Logo rallye 29 d'Y5

Pour mon plus grand plaisir, le ciel m'offrit ce soir-là une des plus violentes tempêtes que j'ai jamais vues. Un cadeau à la hauteur de mon délire : observer un orage depuis le sommet de la montagne. De quoi fournir mon album photo de clichés inédits ! Et pour me mettre à l'abri si ça "tapait" trop fort, je me réfugierais dans le tunnel qu'emprunte la route, juste avant le sommet.

Mais au moment de partir avec mon équipement, quelque chose m'arrêta. Un intérêt moindre pour ce rêve que je caressais pourtant depuis longtemps. Une lassitude inexpliquée qui m'engourdissait peu à peu. Une reconsidération de mon projet qui m'apparut sous un angle plutôt farfelu. La photo de mes parents qui, tout en me souriant avec bienveillance, laissaient paraître une lueur d'inquiétude dans leur regard, détail que je n'avais jamais remarqué jusqu'à présent. Jusqu'à la clé de ma voiture que je retrouvai derrière le meuble où je la posais habituellement.

La soirée s'écoula sans que je puisse me décider à agir, prise dans une sorte de léthargie. Et l'orage poursuivit son chemin.

Mécontente de mes tergiversations, je passais une nuit blanche à me vilipender contre cette occasion unique que j'avais laissé passer.

Le lendemain, la coulée de boue sur la route que j'aurais dû emprunter faisait la une du journal local, d'autant qu'elle avait recouvert la totalité du tunnel. Aucune victime n'était à déplorer, mais il ressortait que deux bergers y étaient prisonniers.