L'existence hasardeuse (2)

compteclos

Les jours avançaient sans grande peine, et nos paumes collées l'une à l'autre faisaient rayonner le soleil qui n'en demandait pas tant.

Notre sexualité était abolie, interdite, platonique, inexistante. Nous nous aimions sans la moindre intention coquine derrière. Nos vies ne se résumaient qu'à des regards et des mains au chaud dans celle de l'autre.

 

Elodie avait ce goût particulier pour la nourriture, alors que j'étais plutôt accro à la peinture.

Lorsqu'elle avait faim et qu'il n'était pas l'heure de manger, je lui peignais ce qu'elle rêvait de manger, histoire de la faire davantage languir.

Notre passion n'avait rien de commun. Mais, pouvons-vous parler de passion sans le plaisir de la chair ?

Peut-être qu'un jour, nous nous donnerions l'une à l'autre mais ce n'était pas dans nos projets.

On voulait partir en Suède. Parce que la Suède, ça sonnait bien.

«  Ouais j'suis partie en Suède le mois-dernier. » ça faisait classe à dire, vous ne trouvez pas ?

Alors, on économisait. Elodie était caissière et moi…Moi, j'étais artiste. Je vivais de mes quelques rares tableaux vendus dans l'année.

Dure la vie d'artiste inconnue. Mais, c'est la vie que j'avais choisi de mener, au grand désespoir de mes chers parents, qui, en ayant apprit que j'aimais une femme, m'avait montré du doigt la porte en bois.

Ma « marginalité » ne leur avait jamais plu. Ce que je peux comprendre, et ce que je ne peux entendre.

Renier sa fille, était-ce normal ? Renier la chair de son sang, était-ce paradoxal ?

Je ne crois pas. Nos sociétés actuelles sont étranges. L'exclusion sociale est à son avantage et la plupart des êtres humains prônent cela. Pour quelles raisons ? À vous de me les donner. Après tout, je n'étais qu'une artiste méconnue…

Elodie se levait tôt le matin (il lui fallait une heure et trente six minutes pour se préparer). Je me levais tard et buvais mon café en consommant une cigarette qui me consumait.

Souvent, je traînais dans le salon, attrapant au passage quelques bouquins que je ne lisais jamais.

Elodie était une douceur de printemps, un praliné encore emballé, la froideur de l'hiver et la chaleur d'une cheminée. Elodie était un paradoxe que j'aimais changer en équinoxe. La stabilité, l'équilibre parfait, contraste avec son côté paradoxal.

  • L'amour se fiche pas mal de la réalité. Femme, homme, quelle importance ? L'amour te rit au nez, et à ceux de tes principes.

    · Il y a presque 6 ans ·
    Sticker mural papillon bleu noir

    Lev Hamels

    • Et ce hasard, ce jeu de dés aléatoire fait la beauté de l'amour

      · Il y a presque 6 ans ·
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      compteclos

  • Qu'entendez-vous par: "l'exclusion sociale est à son avantage et la plupart des êtres humains prônent cela" ?

    · Il y a environ 6 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

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