Lettre à

scribleruss

Lettre I

C *** le dimanche 26 février 2017 10.43

   Bonjour mon amie, ne cherchez pas, nous ne nous sommes jamais vus, nous ne nous sommes jamais parlé, je ne sais pas qui vous êtes vous ne savez pas qui je suis, mais puisque je prends la plume et prétends frapper à votre porte je vais un peu vous le dire.

   Et puis une lettre c'est bien, parce que vous n'êtes pas tenue d'y répondre n'étant pas déjà tenue de la lire alors pourquoi toutes ces circonlocutions eh bien parce qu'âgé de soixante treize ans, marqué par les stigmates de quelques avatars de santé, l'échéance se rapprochant il faut bien l'admettre, je marche encore, footing même, je vois bien, je lis bien, j'écris bien, mais je suis puni de sexe suite à une opération castratrice et qu'il me sièrait d'avoir une confidente.

   Pour autant et par ailleurs , je ne suis pas dépourvu de désirs, et si je suis interdit évidemment d'approches amoureuses et voluptueuses substantielles j'aimerais les éprouver même de manière édulcorée encore un jour encore une fois, une dernière fois, enfin vous connaissez cette chanson...

   Eh oui un homme, un vieillard peut, vous êtes-vous posé un jour la question, mais j'admets qu'elle vous soit indifférente pour peu que la sexualité vous soit un épiphénomène incompréhensible, peut être irrigué de fièvres câlines ...

   Alors cette lettre qui que quoi dont où, eh bien aussi parce que parvenu au crépuscule de ma vie, il m'est dur de constater, que je ne peux me confier à quiconque, ni à ma femme, ni à mes enfants, qui m'écouteraient sans doute quoique souvent gênés, mais au final me donneraient une tape sur l'épaule et ne me comprendraient pas si je leur racontais en outre quelques errances outrancières ..

     Car mon propos serait une forme de confession à coeur ouvert, sans tabou, non pas pour m'exhiber, bien que j'éprouverais je sais quelques intenses plaisirs à me remémorer quelques permissivités de naguère fussent-elles crues ou perverses dès lors qu'elles m'auraient procuré émotions et bonheurs de l'instant, vous percevez comme je peux aussi être difficile à comprendre.

   Mais aussi je suis un être universel, mes états, mes humeurs, se sont ceux de l'humanité je n'y suis pas si singulier …

   Je serais un coeur ouvert repassant ma vie, tiens je vois les gens qui vont à la messe de dix heures et demie, voici très longtemps que je n'y suis allé, repassant ma vie, mentionnant mes regrets repentirs ou remords, osant espérant un retour même virtuel d'une tendresse confiante absolue, je t'appartiens, tu m'appartiens, ah les mots mon amie sont un alcool ils m'enivrent, ils me saoulent ...

   M'enlèverait-on, m'enlèveriez-vous mon permis d'écrire ?

   Mais je parlerais aussi de choses et d'autres, de tout, je suis curieux de tout, et de vous d'abord,  je dis souvent quand l'un de mes enfants se plaint de mes remarques de prétendu vieux sage, sois rassuré tu n'auras plus bientôt à en connaître, ah arrête papa avec ça, non je n'arrête et ça surviendra plus vite que tu ne l'imagines ..

   Si j'avais été homosexuel dit Emmanuel Macron, je le dirai et je le vivrai, quant à moi mon amie je suis devenu bi sur le tard bien que ceci étant dit eu égard à ce que j'évoquais supra cela n'a plus de sens …

Je vous embrasse

* ***

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