L'étrange Destin de Kaina

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C'est l'histoire d'une jeune femme : Kaina qui vit seule avec sa mère. Un jour, elles reçoivent une lettre que la fille n'a le droit de lire. S'ensuit un départ précipité dans une mystérieuse école...


Chapitre 1: La lettre

 

 



   C'était une journée d'automne. Comme à mon habitude, je passais mon temps dans la vallée à observer les animaux sauvages. Un petit rouge gorge se trouvait juste en face de moi. Il ne semblait pas effrayé. Un cri d'enfant un peu plus loin, le fit s'envoler.  En jetant un coup d'œil, je vis des jeunes de mon âge jouer ensemble. Ils avaient de la chance d'être ensemble. D'avoir des amis. Pourquoi pas moi?

  Je me levais et marchais en direction de ma maison. Je voulais avoir des explications avec ma mère. Enfin, tenter d'avoir des explications. Elle était dans la cuisine entrain de lire. Je m'assis à coté d'elle.

« Pourquoi n'ai-je pas le droit d'aller voir les voisins? Pourquoi n'ai-je pas le droit d'avoir des amis ni d'aller à l'école? Pourquoi est-ce toi qui me fais les cours?

  -Trop de questions à la fois, petite curieuse. »

Elle leva les yeux vers moi. Elle était si jeune, ma mère. Si je me référais à son âge elle devait m'avoir eu à douze ans, voir moins. Je ne peux pas dire si elle me ressemblait. J'avais les cheveux crépus, elle les avait ondulés et violets pâle. J'avais la peau foncé. Sans aucun doute que mon père était...

 

« Je te l'ai déjà dit: tu ne peux pas aller à l'école et encore moins traîner avec les autres enfants et c'est moi qui m'occupe de ce que tu dois connaître où ne pas savoir.

 -Est-ce eux qui sont dangereux ou moi?

Elle soupira.

 -Peux-tu aller chercher le courrier, s'il te plaît.

 -Pourquoi est-ce que tu ne réponds jamais?

 -Je te promets que je te le dirais un jour.

Je pris la clef de la boite aux lettre qui était accrochée au mur  et me dirigeais vers la porte avant de me tourner vers elle.

 -N'oublie pas que c'est mon anniversaire dans trois jours et que j'aurais dix-huit ans. Ce jour là, j'exige de connaître la vérité!

 -Peut-être... »

 Je sorti en tapant des pieds. C'était toujours pareil!

 « Un jour je te le dirais! Je te le promets! Tu ne dois pas encore le savoir! Tu ne pourrais pas comprendre! La vérité est trop dure à avaler ! »

  J'ouvris la boîte aux lettre, un peu en colère et sortit le courrier. Il n'y avait pas grand chose. Comme si c'était étonnant! Nous n'avions aucune famille, aucun amis et mon père était mort. Je pris la seule lettre que nous avions reçue depuis des mois. Elle était très étrange. De couleur pourpre, sa texture était bizarre, cela ressemblait à de la peau. Il y avait un cachet derrière comme on n'en faisait plus depuis des années. Il y avait écrit notre adresse alors le destinataire ne s'était pas trompé.

   Je retournais voir ma mère. J'avais envie d'ouvrir la lettre avant de la lui donner, voir de ne jamais la lui montrer. J'avais peur qu'elle me cache son contenu... Sauf que j'étais quelqu'un d'honnête qui déteste mentir alors je la lui tendis.

« Elle est vraiment bizarre cette lettre, je me demande ce qu'il peut y avoir dedans.

Elle ne dit rien, l'ouvrit et en sortit une clef. Son visage ne montrait aucunes émotions comme si elle ne savait pas non plus à quoi s'attendre. J'attendis qu'elle la lise, patiemment. Soudain elle se leva et me dit:

 -Kaina, fais tes affaires, nous partons.

 -Quoi? Qu'est-ce que ça veux dire? Qu'est-ce qu'il y a d'écrit dans cette lettre?

 -Je te le raconterais plus tard. Une voiture viens nous chercher dans une heure, dépêches-toi.

 -Je ne veux pas partir! Et puis d'abord, où  irions nous?

 -Je te dirais tout ça en temps et en heures.

 -Est-ce que nous reviendrons?

