L'Homme en Noir

camille-kemail-roussillo

"A Moodlane vous pouvez être ce que vous voulez" Allyssandre avait grandi avec l'espoir qu'un jour elle irait vivre là bas, mais l'illusion laisse peu à peu place au doute.

« A Moodlane vous pouvez être ce que vous voulez. »


Assise devant l'écran de télévision, la petite fille regardait les images défilaient sous ses yeux, de merveilleux paysages s'exhibant à sa rétine, une ville au cadre idyllique s'imposait à elle et ses grands yeux vert s'agrandirent, quand elle serait grande, elle irait vivre là bas. Un soupir de satisfaction s'échappa de ses lèvres rose, et elle se plaisait à rêver qu'un jour elle aussi ferait parti de l'élite. Dans l'encadrement de la port, une femme l'observait, elle connaissait ses yeux protecteurs et la petite fille savait qu'elle allait passer un sale quart d'heure. La télévision était pour sa mère synonyme d'oisiveté et de paresse, celui qui fût autrefois son mari, avait insisté pour acheter cet écran de malheur et elle avait cédé bien qu'elle restait tout de même ancrée dans l'idée que regarder des images ne servait pas à grand chose hormis agrémenter des rêves irréalisables. Lorsqu'il était parti voguer dans d'autres bras, elle n'avait pu se résoudre à jeter l'objet du délit, consciente que c'était la seule réelle distraction de sa fille, alors elle avait fixé des règles, avec notamment une heure précise et une durée limitée dans le temps et Allyssandre savait qu'elle venait de fauter, qu'elle n'avait pas attendu l'heure pour regarder la télévision, et ça lui coûterait probablement très chère. Dans un premier temps, elle fût tentée de supplier sa mère, ou même de sangloter, mais finalement elle se contenta de la regarder, et lui lança :


« Moi plus tard j'irais vivre à Moodlane. »


Elle avait allumé le feu, les yeux de sa mère s'embrasèrent et un mauvais rictus se dessina sur ses lèvres. Ses traits s'étaient fait plus durs et la petite fille baissa les yeux, elle n'aimait pas quand elle faisait cette tête là, comme si elle avait fait une grosse bêtise, comme si elle avait prononcé une énormité.


« Toi à Moodlane ? Tu rêves ma pauvre fille ! Pour ça il faut faire partie des meilleurs, avoir un grand métier. Or, tu sais que tu finiras dans l'entreprise familiale. »


Une grimace se dessina sur le visage d'Allyssandre et elle croisa ses petits bras, visiblement mécontente de la réponse de sa mère. Celle-ci avait fait une fixette sur son avenir et ne souhaitait visiblement pas que sa fille s'en détourne, mais la petite fille aux cheveux rose n'avait aucune envie d'aller poser du carrelage chez des particuliers, non, elle voulait devenir quelqu'un, s'élever à un autre niveau, elle voulait accéder à la ville des élites. La femme s'approcha de l'écran et tira sur la prise, c'était fini les idioties, fini les rêves illusoires, elle allait grandir et se préparer à la dure réalité de la vie. Devant l'incompréhension de son enfant, elle lui lança d'un ton cinglant :


« Je ne veux pas que tu deviennes aussi idiote que ton père. »


Coup de poignard. Pourquoi était-elle aussi en colère contre son père ? Ne lui avait-elle pas dit qu'il ne revenait pas à cause du travail, mais qu'il serait là bientôt ? Pourtant, à son ton, Allyssandre comprit qu'elle ne le reverrait probablement pas, qu'il n'était pas parti travailler et que sa mère était énervée contre lui, mais étais-ce une raison pour lui enlever sa seule source de distraction ?

Assise sur son lit, elle regardait le plafond, son amertume était palpable mais elle ne pouvait pas s'en prendre à sa fille de la sorte, pourtant, elle ressemblait tellement à son père. Ce même éclat dans les yeux, cette même détermination à conquérir le monde, elle avait soutenu son mari jusqu'au bout, mais à quoi bon ? Une fois qu'il avait eu tout le soutien dont il avait besoin, il était parti auprés d'une autre, laissant femme et enfant à la maison et elle en était malade. Malade de voir que pour sa fille, son héros, son principal modèle restait son père, alors qu'il l'avait abandonné sans vergogne. Elle restait la femme blessée et bafouée, la principale conversation des voisins et elle se montrait de plus en plus acerbe. Lisa soupira, se passant la main sur les yeux, las, terriblement las de devoir assumer l'éducation de sa petite fille toute seule et de supporter ses caprices et ses chimères à tout bout de champs.

