l'ombre d'un echo (defi n 11 club jetez l'encre)
christinej
Tout les jours c’est comme ca désormais, a chaque fois que je mets les pieds dans ce foutu bahut, j’ai droit a des regards de travers, et des chuchotements dans mon dos. Je sais ce qu’ils disent et ce qu’ils pensent de moi, que j’ai peté un plomb, que je suis folle, que je suis une junkie…et encore la, ce sont les plus aimables.
Mais je n’ai pas choix, mon père ne veut pas que je reste a la maison, il a assez de ma mère qui ne se lève plus de son lit. Ma famille est déjà pas terrible a supporter, mon père toujours absent pour son travail. Ma mère en pleine déprime qui passe son temps a dormir. J’avais encore une place ou je pouvais respirer, avoir une vie a peu près normale, être une ado banale, mais c’est plus le cas désormais.
Je ne sais même pas ce qui c’est passé réellement, c’est flou, inexplicable comme dans un cauchemar. On m’a expliqué que je me suis éjectée de ma chaise pendant le cours de Français, ensuite je me suis effondrée au sol et je n’arrêtais pas de répéter “ca suffit.”.
Je n’arrête pas de faire des cauchemars en ce moment, je bouge tellement dans mon lit que j’ai des bleus qui apparaissent partout sur mon corps.
Je n’aimais pas l’école avant, mais c‘était supportable, mais la, c’est carrément l’enfer. Je passe mon temps seule, les cours ne m’intéresse pas sauf le cours de dessins. Heureusement aujourd’hui c‘est le cas.
Comme d’habitude je me mets dans un coin, isolé de tous. Devant moi une grande feuille blanche attend que mon crayon lui donne vie.
Mon morceau de fusain en main, des idées plein la tête, je suis prête a faire mon premier trait.
C’est la que l’ai entendu distinctement, une voix, ma voix, enfin l’écho de ma voix, c‘est tellement confus. Rien de très net, comme les résidus d’une arrière pensée, le souvenir d’une phrase lancée dans le vide. “ARRETE!” résonne dans ma boite crânienne comme une bille dans un flipper.
Apres tout a commencé a tourner, a s’embrouiller. Un noir épais et crasseux dégouline des murs, envahissant tout les espaces lumineux. Cette masse visqueuse et sombre avance, s’attaque maintenant aux élèves, les avale, les digère, ne recrachant que des os . La salle est devenue sous mes yeux une cave moisie, lugubre et froide. Un simple trait de lumière s’échappe d’un carreau cassé. J’ai vu ou tout du moins ressenti quelque chose, j’en suis sure quelque chose vient de bouger, une forme courbée, ratatinée maigrichonne, courant comme un rat d’un coin a un autre. Je sens la peur monter en moi avec force, trifouillant dans mes viscères, retournant mon estomac, serrant mon cœur pour faire émerger de ma gorge un cri, non! un hurlement de frayeur.
Quand je reprends conscience, toute la classe est figée, leurs yeux cherche en moi des traces de folie. Même le professeur est la, la bouche ouverte comme immobilisé dans un geste qu’il ne sait plus comment finir. Je tremble, j’ai froid, des relents de peur me dansent encore dans le ventre. Mes mains sont noires, j’ai réduit mon fusain en miettes. Je pose mon regard sur la feuille devant moi et le souffle me manque, je suffoque, je me noie dans l’air qui m’entoure. Je venais de dessiner la scène qui s’est jouer dans mon imagination.
Je suis entrain de devenir folle.
Les larmes me montent aux yeux, j’attrape d’un geste mes affaires et je commence a courir. Mes jambes m’emportent droit devant, bousculant tout sur mon passage. Partir, sortir, ne pas se retourner, s’enfuir.
Je ne comprends plus rien.
Comme un écho, j’entends encore cette voix qui ressemble a la mienne. Elle pleure, jure, appelle au secours, supplie. Il y a tant de tristesse, de douleur dans cette voix, qu’elle vient frapper mon cœur, comme si c’était a moi que cela arrivait.
Je suis maintenant devant ma maison, il fait nuit. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis la a fixer cette vieille baraque. Mon regarde semble s’être arrêté sur un détail que mon cerveau refuse d’accepter.
Et puis tout devient clair, les morceaux s’assemblent pour former une image, une réponse. Ce que je regarde depuis tout a l’heure, c’est la fenêtre du sous-sol, brisée dans un coin et qui laisse passer un trait de lumière venant de l’intérieur.
Ce sous-sol toujours fermé a clé, car soi disant insalubre et dangereux. Je sais que je l’ai vu, sans vraiment y prêter attention, mon père en ressortir, le souffle court et les joues rouges. Mais j’ai toujours cru qu’il y faisait des réparations.
Ma mère a commencé a déprimer peu de temps après avoir surpris mon père sortant de la. Ils s’étaient disputés toute la nuit, mon père l’avait même frappé assez violement. Moi je vivais cloitrée dans ma chambre et n’écoutais plus leurs bagarres depuis longtemps.
Mon cœur bat trop fort, il résonne dans mes tempes. Je me penche pour regarder par le carreau cassé.