 -Je ne pense pas. »

 

    Elle semblait si effrayée que je montais dans ma chambre faire mes valises. Je mis tout ce que je pouvais dans mes petites valises. De toute façon, je n'avais pas grand chose. Nous n'étions pas le genre de personne à posséder pour être heureuse, c'est une des bonnes choses que ma mère m'a apprit. Avant de quitter ma chambre, je regardais par la fenêtre. Les enfants de tout à l'heure étaient toujours entrain de jouer. Si innocents, ils avaient de la chance. Je garderais ce souvenir en mémoire en imaginant que j'étais avec eux. Je descendis rejoindre ma mère. Elle avait déjà terminé et marchait de long en large en fixant le sol. Puisqu'il nous restait alors quarante cinq minutes à attendre, je décidais d'aller dehors une dernière fois. Sauf que ma mère m'en empêcha.

« Restes dans la maison, s'il te plaît. »

 

  Déçue, je retournais à la fenêtre de ma chambre. Je finis par m'endormir. L'appel de ma mère me réveilla. Je descendis et pris mes valises. Comme elle était la première à sortir, elle me demanda de fermer à clef dernière moi. Ce que je fis. Quand je m'apprêtais à la rejoindre, je lâchais mes valises car je fus surprise de voir que ce n'étais pas une voiture qui nous attendais mais une calèche! Elle semblait neuve sauf qu'elle n'était pas moderne et le cocher non plus. Je courus vers ma mère.

« C'est ça notre voiture?

 -Oui, monte.

 -Mais nous ne sommes plus au moyen-âge!

 -Il n'y avait pas de calèches au moyen-âge.

Je montais à ses côtés après que le cocher ait pris nos bagages. D'ailleurs il était vraiment étrange celui là, je ne pouvais voir son visage…

Nous fûmes vite en route. Je vis que ma mère avait une clef très bizarre dans ses mains, je ne l'avais jamais vue auparavant. Ce n'était pas celle de la lettre.

 -Quelle est cette clef?

 -Rien d'important.

Elle la rangea.

 -Qu'est-ce qu'il y avait d'écrit dans la lettre?

 -Je ne peux pas encore te le dire.

 -Où allons-nous?

 -Tu le sauras bientôt.

 -Pourquoi partons-nous?

 -Même réponse. »

   Je compris que cela ne servirais à rien. Ma mère était comme ça : têtue. Je regardais la maison s'éloigner. J'avais passé toute mon enfance dans ce paradis. Et je n'allais peut-être pas y revenir... Cela me rendit triste. Mais un espoir naissait en moi: peut-être que là où nous irions, les choses seraient différentes? Peut-être que je pourrais enfin rencontrer des gens de mon âge. Cela m'effrayait un peu. Je crois que nous fuyions quelque chose et je me demandais bien ce que cela pouvait être...

 

    Notre voyage dura plusieurs heures. Le cochet s'était arrêté entre temps pour nous offrir des délicieux mets. Je me demande bien où il avait pu les trouver. Nous continuâmes ensuite notre route en silence. Pendant le trajet, je me refusais à dormir car je voulais voir par quel chemin nous passions au cas où j'aurais à m'enfuir. La calèche s'arrêta. Je vis un petit chemin de terre qui menait à une immense maison. Le chemin allait être un peu long...

  Nous descendîmes et après avoir pris nos bagages, je vis que ma mère murmurait quelque chose à l'oreille du cheval. Je me dis que cela ne servirait pas à grand chose si je lui demandais pour qu'elles raisons car je n'aurais de toute façon aucune réponses. Nous prîmes le chemin en silence. Je remarquais que ma mère n'arrêtait pas de jeter des coups d'œil au ciel, je suppose qu'elle avait peur qu'il pleuve car de gros nuages gris, arrivaient. Quand nous fûmes face à la porte d'entrée, je posais mes bagages à terre.

« C'est ici que nous allons vivre alors?

 -Oui. »

 

  D'habitude, elle était plus bavarde. Je remarquais que les fenêtres étaient anormales: elles ressemblaient à la porte d'entrée et il fallait surement les ouvrir avec une clef. Alors quelle ouvrait la porte avec l'étrange clef qui n'était pas celle de l'enveloppe, je vis quelque chose qui m'effraya. A quelques mètres de nous, sous une véranda ouverte, un énorme chien avec des tâches de léopard sur le dos, semblait me regarder. Il était plus gros qu'un cheval et portait un collier à clou! Il avait une longue et lourde chaîne qu'une statue tenait dans sa main. Si sa main se brisait, ce chien pouvait s'enfuir et nous dévorer! D'ailleurs ce n'était peut-être pas un chien! Prise de panique, j'en informais ma mère.

« Maman! Il y a un énorme chien juste là !

 -Ne t'inquiète pas, il ne risque rien.