Elles déambulaient dans les rayons du magasin, pressées, comme toujours. Tandis que sa mère lisait scrupuleusement sa liste, barrant au fur et à mesure les ingrédients qu'elle avait mit dans le chariot, Allyssandre s'était éloignée, s'échappant dans le rayon des habits. Elle venait de faire son entrée au collège et ce n'était pas facile tous les jours, elle ne correspondait pas aux codes vestimentaires et ça lui valait de nombreuses moqueries de la part de ses camarades. Elle n'avait jamais le dernier jean à la mode, jamais le petit haut qui fait femme, ni les chaussures un peu habillées, non, Allyssandre portait les vieux vêtements de sa mère, parce que c'était moins chers, parce qu'elle disait qu'elle n'avait pas que ça à faire que lui acheter de nouveaux habits. Alors, elle laissait ses yeux vagabonder de cintres en cintres, à la recherche de quelque chose qui attirerait son attention. Certaines femmes murmuraient, chuchotant probablement sur son haut gris et rapiécé par divers morceaux de tissus de différentes couleur, ou bien de son pantalon troué aux genoux, et elle aurait eu envie de leur hurler dessus, de tirer leur cheveux trop impeccablement coiffés, de déchirer leurs robes bien trop moulantes pour leur corps dodu, mais elle se tût, comme à chaque fois, incapable d'exprimer tout haut ce que son fort intérieur pensait tout bas. Finalement, ses yeux vert se posèrent sur un haut rouge, agrémenté de tête de mort, c'était ''cool'' d'aprés une fille de sa classe, et elle le voulait. Se saisissant du haut, elle chercha sa mère à travers les rayons pour finalement la trouver dans celui des yaourt, hésitant visiblement entre deux marques, cherchant laquelle des deux étaient la moins chère. Allyssandre grimaça, les yaourts qu'elle achetait étaient toujours infectes, et elle ne comprenait pas que pour un euros de plus elle choisisse des choses immangeables. Lorsque Lisa se tourna vers sa fille, elle cru lâcher les produits qu'elle avait dans les mains en apercevant ce qu'elle lui montrait.


« Regarde comme il est joli maman. »


Elle fronça les sourcils, alors c'était ça, maintenant elle voulait ressembler à tous ces gosses de riches qui étaient à la pointe de la tendance ? Il en était hors de question, ils ne venaient pas du même monde et elle n'avait aucune envie de débourser de l'argent dans des choses inutiles.


« Non, n'y pense même pas. Va me reposer ça tout de suite. »


Elle s'apprêta à répliquer mais au regard noir que lui lançait la femme en face d'elle, elle sût qu'il ne servirait à rien d'insister et, un instant, elle pensa à le glisser discrètement son son haut et à le prendre sans payer. Mais bien vite, elle renonça à cette idée, si elle était prise entrain de voler, si elle avait un casier judiciaire, jamais elle ne pourrait un jour accéder à Moodlane, alors, dans un tristesse qui lui étreignait la poitrine, elle alla poser l'objet de son envie, le contemplant encore un long moment sur le cintre, jusqu'à ce que sa mère l'appelle. Allyssandre la rejoignit en traînant des pieds, mécontente devant l'air autoritaire de sa mère.


« Cesse de faire l'enfant et soit contente de ce que tu as. »


D'un ton cinglant, elle répliqua :


« Qu'est-ce que ça te coûte de me faire plaisir de temps en temps ? J'en ai marre de ne ressembler à rien dans des vêtements bien trop vieux pour moi. »


Dépasser les bornes, et elle n'avait pourtant que douze ans. Les lèvres de sa mère se pincèrent et elle passerait probablement un sale quart d'heure à la maison, mais elle n'avait pas peur, ne craignait plus l'autorité de cette femme avec qui elle ne partageait rien. Elles passèrent rapidement à la caisse avant de monter dans la vieille auto bleu pour rentrer chez elles. Le silence était lourd dans l'habitacle du véhicule tandis que, la tête appuyait contre la fenêtre, Allyssandre observait la route, espérant qu'un jour elle pourrait suivre sa propre voie, loin d'ici.

