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Plaidoirie pour Mémé.

Monsieur le président, Madame, Monsieur,

J'ai l'honneur d'assumer la défense de Mémé de Pirouly qui à l'âge de 99 ans selon les pompiers et 102 ans selon les gendarmes se présente devant vous avec un casier sans tache.

Sa tragédie réside dans le fait qu'après une vie à l'abri de toute critique, elle doit « s'expliquer »  dans une affaire grave au regard des textes en vigueur, affaire dans laquelle elle s'est embarquée sans y avoir le moindre intérêt personnel, par pur humanisme, par solidarité, générosité et amitié à l'égard de son amie d'enfance, Jeanne de La Couyette, qui dans un moment suprême de détresse amoureuse, lui avait confié son désespoir.

Monsieur le président, Mémé de Pirouly ne pensait pas, en postant dans la boîte aux lettres de la chapelle du hameau, des courriers anonymes, écrits à l'aide de lettres découpées une à une dans des magazines féminins ou des prospectus et avec pour messages « C'est la fin » « Adieu vieux salaud » « Crève dans tes boulettes » ou encore « J'aurai ta peau vieille canaille » que Monsieur le sacristain se sentirait sali et bafoué par les menaces de mort et les insultes. Mémé de Pirouly, quand il s'agit d'amitié, intervient volontiers sans trop réfléchir aux conséquences.

Elle ne pouvait pas admettre que Monsieur le sacristain, ici présent en tant que victime, avait éconduit son amie amoureuse sous prétexte qu'elle était trop âgée et très laide!

J'ose vous faire remarquer que Monsieur le Sacristain n'est pas de prime jeunesse avec ses quatre-vingt-dix ans et que Jeanne vient de fêter ses quatre-vingt-seize printemps.

Nous pouvons en conclure que ce ne sont que des maladresses d'une dame âgée qui déteste l'injustice, qui lit trop de romans d'amour et qui regarde trop de séries télévisées idéalistes.

Mémé de Pirouly  présente ses plus plates excuses à la victime et promet de ne plus s'occuper des affaires de cœur de ses amies.

Son petit-fils qui l'accompagne, veillera à ce que cela ne se reproduise plus jamais.

Cela devrait vous inciter, Monsieur le Président, Madame, Monsieur, à faire preuve d'indulgence pour ma cliente.

Je vous remercie.