Liste dixième : résiliences sauvages

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Photographie par Ziad Naitaddi, tirée de la série "untitled Marocco", 2015-2018.



Rêves à laper la terre

Comme une source de lait

Dans les joies conscientes

 

Le vent connaît les charnières

Qui font plier le sang

Il écoute à la fenêtre

Les souffrances sur lesquelles on ferme la porte

*

Pierre de pain

Nous avons seulement meurtri

Le rythme de ces gestes

Antiques qui nous continue

 

L'élan du bout des branches

Toujours solide la racine comme une maison

La maison comme un livre

Et l'avenir autour comme une forêt neuve

*

Nous ne donnons pas aux braises la force des orages

Les torrents vont des unes aux autres

Incontestables

 

Nous sommes l'aliment  du temps nous mangeons notre colère

Comme le feu nous coulons vers la mer

*

 Elle dont le cœur ébloui de sommeil

Résorbe le matin ses  feuillages tendres

Elle étirée paressant sous la paupière

Elle comme la défaite des serrures

Elle à venir fracturant l'ombre

Allèle d'aile forant dans la lumière

*

Ici

Horizontal et maintenant compris

Ici concave de charbon ici de veines embrasées

Grisou du temps

Abattre le marteau du même pas qu'on sème

*

Emilie d'un seul mot

Tout ton éclat caresse  

*

La faim des rues

A tiré l'avenir de son lit

Le lait des veuves et des nuits

 

Et sur la colère des charniers.

*

Je suis grenier de toi

Et dans l'odeur des pommes

Plein de la trajectoire de nos étreintes

Et du cristal de tes cheveux

 

Toi sur mes premiers mots

Lointaine mélodie à la périphérie de mes paupières

Toi la lisière des chutes

Toi le foyer où tout ramène

 

Dans une langue facile

Tu te dénoues tu sourds

Et le soc de tes yeux dans la terre de mes rêves.

**

(A Pierre)

 

Et le soc de tes yeux

Comme le rebouteux à pleine nuit

Chassé de semailles en semailles

 

La voix ébouillantée de l'aube se fait attendre.

*

Caverne ta poitrine

Le temps y creuse des échos fragiles

Et la mer la décore à un rythme nouveau

 

Caverne d'Italie battant de son sang noir

Une enfance blanchie au feu des souvenirs

 

Dehors la route

Soudain se détache de terre

La solitude continue d'armer les pierres

*

Je t'ai connu j'avais des ans et de l'élan

Toi tu tissais les étoiles et l'ombre

Tu donnais la parole aux fous à l'abandon

Tu concourrais au monde

Debout comme un chantier à déplier des chairs

Et rien n'annonçait l'aube

Sinon l'ivresse à la pointe des bougies

Fichée dans l'ampleur de ton souffle

Soulevant revenant reliant

Dans l'ampleur de la houle dans celle de ton chant

Rien n'annonce l'avenir

Où le silence fait tomber sa courbe

 

Rien que d'une crue

Repositionner le temps

En terminant d'éclairer la solitude

Le labeur est épais comme un geste d'amour.

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