…........................


« Ton front est énorme ! »


Énième moquerie. S'en était trop. Elle allait s'énerver et envoyer valdinguer tout ses imbéciles qui se permettaient de la juger, de la critiquer. Dans un élan de rage, elle était partie s'enfermer dans les toilettes du lycée. Seize ans, l'âge ingrat de l'acné et des premiers complexes et elle était la première touchée. Lorsque la cloche sonna, annonçant la fin de la récréation, la jeune femme attendit que tous le monde monte en cours avant de pouvoir sortir, se frotter aux piques incessantes de ses camarades devenait insupportable et la seule chose qui lui permettait de garder la tête froide était ses notes excellentes en cours qui lui assuraient un futur meilleur à Moodlane. Allyssandre sortit la brochure qu'elle avait dans sa poche, elle ne la quittait jamais, et l'observa sous toutes les coutures. Une image magnifique, idyllique et un cadre saisissant, c'était là bas qu'elle serait heureuse, là bas qu'elle pourrait devenir quelqu'un. Elle deviendrait médecin et se ferait ainsi une place là bas, vers la Terre promise. Lorsqu'elle n'entendit plus aucun bruit de pas, elle sortit de sa cachette de fortune et s'observa dans les miroirs sales et brisés des toilettes publiques. Curieusement, elle passa sa main sur le verre sale, s'imaginant le nombre de femme qui avait probablement dût se maquiller ici, à l'aveuglette dans le verre si terne qui devait leur renvoyer à peine leur reflet, les couples qui avaient probablement dût faire l'amour appuyés contre ces éviers dégoûtants en se contemplant dans le miroir. Faire l'amour. Une des grandes questions qui taraudaient la jeune femme, qui se demandait sans cesse ce que pouvait ressentir les femmes à ce moment là, et elle aussi aurait voulu connaître ce plaisir. Peut être que les filles de sa classe se moqueraient moins d'elle si elle n'était plus vierge ? Elle pourrait s'imposer parmi leur conversation et déblatérer sa vie sexuelle , elle aussi. Un doux sourire flotta sur son visage, s'imaginant ses pimbêches, la mine déconfite devant ses récits rocambolesques, mais la réalité la rattrapa rapidement. Son fort intérieur faisait encore des siennes, pauvre fille, avec une coupe pareille et une frange aussi longue, qui aurait un jour envie de te faire l'amour ? Elles ne se parlaient plus, elle et sa mère vivaient ensemble comme deux parfaites inconnues, Sakura ne la questionnait plus sur son père, de toute façon elle avait arrêté de se faire des illusions depuis bien longtemps et à présent elles n'avaient aucun sujet de conversation, lui demander un peu d'argent pour aller chez le coiffeur lui paraissait donc improbable. Mais tout de même, elle ne pouvait pas rester ainsi, avec des cheveux qui la mettait si peu en valeur. Ouvrant son sac à dos, elle sortit un ciseau vert, puisqu'elle ne pouvait se payer un expert, elle se contenterait de ses petites mains pour s'arranger. Prenant en main sa longue chevelure, longue et cassante au niveau des pointes, il ne lui fallut pas longtemps pour donner un, puis deux, puis trois coups de ciseaux tandis que ses longues mèches rose tombaient au sol dans un doux bruissement. Adieu la frange, adieu les cheveux trop long, ils étaient à présent court, coupés d'une drôle de façon, mais court. Satisfaite d'elle, la jeune femme rangea son ciseau, maintenant personne n'oserait se moquer d'elle.


« J'y crois pas, grand front a massacré ses cheveux ! »


Garder son sang froid. Si elle se battait, ses chances d'intégrer Moodland seraient définitivement foutues et elle ne voulait pas laisser passer cette chance inutilement. Alors, la tête haute et le regard fier, Allyssandre tourna les talons, rentrant chez elle. S'intégrer avait toujours été pour elle assez difficile, elle avait toujours l'impression de détonner avec le monde qui l'entourait, comme si elle n'était à sa place nulle part et elle ne voulait plus de ça. Se faire une place, devenir quelqu'un. Son seul et unique but dans la vie. Lorsqu'elle passa le seuil du petit appartement dans lequel elle habitat avec sa mère, elle ne fut pas surprise du regard horrifié que celle-ci lui lança.


