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vividecateri

Texte à contrainte Mots du 3 01 2020 Lundi, censeur, dîner, léger, comité.

Lundi soir, j'ai pris l'ascenseur avec mon voisin, un célèbre magistrat italien, un romain pas très sympathique qui contrôle les mœurs de ses concitoyens et surtout les miens. Le genre de mec qui te regarde de haut et qui te critique avec la concierge, car il n'a pas d'amis. Ils discutent sur tous mes faits et gestes. Par exemple, lorsque je rentre très tard ou bien quand je reçois. Quand je passe devant la loge, ils ne sont même pas discrets. 

Il avait dû participer à un dîner de comité des censeurs, car il était habillé en pingouin avec sur son revers un badge ésotérique. Le menu ne devait pas être très léger et certainement bien arrosé. Son visage était cramoisi jusqu'aux oreilles, sa veste était ouverte et je remarquai un petit ventre rebondi sous une chemise avec des boutons en tension prêts à exploser. Il ne tenait pas très bien en équilibre sur ses guibolles de marabout vieillissant. Je parle de l'échassier.

Lorsque nous sommes arrivés sur notre palier et que la porte de l'ascenseur s'est ouverte.

En sortant précipitamment, il a lâché un énorme rot.

J'ai éclaté de rire.

Furieux, il m'a hurlé que je n'étais qu'une petite pétasse irrespectueuse.

Ce cri de fureur fut accompagné d'une caisse monstrueuse. Sortant du…cœur à n'en pas douter.

Je n'en pouvais plus…J'étais hilare. Je lui ai dit, en le suivant et en trottinant qu'il pouvait être tranquille, que cette première conversation privée et surprenante resterait confidentielle. Il m'a tourné le dos et s'est dirigé en titubant vers sa porte d'entrée, toujours en musique pétaradante.

Le critique sévère perdait toute contenance, si j'ose dire.

Après plusieurs tentatives d'ouverture, humilié, outré, il a claqué la porte presque sur mon nez. Mais le parfum du juge, longtemps dans le couloir est resté. Je suis persuadée qu'après cette aventure tonitruante et odorante. Les critiques envers moi, vont cesser. 

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