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vividecateri

Texte à contrainte Mots du 29 03 2020 Domicile, achats, distance, cocher, nécessaire

Le gendarme Albert qui connaît notre famille depuis des lustres m'a téléphoné ce matin en me demandant de venir au plus vite chercher mémé au bureau de la gendarmerie et de la ramener illico à son domicile, que ma venue était absolument urgente et nécessaire car il allait finir par perdre son sang-froid !

Donc j'ai coché mon attestation de déplacement dérogatoire sur « Convocation judiciaire ou administrative » Et me suis rendu au poste. Qu'avait-elle encore fait comme bêtise pour s'y retrouver et mettre Albert dans tous ses états ? Je ne m'étais même pas rendu compte qu'elle était partie.

Quand je suis arrivé au poste. Derrière son bureau, Albert avait les yeux d'un chien enragé et ses cheveux en bataille mais aussi ce qui était plus inquiétant, un énorme hématome naissait au-dessus de sa pommette droite et quelque chose me disait que mémé y était pour quelque chose.

Elle était assise  bien sagement sur un banc, appuyée contre le mur, sous les affiches des disparus et autres malfrats recherchés.

Je n'ai pas le temps de dire quelque chose que tous les deux de lèvent et m'adressent la parole en même temps.

Je les arrête d'un geste et demande au lieutenant le pourquoi de la présence de mémé à la gendarmerie.

- Ta mémé se trouvait sur la chaussée menant au super marché, et elle faisait du stop ! Je te jure !

Je passais par là en voiture et je me suis arrêté, j'ai baissé ma vitre et je lui ai demandé ce qu'elle faisait seule sur cette route. Elle m'a répondu que ce n'était pas mes oignons, d'ailleurs c'est ce qu'elle allait faire comme achats, avec des plants de salades, à la société agricole près de l'Inter. Car c'est le moment de les planter au potager.

J'ai quitté le véhicule après lui avoir expliqué qu'actuellement avec le Covid 19, personne ne s'arrêterait et qu'à cette distance elle en avait encore pour une heure de marche, avec précaution je lui ai dit qu'à son âge, ce n'était pas raisonnable et qu'en plus l'établissement devait être fermé.

Je lui ai demandé si elle avait son attestation de déplacement.

Elle m'a répondu qu'elle n'en avait pas et que ce n'était pas une vieille comme elle, qui avait connu la guerre, qui avait fait de la résistance, qui devait avoir un laisser passer pour un stupide virus.

Je lui ai fait remarquer qu'elle était en contravention avec la loi et qu'elle était un danger public. Et je lui ai demandé de monter dans la voiture pour que je la ramène chez elle. C'est alors qu'elle m'a flanqué un coup de canne sur la tête. Voilà ! Pourquoi ta mémé est ici ! De gré ou de force.

Et depuis, elle n'arrête pas de m'insulter de tous les noms d'oiseaux, sous prétexte qu'elle m'a connu en culottes courtes et que je l'ai traitée de danger public.

Donc, tu prends ta mémé avec toi avant que je ne perde patience et que je la flanque en cellule jusqu'à demain. Je suis seul au bureau depuis 15 jours, à gérer le confinement avec ce foutu virus de malheur, tous mes collègues sont sur le terrain…Je ne vais pas supporter un problème de plus ! Je vais finir par craquer !

- Calme-toi Albert… Je comprends, merci beaucoup pour ce service…Bon courage ! Je prends la peste et la ramène chez elle ! A plus.

- Surtout pas !


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