« Mais enfin, qu'est-ce que tu as fais à tes cheveux ! »


Allyssandre ne tourna pas ses yeux vers elle, c'était inutile et ce serait encore s'engrener dans une confrontation qui n'avait pas lieu d'être.


« J'avais envie de changer. »


Alors, devant le caractère tragique de la situation, et puis peut être parce que sa conscience de mère lui soufflait que si sa fille en était arrivée là c'était à cause d'elle, elle lui tendit un billet, lui lançant :


« Va chez le coiffeur, il t'arrangera ça. »


…..................


Son admission à la fac avait été la période de délivrance pour Allyssandre. Ses excellentes notes lui avaient permise d'accéder à une bourse plus que raisonnable et lorsqu'elle avait reçu sa lettre d'admission, elle n'avait pu s'empêcher de crier de joie, les études de médecines l'attendait et elle toucherait bientôt à son but, elle pourrait s'évader loin de cette vie misérable qu'elle n'avait jamais désiré pour se diriger vers une avenir bien plus radieux. Dans l'encadrement de la porte, une cigarette aux lèvres, sa mère avait le regard lointain, pour une fois, une émotion autre que la colère transparaissait chez elle, elle semblait triste.


« Tu ne reprendras pas l'entreprise familiale n'est-ce pas ? »


Un sourire ironique se dessina sur les lèvres de la jeune femme, ses cheveux rose retombant de part et d'autre de ses épaules.


« Ce n'est pas vraiment une surprise … Maman. »


Lisa tourna sa tête vers elle, surprise par le mot qu'elle venait d'employer, Allyssandre ne l'avait plus appelé ainsi depuis bien longtemps et ça lui faisait toujours un drôle d'effet, alors qu'elle était pourtant son enfant, la chair de sa chair.


« Alors tu vas partir. »


Ce n'était pas une question, plutôt une affirmation et Allyssandre n'avait pas le cœur de la contredire, elle n'attendait que ça, partir loin de la maison, loin de cet endroit sinistre qui avait bercé son enfance. Elle se contenta donc d'hocher la tête, avant de filer dans sa chambre pour boucler sa valise, une nouvelle liberté l'attendait et le cœur de la jeune femme battait à cent à l'heure. Debout devant sa petite armoire, elle parcouru des yeux les maigres habits qu'elle avait, finalement elle n'emporterait rien, juste ses affaires de toilettes, le peu de maquillage qu'elle avait et l'un de ses T-shirt préférés que lui avait envoyé son père pour son dix-septième anniversaire : un T-shirt blanc avec une tête de Mickey au centre. Pourquoi un vêtement aussi enfantin ? Probablement parce qu'il avait oublié l'âge qu'elle avait, parce qu'il n'avait jamais prit la peine de la revoir aprés toutes ces années, mais il restait son héros et elle avait accueillit son présent avec plaisir au plus grand désespoir de sa mère qui ne la comprendrait probablement jamais. Lorsqu'elle eu bouclée ses affaires, elle se dirigea vers la porte d'entrée. Elle avait délibérément choisi d'aller vivre en internat pour échapper au quotidien morose qu'elle avait, et, elle avait espéré que comme toutes mères normales celle-ci aurait versé quelques larmes en la voyant partir, mais ce n'était pas le cas de Lisa, au fond ça lui faisait un poids en moins, une bouche de moins à nourrir et cette constatation blessa Allyssandre plus qu'elle ne l'aurait voulu.


« Et bien aurevoir. »


La jeune femme aux cheveux rose écarquilla les yeux. C'était tout ? Elle ne s'attendait pas à une quelconque preuve d'affection, mais pas non plus à un simple ''aurevoir''.


« Tu viendras me voir à la fac ? »

Sa mère sembla pensive, les yeux dans le vague tandis que sa cigarette se consumait dans sa main. Finalement, elle finit par hausser les épaules.


