L'homme au portefeuille. (2)

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Extrait de: " Les racines restaient enfouies par pudeur tandis que les patates faisaient leurs feuilles, par dessus."

Les bidules étaient des mouches sur un papier collant: une punaise suffisait à les pendre, lorsque l'odeur nauséabonde d'une cinquantaine en quinconce, à les foutre à la poubelle.

L'homme au portefeuille prenait soin de lui et de son environnement. Depuis qu'il avait appris que les poissons respiraient par les oreilles il s'était mis à faire comme eux, et ne sortait exceptionnellement que  par le nez, la fumée des bouffées de ses Lucky Strike, ce qui lui permettait de dire que s'il choppait un cancer aux narines il lui resterait au moins une paire d'ouïes pour oxygéner son aquarium.

Son aquarium était tapissé de sable et de jolie plantes, plantes à gros poumons, plantes qui lui évitait de mettre un moteur à fabriquer des bulles pour faire remuer toute la flotte: plus il y en avait de jolies dans son aquarium et plus l'eau ressemblait à du champagne.

Dans les jolies plantes, il y avait Chacha (du diminutif de Natacha), Vivi (pour celui de Virginie), et Kikette (du superlatif de Kate) qui s'occupaient de ranger ses affaires, de faire propre dans sa maison et parfois d'essuyer le foutre du dessus des meubles.

'C'est l'bazar ! Mon dieu que c'est l'bazar ici ' disait Virginie en passant l'éponge sur la bibliothèque: Regarde-moi ça, du foutre de partout !

Natacha, qui avait récemment lu du Balzac à la plage, rajoutait: 'C'est pas du foutre ! C'est du foutoir !'

Kikette quand à elle, ne faisait rien de la journée. Elle écoutait ses seins et le bruit de ses mèches qui tombaient sur ses épaules.

- Ben tu fais rien Kikette ? lui disaitVivi.

- Non, j'écoute mon corps !

- Encore une qui se la branle ! disait Chacha.

L'homme au portefeuille avait un faible pour Kate, et passait régulièrement sa main dans ses shampoings secs...


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