Les sons le soleil.

Christophe Paris

Fini les larmes de là-haut, la nue est partie se rhabiller. La faute à Eole, qui dénude le ciel et rend les jupes folles. La voûte découverte dévoile son bouton d'or dans un champs de bleu céruléen.
La rue est au beau fixe sous un déluge de rayons chauds. Les sourirent pleuvent, les regards s'électrisent, les coeurs battent tonnerre.

Paris transpire,
Paris se délasse,
Paris se dégraffe.

La faune parisienne montre le bout de son nez, de ses seins, ou de ses muscles bandés en parade au coup de reins. Le rut en bout de rue.
La chaleur sème la torpeur, les corps ensuqués cherchent un peu d'ombre où s'abriter.
Jardin des Tuileries.
Un rectangle de carrés verts à miroirs circulaires. Les pelouses et bassins où se marrent les canards sous cagnard. Sur des chemins crème vanille, à la poussière méringuée qui collent aux chaussures, déambullent touristes et locaux chassant verdure.
Un coin où s'étendre, un coin où s'entendre.
Un coin ou s'allonger, un coin ou songer.
Les yeux se ferment, les corps se délassent, l'esprit entre rêve et conscience. Un réel disparu du regard mais pas de l'ouïe. Une suspension de poésie entre le son et le sens. Un enfant rit, un ballon rebondit, et des bords de mer apparaissent. Des voix italiennes et c'est une rue colorée de draps aux fenêtres. Les sons résonnent, autrement, curieusement, comme ces tasses de terrasses qui tintinnabulent une étrange mélodie hypnotique.
Le sens sensible aux fréquences de l'oreille à monts et merveilles, où tout se mélange en un ailleurs, en des ailleurs.
Les baisers des uns qui vous renvoient dans le lit des vôtres. Un ta gueule retentit, une séparation ressurgit. Une cannette pschitte et vous plonge sous une cascade de fraîcheur. Celle qui manque au corps qui goutte, colle, gêne, comme à l'étroit dans sa peau, pendant qu'une bise de brise embrasse nuques et fronts de sa fraîche illusion. Noyés de bruits en bribes, saturé par ce bordel ambiant qui fait la vie, apparaît l'état second.
Un silence dans le tumulte, un oeil dans le cyclone du tourbillon de la vie.
Le sommeil guette alors sa proie, comme ces types, tels des hyènes en mâle de chair fraîche. Prédateurs qui tournent autour des bassins aux filles à décolletés et livres ouverts. Celles qui bronzent cul posé sur un métal ardent de chaises inconfortables. Ils épient, matent, transpirent, intallent leurs calvities galopantes, tapent la discute avec l'espoir d'une turlutte. Des brioches et des princesses. Du bidon vide friqué, gavé de certitudes. Charognards le plus souvent repoussés par les lionnes à coups de griffes, des plus caustiques au plus hystériques.
Exit la bête à cul bas, qui passe à une autre, qui passe le plan à un autre, sous les yeux d'un voilier qui peine à avancer. Celui d'un ti gosse qui souffle comme un dératé sur un esquif trop éloigné.
Le temps est maintenant comme le vent, absent, dans ce parc où l'on cherche l'oubli de la ville, la nonchalance de la vie une fois ses portes franchies.

Un môme pleure de voir son doudou à terre tout poussière. Le toit des hommes touché par son malheur en fait de même. Une pluie exotique diluvienne, fraîche comme la Baltique. Panique à bord, les femmes et les enfants d'abords. Les sans abris de la dilettante dans la tourmente, évacuent la fourmilière en une improbable course en avant de derrières. Traffic d'humains contre traffic de métal. Les voitures pilent, stagnent, sous la déferlante de petits pas ou non, avalés telle une ogresse, par une bouche de métro au bord de l'indigestion.
Fin du rayon d'amour, il est temps de prendre le chemin du retour.

  • Et un coup de cœur pour ce coup de soleil, c'est léger comme les beaux jours qui arrivent !

    · Il y a presque 8 ans ·
    Loin couleur

    julia-rolin

  • Excellent, j'adore

    · Il y a presque 8 ans ·
    Cat

    dreamcatcher

  • Très poétique, presque hypnotisant. Ca me fait penser à ce qu'écrivaient les surréalistes. J'aime beaucoup

    · Il y a presque 8 ans ·
    Te%cc%81le%cc%81chargement

    edwige1313

    • Alors la merci aiiiiinorme ce compliment je l'adore , mouvement que j'ai adoré, j'ignorais que ce texte pouvait y faire penser, me suis pas rendu compte c rigolo, ralala l'inconscient est imprévisible !

      · Il y a presque 8 ans ·
      P 20140419 154141 1 smalllll2

      Christophe Paris

  • "La faute à Eole, qui dénude le ciel et rend les jupes folles..." :-))
    wahou.... ton texte, j'adore........... vrai de vrai.... tu as le don de nous embarquer avec toi, où que tu ailles... on en fait des visites avec toi, ici, ou avant -hier dans les années 70... toujours, ou avec ton écriture, on voit tout !.... les images, les odeurs, sont là... bravo Christophe, je suis une vraie fan !............. ;-))

    · Il y a presque 8 ans ·
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    Maud Garnier

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