Mon père est debout au milieu de la pièce, les mains sur les hanches, il tient quelque chose dans une main mais je ne distingue pas ce que s’est. Il fixe la sol de façon monstrueuse, avec dureté et méchanceté. Il y a quelque chose parterre, quand il lui assène un violent coup de pied, j’aperçois une forme, la même qu’a l’école. C’est un être humain, enfin je crois que c‘est un être humain. Je vois mon père lever son bras et dérouler un fouet. Les mains sur ma bouche j’essaie de ne pas hurler. Et la cette..chose… me fixe. Elle a les même yeux bleus que moi, c’est moi.
Mes jambes se dérobent, mes forces m’abandonnent, je m‘écroule.
Je dois arrêter de paniquer.
Respirer calmement. Fermer les yeux. Respirer.
Mes les images derrière mes paupières sont atroces. Mon père… il…
Je pleure, je voudrais hurler, mais mes larmes prennent le pas sur tout.
J’entends du bruit. Et si il m’a vu… que va-t-il me faire….
Je prends mon téléphone et je compose le numéro de la police.
Je voudrais parler, leur expliquer mais rien ne sort de ma gorge.
Alors l’écho dans ma tête se met a hurler si fort que j’hurle aussi “ AU SECOURS”.
La police a découvert dans la cave une jeune fille sauvage, maigre et maltraitée. Mon père l’avait enfermé ici, ainsi il pouvait l’a brutaliser et la violer a sa guise.
C’est ma sœur jumelle. Le jour de notre naissance elle a manqué d’oxygène et son développement mental et physique en ont beaucoup souffert. Elle avait été placé dans une institution pendant de nombreuses années. Mais cela coutait beaucoup d’argent et le jour ou mon père a perdu son travail il l’a ramené a la maison, pour en faire son souffre douleur.
Je ne sais toujours pas pourquoi ma famille avait choisi de me cacher son existence.
Tout ce que je sais, c’est, qu’ entre elle et moi il y a un lien si fort qu’il m‘a permis de la sauver.
Et même si aujourd’hui elle ne parle toujours pas, l’écho de sa voix parle a travers moi.
Je le lis avec un peu de retard mais c'est une fois de plus du très bon Christine !
· Il y a plus de 10 ans ·L'idée est vraiment intéressante, bravo.
wen
Je le lis avec un peu de retard mais c'est une fois de plus du très bon Christine !
· Il y a plus de 10 ans ·L'idée est vraiment intéressante, bravo.
wen
Great! Très bien rythmé !
· Il y a plus de 10 ans ·mark-olantern
Pour frissonner j'ai frissonné!!
· Il y a plus de 10 ans ·Sweety
merci a tous d'avoir lu, apprecie et j'espere frissonne
· Il y a plus de 10 ans ·christinej
Mon dieu, quelle histoire...Très bien écrite, elle glace le dos et donne envie de hurler contre la folie et la sauvagerie quand elle devient humaine
· Il y a plus de 10 ans ·eleanor-gabriel
Bravo, terrible histoire.
· Il y a plus de 10 ans ·Marie Cornaline
la connexion entre des soeurs jumelles, c'est puissant. le texte tient en haleine et tu amènes bien la chûte. Chapeau
· Il y a plus de 10 ans ·CDC
yoda
Tu sais nous secouer avec talent et des mots justes et vrais. Bravo !
· Il y a plus de 10 ans ·hectorvugo
Wow ... C'est saisissant ! Christine, tu as vraiment l'art du suspense, et cette chute .. elle file des frissons..
· Il y a plus de 10 ans ·Et puis j'aime tes tournures de phrases, la façon dont tu plantes le décor...
Vraiment bravo !
rafistoleuse
Wow en effet quelle histoire terrible !! Tu nous plonges dans la folie avec adresse, pour nous mener jusqu'à la révélation, et quelle révélation ! Horrible oui, mais j'aime comment tu as traité le thème du défi, c'est original, et tellement bien écrit !
· Il y a plus de 10 ans ·odepluie
Arf c'est horrible ! La jumelle en moi est mortifiée !
· Il y a plus de 10 ans ·octobell
Je suis toute chavirée par ton texte!!!
· Il y a plus de 10 ans ·Colette Bonnet Seigue
Bravo pour ce texte sans concession.
· Il y a plus de 10 ans ·Françoise Grenier Droesch
Un texte coup de poing ! Ton texte remue les tripes par l'expression de la douleur et de la peur que tu réussis à instiller à chaque seconde ! (voilà pourquoi je ne lis pas de littérature de témoignage : déjà une fiction bien écrite comme la tienne me retourne l'estomac, alors quand c'est réel...)
· Il y a plus de 10 ans ·Très bien écrit !
matt-anasazi
Terriblement construite cette nouvelle, jusqu'à une chute - c'est peu dire - totalement inattendue comme une corde de violon.
· Il y a plus de 10 ans ·Archange Flippé
Wouah! ça prend les tripes !
· Il y a plus de 10 ans ·mysterieuse
C'est bouleversant comme histoire... J'aime connue une amie, avec de nombreux problème comme ceux-là (a part la jumelle)et je l'ai soutenue et elle a arrêté la drogue et elle s'en ai sortie. La meilleure chose qui puisse nous arriver, quand on dans une situation pareille, c'est l'amitié. Un très beau texte en tout cas, que je vais partager de ce pas ;)
· Il y a plus de 10 ans ·mlleash