L'ÊTRE ET LE NOUVEAU NÉANT

Quelques restes de soleil cuisent ma pensée, perdue dans les séquelles de cette rieuse marée montante. Je quémande, ici et là, ma raison : cette entité en cavale.

Le plume du poète agonisant grafigne la terre de ces mots qui fleurissent et meurent aussitôt, laissant s'enfuir ces cris d'angoisses pales et incertains.

Souffle le vent d'hier, où feuilles craquantes engloutissent ces "bientôt", ces "demain" pourtant si jeune : jeunesse égarée dans ces aubes mourantes sous des pluies d'arcs-en-ciel se perdant dans les flots de nos cœurs d'infortune.

"Dis-moi lune, mon amie lune, si séduisante lune, d'un précieux miracle, se pourrait-il que renaisse cet astre flamboyant, lissant nos verdures aux rutilants reflets, d'une effroyable tendresse, où se tresseraient des millions de désirs aux rondeurs moelleuses et parfumées : la Joconde de nos passions ?"

Je lis sous ta lourde paupière que la porte des anciens grince, d'une sueur millénaire, à se dégrafer de son lourd fardeau, celui dissimulant quelques lents souvenirs d'une douçâtre beauté "d'hier."

C'est ainsi que nos pauvres mains s'écailleront à trouer le passage du "nouveau néant." Pour toujours et à jamais nos âmes se plieront - encore et encore - aux gémissements d'un dieu affamé à l'appétit insatiable.