Lettre à

scribleruss

Lettre II

A C *** le dimanche 26 février 2017 14.42

   Et vous, qui êtes-vous mon amie ?

   Aimez-vous la littérature, aimez-vous la politique, époux, enfants, seule ?

   J'aime et la littérature et la politique et cent autres choses. Ces jours-ci je lis «  Le Sang noir » de Louis Guilloux un roman paru en mille neuf cent trente cinq mais je n'étais pas né. J'aime les Prévert, les Marcel Aymé et autres de cette époque …

   Et puis je pourrais vous citer cent autres livres ou auteurs que j'effeuille de manière aléatoire chaque jour vous voyez j'ai de quoi faire.

   Et la mort y pensez-vous évidemment si vous avez vingt ans ! Mais si vous êtes de ma génération la mort me taraude, ne vous taraude t-elle pas et par exemple tombe ou crémation ?

   Le 24 décembre dernier je notais sur mon cahier, en tenez-vous un ? Ma religion autorise t-elle la crémation je crois que oui, mais l'idée de brûler ça me fait froid dans le dos, couché dans un cercueil me réchauffe le coeur, d'ailleurs je m'y ferai allongé avec un portable dont la batterie aura été rechargée, dès fois que ...

   L'un de mes enfants a déjà annoncé la couleur moi je veux être incinérée .. Bon, mais chaque chose en son temps, à chaque jour suffit sa peine et demain est un autre jour ... Quoique ... à soixante treize ans ...

   Mais, Elle, a vingt neuf ans et a laissé des consignes verbales, je veux que l'on donne mes organes à la science, sauf mes yeux puis que l'on m'incinère ...

Soit !

   Avez-vous bien déjeuné ? J'ai pris en solitaire un petit Saint-Raphaël puis poisson et haricots blancs oui c'est très prosaïque voire trivial mais c'est cela la vie, les petites choses hein ?

   Et en matière politique non, oui ? Moi Macron me déçoit, Mélenchon m'intéresse, Fillon je suis devenu circonspect mais je l'étais avant ses histoires pénélopiennes j'aurais voté plus aisément Alain Juppé, enfin bon, présidentielle plus législatives nous en avons pour quatre bons mois..

Et dites les enfants ? Des enfants ?

   Eh bien me concernant je n'aurais pas imaginé que des enfants adultes dotés d'un emploi pouvaient poser des problèmes à leurs parents, certes objectivement ils ne frappent pas à ma porte, mais je vis mal leurs péripéties notamment sentimentales, je pourrais prolonger mes développements sur ce point ultérieurement si vous le souhaitez.

   J'ai entretenu naguère une liaison épistolaire avec une amie, une liaison qui connût des moments de courtes voluptés indicibles, mais qui désormais souffrant des quelques maux a d'une certaine manière rompu et ne veut entendre que le amitié, moi je ne sais pas nouer une amitié avec une femme qui ne fût pas mâtinée d'une tendresse sensuelle dont dans ma lettre précédente je vous ai dit qu'en tout état de cause elle serait hélas bien prude et épurée…

   Ah ! vous avez lu que l'écrivain Christine Angot invite le père Hollande à se présenter ;

   " Vous ne pouvez pas laisser le pays se désintégrer (...) Vous ne pouvez pas quitter le navire comme ça. Pas en ce moment. Il faut que quelqu'un fasse quelque chose, et il faut que ce soit vous. Il n'y a plus que vous. Ayez le courage. Relevez le gant ", écrit-elle.

   " Le 2 décembre, quand vous vous êtes retiré, vous n'aviez aucune chance de l'emporter. Maintenant vous en avez une. deux cas, on est menacé de perdre notre cohésion.

   C'est une situation pourrie, on risque la décomposition. On est en train de se décomposer Monsieur le Président. On n'arrive plus à vivre ensemble ".

   «  Or, dans les situations exceptionnelles, vous avez toujours été à la hauteur . Vous avez stabilisé la courbe du chômage, venez inverser celle de la chute. Vous saurez nous réunir. Venez. Essayez ", insiste-t-elle.

       Vous voyez que je suis apte à échanger aussi sur des choses sérieuses, mais je préfère les tendresses que ce type de prise de tête.


Je vous embrasse


* ***

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