vie, un statut Facebook qui les remettrait en question.

Je me suis toujours demandé ce qu'il se cachait sous les parapluies. Des journaux trempés sous le bras d'un homme féru d'actualités, un sac à main encore humide d'une femme ayant couru en talons sur la chaussée, des yeux rieurs masqués par l'urgence de l'instant. Des secrets bien gardés sous l'anorak. Des conversations téléphoniques écourtées ou bien trop longues. Des bruits de pas résonnant contre les gouttes de pluie. Des enfants qui glissent le long de la ruelle par manque d'équilibre et qui ne se retrouvent plus sous un parapluie. Tout apparaît à la lumière.

Cet arc-en-ciel démesuré dans l'œil de ce bambin. Cette clarté éclaboussante enfin révélée.

Je me suis toujours demandé ce qu'ils se cachait sous les parapluies. Peut-être même qu'en regardant des parapluies roses, bleus, multicolores, aux dessins joyeux, nous pourrions décrypter la personnalité de celui ou celle qui se cache derrière ce tissu, ce plastique, cet habitacle.


Peut-être que nous ne résumons qu'à ces parapluies, par temps de pluie. Peut-être ne sommes-nous que d'autres gouttes d'eau, qui se perdent dans la foule monstre mais humaine.
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