Elle n'avait même pas jeté de coup d'œil vers lui.

 -Comment ça? Et puis, nous allons devoir vivre avec lui dans notre jardin?

 -Vite entre. »

 

 Je jetais un coup d'œil au chien. Je suis sûre qu'il me fixait. J'entrai le plus vite possible dans la maison. Ma mère s'empressa de fermer à clef. L'endroit était très sombre et les fenêtres portes en étaient responsables. J'entendis un bruit derrière nous et me retournais le plus rapidement possible. J'avais peur que le chien réussisse à entrer. Mais je fus surprise et soulagée de voir que ce n'étais que des gens. Une famille. Ils nous saluèrent de la tête. Je vis qu'ils avaient une fille de mon âge et un tout petit.

« Nous allons vivre avec eux?

 -Oui. »

Je cachais ma joie de peur que je me réjouisse trop vite. J'allais enfin pouvoir me faire des amis.

 

  La famille se trouvait dans un jardin intérieur, d'ailleurs l'endroit où nous étions ressemblait à une abbaye avec ses statues étranges et ses murs de pierres. Je constatais par la suite que d'autres parents étaient là avec leurs enfants. Nous étions assez nombreux. Il y avait au moins dix familles différentes. Ils semblaient tous inquiets... De quoi avaient-ils peur ? Je vis certains d'entre eux vérifier que les fenêtres étaient bien fermées à clef...

 Soudain une voix résonna dans l'abbaye:

«Vous allez être éliminés petit à petit, on verra qui restera à la fin! »

  Qu'es-ce que ça voulait dire? J'entendais des gens éclater en sanglot. Avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, ma mère m'attrapa par le bras et me tira avec elle. Nous arrivâmes à un couloir tout noir. Je n'avais aucune envie de le traverser... Je vis un homme étrange lui aussi, en sortir. Sa voix me fit sursauter. Je ne crois pas que c'était la sienne que nous venions d'entendre à l' instant...

« Bonjour Elfré, dit-il à l'intention de ma mère.

Il la connaissait?

 -Bonjour Powâkk.

Elle le connaissait?

 -Je suppose que ce dois être ta fille, cette ravissante femme, dit-il en prenant ma main pour la baiser.

Je la retirais aussitôt.

 -Qui êtes-vous ? Demandais-je.

 -Tu ne lui as pas dit ? Fit-il surpris.

 -Comment aurais-je pu? Ut iul sairua ésirb el rueoc, emmoc ut sias is neib el eriaf¡

Quelle langue parlait-elle?

 -Ne dit pas ça... Ej ai'n émai euq oit...

 -Je suppose que tu dois être content d'avoir retrouvé tout tes enfants ! »

 Elle me prit par le bras et nous montâmes l'escalier. Ses paroles résonnèrent dans ma tête :

« Tout tes enfants »

Je refusais de monter plus haut avant que ma mère ne me donne des explications. Je retirais mon bras de son emprise et ne bougeait plus.

« Kaina, viens. Dépêches-toi...

 -Qu'est-ce que ça veux dire? Qui est cet homme? Pourquoi sommes-nous ici?

 -Tu auras tes réponses plus tard.

 -Non! Je veux les avoir maintenant! Es-ce que c'est mon père?

 -Je t'ai déjà dit que ton père était mort...

 -Je ne te crois plus! J'en ai assez de ne pas savoir! Je n'ai plus cinq ans! Tu ne m'as jamais dit pourquoi je n'avais pas le droit de me faire des amis! Pourquoi nous avons quitté la maison précipitamment.... Et maintenant nous sommes ici et nous allons nous faire tuer!

Je commençais à pleurer. Elle s'approcha de moi et pris mon visage dans ses mains.

 -Écoutes, je te demande seulement une chose pour aujourd'hui : fais-moi confiance. Tu auras tes réponses demain, je te le promets. Fais-moi confiance. »

A bout de force, j'opinais.

 

    Elle me prit par la main et alors que nous nous apprêtâmes à monter les marches, une goutte d'eau atterrie sur mon visage et sur le sien. Nous regardâmes le plafond, sauf qu'il n'y en avait pas.