« Tu sais, j'ai beaucoup de travail. On verra d'ici là. »


Ce fût les dernières paroles échangeaient avec sa mère, tandis qu'Allyssandre, se rendait à la gare. Elle ne lui en voulait pas, au fond ce n'était qu'une femme blessée qui ne s'était jamais remise de la trahison de son mari et qui voyait en sa fille le portrait craché de celui-ci, alors non, elle se disait que ce n'était pas sa faute à elle et que sa mère avait de toute façon baissé les bras depuis bien longtemps.


….........................


« Allyssandre, hey, Allys' réveilles toi ! »


La jeune femme eu du mal à émerger ce matin là, et elle cligna plusieurs fois des yeux avant d'arriver à les ouvrir complètement. Elle vit à côté d'elle, sa copine de chambre, déjà apprêtée et pomponnée.


« Allez le Loire, debout ! »


Déjà trois ans qu'Allyssandre était à la Fac et c'était probablement les meilleures années de sa vie. Elle avait connu les premiers émois amoureux, les premiers chagrins aussi, les premières expériences sexuelles et par dessus tous les premières amitiés, chose qu'elle n'avait jamais connu avant d'entrer finalement dans le monde étudiant.


« Tu vas être en retard pour ton cours d'anatomie. »


Mince ! A l'entente de son cours préféré la jeune femme se leva à la hâte, faisant voler tout ce qu'il y avait dans la petite chambre qu'elle partageait avec Amy, cherchant désespérément son T-shirt préféré et un jean. Elle entendit un petit rire amusé derrière elle et Allyssandre ne pu s'empêcher de sourire, Amy était une jeune femme pleine de vie et adorable et ce qui était sûre c'est qu'elles seraient probablement toujours liées l'une à l'autre. Elles en étaient à leur dernière année d'étude et Allyssandre avait hâte que ce soit terminé, hâte de savoir si oui ou non elle serait admise à Moodlane en tant que médecin généraliste à l'hôpital.


….....................

Assise sur son lit, les mains de la jeune femme aux cheveux rose tremblèrent. Vingt-cinq ans, son diplôme de médecine en main, elle n'osait ouvrir l'enveloppe qu'elle attendait depuis tellement longtemps, depuis presque vingt ans. Finalement, aprés d'interminable minutes à fixer le bout de papier, elle déchira finalement l'enveloppe, déroulant ce qu'elle contenait, tremblante d'appréhension. Elle parcouru des yeux la lettre et, son visage se détendit peu à peu un doux sourire se fichant sur son visage :


« Mademoiselle , vous avez été accepté en tant que mèdecin à l'hôpital de Moodlane, Félicitation. Voici votre billet de train, et n'oubliez pas, chez nous vous pouvez être ce que vous voulez. »


Allyssandre serra la lettre contre son cœur, elle touchait prés du but, le monde lui appartenait et elle allait le saisir à pleine main. Demain, elle serait loin, dans la vie qui était enfin la sienne.

La jeune femme ouvrit la petite armoire de sa chambre d'étudiant, elle n'avait pas grand chose à emporter, à vrai dire elle voulait tout laisser derrière elle, c'était un passé dont elle ne voulait plus pour seulement se tourner vers l'avenir.


Le trajet lui avait paru interminable, et, la tête appuyée contre la fenêtre, elle regardait son monde s'envoler, apercevant au loin le panneau indiquant ''Moodlane''. Lorsque le train s'arrêta, la jeune femme descendit du wagon, inspirant l'air frais du petit matin, à quelques mètres de son rêve. Pour l'occasion, Allyssandre avait enfilé la seule robe qu'elle avait, une robe rouge à fines bretelles et des escarpins noir. Si sa mère la voyait comme ça, elle la traiterait probablement de tous les noms, mais sa mère n'était pas là et elle était enfin libre de vivre sa vie comme elle l'entendait et c'était probablement la chose la plus grisante au monde. Elle avança d'un pas assuré tandis que le portail de la ville s'ouvrait pour la laisser entrer, rencontrer un monde meilleur. Alors que les grilles se refermaient, la jeune femme aux cheveux rose regarda le plan, elle devait se rendre chez le Maire, c'était le protocole de la ville et elle n'y dérogerait pas. Elle repéra très vite une pancarte indiquant le plan de la ville, Allyssandre le regarda attentivement découvrant que Moodlane était bien plus grande que ce qu'elle imaginait. Une fois qu'elle eu repérait l'endroit où se trouvait le maire de la ville, elle appela un taxi, jugeant que ce serait certainement plus facile comme ça pour commencer, elle ne pouvait se permettre d'être en retard aujourd'hui, les bus attendraient donc les prochains jours. Une voiture jaune ne tarda pas à arriver, s'arrêtant devant la jeune femme.


