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Quand j'étais enfant, ma mémé m'envoyait à l'épicerie au coin de la rue afin d'acheter ce dont elle avait besoin pour cuisiner ou bien ce qu'elle avait oublié. J'aimais bien m'y rendre car l'épicière, je ne sais par quel mystère, m'avait à la bonne comme on disait dans le temps et elle me comblait souvent de petites faveurs. Je recevais des bonbons, des petits gâteaux, diverses friandises qu'elle ôtait d'un grand bocal en verre installé sur le comptoir. Ce que j'aimais le plus, c'était les sucettes à l'anis. Je ne détestais pas recevoir des baisers de cette plantureuse dame à l'accent italien et au visage de madone, ses joues sentaient le savon, un parfum délicat de pétales de roses comme celui du bouquet que je venais de cueillir pour elle, dans le jardin du curé.