« Oh non! Ils vont bientôt arriver! Cela ne peut se passer de cette façon! Restes-ici, je vais chercher de l'aide. »

 

   Elle descendit les escaliers en courant. Je fus trop curieuse pour rester plantée là. Je montais les marches lentement car j'avais peur de ce que pouvais découvrir. Le deuxième étage de la maison était complètement détruit. Je ne l'avais pourtant pas remarqué tout à l'heure... Je montais et vis un très beau paysage. Je n'avais aucune envie de rester ici alors je réussis à descendre grâce aux gravas et à atterrir devant la maison. Sauf que J'entendis une respiration forte. Je fus pétrifiée en comprenant où je me trouvais. Je tournais ma tête lentement vers la chose qui se trouvait près de moi. Le chien tourna aussi sa tête vers moi alors je poussais un cri et courus droit devant moi. Ma mère m'appela et m'arrêta. Je me réfugiais dans ses bras comme une enfant.

« Maman! Ce chien me fait peur!

 -Nous devons rentrer, ils vont bientôt arriver.

 -Qui?!

 -Je ne veux pas t'effrayer d'avantage, dit-elle en regardant au loin.

 -Dis-moi ou je reste ici!

 -Non! Viens avec moi. Nous devons rentrer, il va bientôt faire nuit.

 -Je ne veux pas venir, M'écriais-je en m'échappant de ses bras. Je veux savoir! »

« Ta curiosité va te mettre en danger petite fille. »

Je me retournais vers le chien. J'étais sûre que c'était lui qui venait de me parler.

« Je ne suis pas une petite fille. Et puis d'abords, c'est un pléonasme. Je suis presque une adulte alors je suis une femme! »

Je détestais les gens qui se comportaient comme s'ils étaient mes parents en m'infantilisant.

 Je me tournais vers le chien en attendant une réponse or celui-ci n'ajouta rien. J'eu soudain l'impression que ce n'était pas lui qui m'avait parlé, et me sentie un peu stupide. D'ailleurs, quelque chose me fascinait chez lui. Il était imposant et effrayant et avait un côté féerique...

  Tout à coup, ses yeux devinrent bleus de la même couleur que ses tâches sur son dos, de la même couleur qu'une flamme de gaz. Il se mit à aboyer très fort en direction du chemin que nous avions pris pour venir. De la bave coulait de ses babines et ses dents tranchantes m'effrayaient. Il s'avança et tira sur ses chaînes comme s'il avait flairé quelque chose. Vu la force qu'il avait, j'étais étonnée que l'espèce d'ange réussisse à le garder en laisse. Cette scène me fit monter les larmes aux yeux, j'avais peur pour ce chien... Qu'est-ce qu'il avait vu? Ma mère me réveilla de ma torpeur.

« Ils arrivent, dépêches-toi!

 -Que va-t-il lui arriver?

 -Ne t'inquiètes pas, rien ne peut tuer un ïiene.

 -Un quoi? »

   Pour toute réponse, celle-ci me poussa à l'intérieur de la maison et ferma à clef. Je ne pouvais plus voir ce qui se passait dehors mais nous pouvions entendre le chien aboyer. J'avais vraiment peur pour lui alors je me dirigeais vers le jardin et regardais par le petit trou de serrure de la fenêtre. Je pouvais apercevoir un tout petit peu le chien. Il continuait d'aboyer contre quelqu'un ou quelque chose. Je sursautais. Une ombre venait de passer juste devant ma vue. Quelqu'un me tira en arrière. Je me mis à crier de peur que ce soit une créature mais ce n'était que ma mère.

« Tu ne devrais pas regarder par le trou des serrures. D'ailleurs, je te l'interdit.

J'entendis le chien pousser un cri de douleur.

 -Je ne peux pas le laisser se faire assassiner!

 -Je t'ai déjà dit qu'il ne courait aucun danger. Maintenant viens avec moi, nous allons aller nous coucher.

Elle me prit par la main et m'entraîna dans les escaliers.

 -Mais l'étage supérieur est en ruine, protestais-je.

 -Plus maintenant, nous l'avons réparé.

 -Comment?

 -Tu le sauras plus tard. »

 

    En levant les yeux, je remarquais qu'effectivement, il y avait un toit au-dessus de nous. Nous montâmes au troisième étage. J'étais un peu fatiguée. Ma mère ouvrit une double porte qui ressemblait à la porte d'entrée, avec sa clef magique qu'elle raccrocha autour de son cou et je fus surprise de constater qu'un joli salon nous attendait. Il ressemblait beaucoup à notre maison. Pas le temps de le contempler plus longtemps puisque nous devions nous coucher. Nous traversâmes un couloir et atterrîmes directement dans nos chambres. Je fus tellement fatiguée que je m'endormis aussitôt, avec pour berceuse les aboiements et les cris du chien ainsi que l'horloge qui cliquait comme un cœur qui battait.

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