« Bonjour mademoiselle ! Montez. »


Dans un sourire, Allyssandre hocha la tête, montant dans la voiture. Elle observa le conducteur, il avait des cheveux châtain en bataille et des yeux chocolat, de plus il était particulièrement souriant ce ui conforta la jeune femme sur l'accueil des habitants de cette ville. Alors qu'ils roulaient depuis quelque minutes, le chauffeur ne pu s'empêcher de remarquer.


« Je ne vous ai jamais vu par ici, vous êtes nouvelles ? »


La jeune femme acquiesça.


« Oui je viens d'être admise en tant que médecin à l'hôpital de Moodlane. »


Un grand sourire fendit le visage du jeune homme qui devait être à peine plus vieux qu'elle.


« C'est super ! Vous allez voir, c' est la ville rêvée, nous nous connaissons tous ici, vous ferez bientôt parti des nôtres ! »


La jeune femme eu soudainement une drôle d'impression mais elle la chassa bien vite, ce n'était pas le moment de se gâcher la vie toute seule.


« Au fait, moi c'est Allyssandre ! »


Il tourna alors sa tête vers elle.


« Enchanté, je m'appelle Marron. »


Avant que la jeune femme n'est pu le questionner sur son étrange prénom, la voiture s'arrêta et le dénommé ''Marron'' lui intima alors de descendre.


« Vous voici chez le Maire ! Bon courage mademoiselle, probablement à une prochaine fois. »

La jeune femme fit un geste d'aurevoir au taxi qui s'éloignait, et elle se tourna alors vers la demeure du Maire. C'était une grande maison, aux briques couleur or et elle fut impressionnée par l'architecture fine de l'habitat. Il lui fallut un bon moment avant de se décider à sonner, et la porte s'ouvrit, laissant place à un Majordome.


« Entrez, il vous attend.  Son bureau est à l'étage.»


Allyssandre entra dans la maison, admirant bouche bée le luxe qui régnait dans la pièce où elle se trouvait, du canapé en cuir, jusqu'à la table basse en Murano, en passant par les différents tableaux d'artistes inconnus à la jeune femme qui ornaient la pièce. La jeune femme monta les escaliers, laissant sa main vagabonder sur la rampe en bois, avant de se retrouver nez à nez avec une porte blanche. C'était là, elle n'en avait aucun doute. L'appréhension lui nouait le ventre et avec hésitation elle toqua une première fois à la porte. Pas de réponse, le calme plat. Elle toqua une deuxième fois, peut être ne l'avait il pas entendu ? Pourtant, personne ne vint lui ouvrir. Finalement elle poussa l'encadrement en bois blanc jetant des regards dans la pièce qui se trouvait devant elle. Un bazar monstrueux régnait dans la salle, des livres jonchés sur le sol, une pile de papier s'élevait sur le bureau et les meubles étaient sans dessus dessous. Elle se racla la gorge, peut être pour attirer l'attention d'une quelconque personne, si une quelconque personne se trouvait là d'ailleurs. Finalement, la chaise de bureau se retourna et une homme apparu. Grand, blond, aux yeux incroyablement bleu, se leva devant elle et un grand sourire aux lèvres s'afficha sur son visage. Allyssandre se sentit rougir, un peu intimidée par cet homme qui ne devait pas être plus âgé qu'elle. Chaleureusement il lui tendit la main.


« Je vous attendez. »


La jeune femme tendit sa main, serrant celle de l'homme en face d'elle.


« Je m'appelle Allyssandre. »


Dans un sourire le blondinet lui répondit :


« Je sais oui j'ai beaucoup entendu parler de vous, et j'ai suivi votre parcours. Parcours exemplaire d'ailleurs si j'en juge par vos excellentes notes. »


Le cœur battant la chamade dû probablement à l'excitation qu'elle ressentait à l'idée d'enfin réaliser son rêve, la jeune femme aux cheveux rose répondit :


« C'est mon rêve depuis des années. J'ai toujours voulu venir vivre à Moodlane. »


« Et vous avez travaillé dur pour cela. » Renchérit le jeune homme.


