Les préliminaires amoureux

compteclos

J'ai aimé des corps, senti des âmes. Certaines plus sensibles que d'autres. J'ai désiré des corps de pierre, des coeurs d'or et des coeurs déchirés.

En vingt ans, j'en ai goûté des chairs..

Sans doute trop, pour mon jeune âge.

Oh et puis non, je me fiche bien de la normalité, des normes imposées.

Je ne suis qu'un papillon qui buttine de fleurs en fleurs.

J'étais instable et amoureuse de chaque âme torturée. Je voulais toutes les sauver, toutes les aimer du plus profond de mon être pour que plus jamais, elles ne se sentent seules.

Je leur disais qu'elles étaient belles, ces âmes. Qu'elles me faisaient frissonner à chaque tonalité qu'elles me prenaient. Je les désirais comme l'on n'a plus le droit de désirer.

Bien-sûr, je garde en tête le prémisce amoureux qui ne fait qu'accentuer le désir et l'envie d'être avec l'autre.

J'ai toujours adoré cette phase. La séduction, avant tout. Les regards, les gestes égarés, les paroles envolées. Des mots doux susurrés, des yeux se perdant dans les miens, une main touchant malencontreusement ma cuisse droite.

J'aimais vivre ces instants qui ne se vivent qu'une fois. Comme une promesse non-tenue. Un désir muet.

Je me souviens de tous mes débuts amoureux, de chaque relation.

Il y a eu Laëtitia et nos sms sensuels. Il y a eu Chris et cette soirée à la plage, joint entre les doigts, se regardant niaisement. Il y a eu Audrey et ces mots doux échangés en douce, calmant notre folie. Il y a eu Raphaël et notre jeu ; " suis moi, je te fuis, fuis moi, je te suis". Il y a eu le second Raphaël, venant me rendre visite lorsque j'étais encore au lycée. Il y a eu Marina et ce baiser discret, presque inavouable, que nous n'avons jamais terminé. Il y a eu Frédéric et ses fous rires masquant nos pulsions sexuelles envers l'autre, relation charnelle. Il y a eu Kim et ces jeux de taquineries évidentes. Il y a eu Joyce et sa main tâtonnant la mienne, la cherchant, avidement, pour la presser contre elle, lorsque je pleurais trop fort. Il y a eu Alice et ces jeux de jambes qui me rendaient folles. Nicolas et l'alcool qui nous a amené à une relation sexuelle préméditée. Il y a eu Hugues et nos corps brûlant sous la table de la "bibliothèque" de l'hôpital pendant que les infirmières déjeunaient, et même son premier baiser offert à ma bouche entre ma chambre et la sienne, un soir où l'on se faisait gronder car c'était l'heure de regagner nos dortoirs respectifs. Il y a, enfin, Maxime, quelques gestes discrets, quelques remarques charmantes, en avalant nos gorgées de bières.

Je n'oublierai jamais tous ces débuts. Je n'oublierai pas la douceur de l'instant et la violence des séparations. Un coquelicot arraché à sa nature. Un ouragan dévastant habitants et habitations. L'écume de la mer remplissant des baïnes dangereuses, nous emportant sur d'autres rivages.

Je me bats contre ma mémoire qui ne pense qu'à se faire la malle pour tenter de ne jamais oublier ces moments. Par ce qu'ils sont beaux, vrais, uniques. Leur singularité leur donne le charme de la vie.

N'oubliez pas les préliminaires amoureux. Ils sont bien plus beaux que vous ne pouvez l'imaginer.

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