L'observateur
compteclos
« Mademoiselle cherche le Grand Amour ? »
S'enquit le jeune homme en s'asseyant à ma table où était tranquillement installé mon jus de mangue et mon bouquin « Trois essais sur la théorie sexuelle » de notre cher Freud.
« Mademoiselle cherche surtout la tranquilité. Que me voulez-vous ? »
« Je vous regarde depuis quinze bonne minutes. Vous êtes encore plus belle lorsque le soleil rend vos mèches blondes, rousses. »
« C'est gentil. Au revoir monsieur. »
« Non. Je veux vous connaître. Vous m'inspirez. »
« Je vous inspire. Vous êtes artiste ? »
« Artiste de vos nuits, si vous me le permettez. »
« C'en est trop ! »
« Donnez-moi une chance. »
« Pourquoi ? »
« Parce que vous en avez autant envie que moi. »
Je pouffa d'ironie.
« Alors c'est comme ça ? Un inconnu vient s'asseoir à ma table en me demandant de lui donner une chance pour qu'il soit, dixit, l'artiste de mes nuits ? »
Je ria aux éclats, il ne se vexa pas pour autant et continua sur sa lancée.
« Vous croyez au coup de foudre ? Je n'y croyais pas voyez-vous, mais lorsque je vous regarde, j'y crois. »
Inconsciemment, je rougis.
« Bon.. Je ne couche pas dès le premier soir, désolée. »
« Vous mentez. »
« Comment ça ? »
« Votre nez a remué. »
« Et ? »
« J'ai pris le temps de vous analyser. Tout à l'heure le serveur vous a dit qu'il n'y avait plus de jus de pomme, lorsqu'il vous a proposé le jus de mangue en vous demandant si cela vous dérangeait, vous avez remué votre nez en répondant « oui » ».
« Mais.. »
« Et ce n'est pas tout, à la page 18 de votre livre, je sais que quelque chose ne vous a pas plu, car vous avez mordu votre lèvre en faisant de vos beaux yeux, de belles globules tachées de blanc et de vert. »
J'étais bluffée par cet homme. Mais, qui était-il ?