Lettre à

scribleruss

Lettre IV. Familles bourgeoises

A C *** le lundi 27 février 2017 9.49

   Dites-donc quel temps, pluie et vent, mais ça s'éclaircit, enfin enfin c'est vite dit, je ne sais pas chez vous ...

   Cette anecdote sur Romain Gary ( Avez-vous lu Les « Racines du ciel » ? À lire vraiment … ), Gary dont on croit qu'il a été assassiné bien qu'il soit acté qu'il s'est suicidé, Gary donc qui écrivit à Gaston Gallimard pour se plaindre de ce que le personnel féminin de sa maison porte des dessous noirs, ce qui pour lui était une atteinte au moral des auteurs.

   Sans transition, que voulez-vous je suis un peu, un tout petit peu le Mozart du coq-à-l'âne, passons à Marine Le Pen dont je ne partage pas l'analyse médiatique qui la classe au premier tour, mais enfin amusons-nous avec cette sortie de l'un de ses porte-paroles ;

   " Marine Le Pen défend le SLIP. Elle défend le 'S' de souveraineté, le 'L' de liberté, le 'I' d'identité et le 'P' de peuple.

   Vous avez ça en tête. Vous avez le SLIP, c'est le programme de Marine Le Pen. On peut résumer comme ça intellectuellement. C'est facile de s'en souvenir. "

   La campagne 2017 de sa candidate rappelle d'autre part des souvenirs à cet ancien sarkozyste :" J'étais encore à l'UMP en 2007… Je sens la même ferveur populaire, le même engouement, la même mobilisation, la même envie de gagner. "

   Voire !

   A propos des affaires autour du FN, il dit aux journalistes: " Beaucoup de vos confrères sont un peu comme des moutons. Quand l'un enclenche, le troupeau suit… Aucun problème avec ça, parce que c'est vide. Ça ne prend donc pas dans l'opinion publique."

   Non monsieur ce n'est pas vide, mais peu m'importe, m'importe moi ce règlement de compte entre ce fils qui est allé sur le front et en est revenu en claudiquant suite à une balle dans le genou et qui à vingt-cinq ans veut fuir le domicile parental ce qui donne lieu à une violente dispute familiale somme toute assez classique et ce développement de l'auteur ;

   « Ces feux de joie des familles bourgeoises n'étaient nullement des feux purificateurs ;

   Quand on s'était tout dit, rien n'était vidé.

   Les arguments qui avaient une fois servi à blesser d'une manière souvent subtile ne perdaient jamais leur venin.

   Ils pouvaient resservir indéfiniment, blesser aussi sûrement la centième fois que la première et enfin, ils pouvaient finir par tuer comme on tue avec un poison.

   Et c'était cela qu'ils appelaient la vie de familiale, la douceur du foyer et autres ordures. »

   Le roman, « Le Sang noir » date de 1935 mais depuis les haines familiales n'ont pas évolué, demeurent et ont ce même profil prédateur de ressassements pathétiques …

   ça me rappelle ce Foyers clos je vous hais de Gide …


   Et puis tiens, digression, quand je pense un peu, que je vois l'enfant que nous avons été, espéré, attendu, accouché parfois dans la douleur, choyé, adulé, élevé, puis florissant la plupart du temps dans l'essor d'une famille, d'une emploi, d'une réussite même, et quand j'observe aujourd'hui celui qu'il est devenu, retraité, ignoré, rejeté, vieux, fripé, le corps balbutiant, les neurones fléchissants, je me dis « Quoi! Tout ça pour ça ! ».

Je vous embrasse

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