L'Ivre

Je retrouve des mots connus, des tournures de phrases. Je souris en lisant, derrière mon écran, moi qui empile des tonnes de livres dans ma minuscule chambre. Pourtant, ici, j'aime lire. Lire les autres. Se rendre compte que chacun vit presque les mêmes choses. Que nos envies, nos pensées ne sont pas si différentes. Connectés grâce aux mots. Savoir que des gens se cachent, se planquent derrière des noms, des mots, des pseudos, pour écrire des choses aussi belles. Pourtant, je fais pareil. Imposteur des mots. Tourneur de phrases étranges. 

Les couleurs des couvertures se chevauchent, se mélangent. Des bulles blanches sur une campagne automne. Les fées indescriptibles sur la lumière du soir. 
Ce livre, posé sur le lit, devant moi, fait partie de ces livres qui font mal. Dans lesquels on oublie de regarder vraiment les mots pour se concentrer sur l'ambiance, l'histoire. Chaque page tournée fait un peu plus mal mais il faut bien avancer. Continuer. Pourtant, rien ne me ressemble dans ces pages. Rien, ni ces cheveux courts, ni cette ville japonaise plongée dans la nuit. Je dévore la douleur qui en coule. La couverture en cuir a été faite par ma grand-mère si ma mémoire ne me trompe pas. Les pages sont cornés, parfois arrachées. Les mots à demi effacés. Mes yeux ne se posent pas avec moins d'envie sur chaque nouveau mot, sur chaque nouvelle page qui s'offre à moi. 

Merci. à ceux qui écrivent dans l'ombre ou sous la lumière.