Les soirées

minilu

court texte sur mes souvenirs de soirées

Je me souviens de ces soirées. L'odeur de la nourriture de fast-food, celle des confiseries, de la sueur, de l'alcool aussi. 

Je me souviens des verres, de tous ceux que j'ai brisés, ou que j'ai fini en une gorgée. Le goût n'était pas ce qui comptait, tout ce qu'on cherchait c'était de ne plus se souvenir, de rien, juste de passer une nuit, coupé du monde, sans penser, à rien, comme si le futur était encore loin, comme si nos actions, leurs conséquences, tout pouvait être noyé dans un verre, qui nous permettrait de respirer alors comme jamais.

Je me souviens de mes maladroites tentatives de drague, de la honte quand cela ne fonctionnait pas, et du goût des lèvres, éphémères puisque pour la durée de quelques heures, mais semblable à des grands éclairs parcourants mon corps, faisant trembler mes doigts et battre mon coeur comme si je partais au front, la récompense ultime de la réussite de mes quelques charmes invisibles.

Il y avait aussi les courses entre amis, et la sensation du béton froid quand on s'écroulait dessus, épuisés, avant de revenir nos amis d'une nuits.

Les regards des gens, se plaignant sûrement encore de voir autant d'amusement qui leurs étaient interdits ou trop infantiles pour leurs âges.

Mais parfois, parfois aussi, le rouge de la violence et de la honte éclatait sur la grande peinture qu'était le sans-couleur de la vie. Alors tout s'arrêtait, jusqu'à ce qu'on décide de recommencer, encore, bien incapable de retenir nos pulsions, nous faibles bêtes à l'instinct primaire, voulant à tout prix revivre la même soirée en boucle, dans le seul but de s'amuser. Ou bien de se faire du mal je ne sais plus.

Je me souviens de ces soirées.

Signaler ce texte