Il lui désigna une chaise en face de son bureau et lui intima de s'asseoir, il était maintenant tant de lui expliquer le fonctionnement de la ville. Le jeune homme prit place en face d'elle, et sortit un papier, regardant alors la jeune femme.


« Je suis le maire de cette ville, mais trève de mondanité, appelez moi Jaune. »


La jeune femme ne pu s'empêcher de repenser au chauffeur de taxi, lui aussi portait un nom de couleur et elle trouvait ça plutôt étrange. Néanmoins, elle ne le coupa pas, attentive aux informations qu'il allait lui apporter.


« Ce que vous devez savoir Allyssandre, c'est qu'ici, tout le monde porte un nom de couleur, nous appartenons tous à la même communauté, nous ne sommes plus des êtres humains chacun dans leur coin, nous devenons tous une seule et même famille. Tu seras rebaptisée lors d'une cérémonie officielle, et, je pense que le Rose t'ira à merveille. » Expliqua t-il d'un air mutin en observant la couleur de cheveux de la jeune femme.


Elle avait dû mal à se faire à cette idée, mais aprés tout si c'était le fonctionnement alors elle s'y plierait, c'était la vie, la famille, dont elle avait toujours rêvé.


« Cette ville à été crée il y'a plus de dix ans par mon père, il en a fait un patrimoine pour toutes les personnes hors normes, pour l'élite de ce monde, des personnes de tous les pays sont venus vivre ici et, aujourd'hui, c'est moi qui règne sur la ville. Celle-ci est riche en histoire et en culture et je t'invite vivement à aller faire un tour du côté des musées et de la cité des sciences ! Pour ce qui est des événements de la ville, la participation de chaque habitant est obligatoire, chacun doit mettre la main à la pâte. »


Allyssandre hocha la tête, attentive à toutes les informations qu'il lui donnait. Elle ne pu alors s'empêcher de lui demander :


« Et pour ma chambre ? »


Jaune ne pu s'empêcher de rire, un rire franc et doux qui fit rougir une nouvelle fois la demoiselle.


« Quelle chambre ? Tu as un appartement, comme tout le monde ici. Je vais te donner les clés et le plan de la ville afin que tu puisses y aller sans te perdre. Les lignes de bus passent régulièrement, mais si tu préfères le confort d'une voiture, Marron est le meilleur taxi de la ville, il la connaît comme sa poche. »


« C'est ce que j'ai pu constater en venant ici. »


Jaune sourit quelque peu.


« Dernière petite information, demain tu commences à huit heures, Blanche t'attend, c'est la dirigeante de l'hôpital, une femme très droite et au fort caractère. Tu auras l'occasion de rencontrer tous les habitants, et je suis sûre que tu sauras t'intégrer sans problème à la ville. Je te souhaite la bienvenue. Oh et, une dernière petite chose, tutoies-moi, le vouvoiement ce n'est pas vraiment notre truc. »


Dans un sourire la jeune femme acquiesça, se levant, en même temps que Jaune. Celui-ci lui tendit alors les clés de son appartement et le plan de la ville, et dans un sourire aux lèvres ajouta :


« Bonne chance Allyssandre. Si tu as le moindre problème n'hésite pas à venir me voir, de toute façon nous serons amenés à nous rencontrer souvent, j'essaye d'être présent au maximum dans les activités de la ville, mais comme tu peux le voir, la paperasse en revanche ce n'est pas mon truc. »


La jeune femme ne pu s'empêcher de rire.


« Je vois ça oui, bon et bien merci de ton accueil Jaune, je sens que je vais me plaire ici. »


« Je l'espère. »


La jeune femme hocha la tête et, dans un dernier aurevoir sortit de la demeure du jeune homme qui avait été des plus sympathiques. Elle leva la tête, le soleil était radieux et un avenir merveilleux s'offrait à elle, la jeune femme avait des étoiles pleins les yeux et elle profiterait pleinement de cette seconde vie qu'on lui offrait.

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