Loulou

Jean Claude Blanc

pour un pote disparu...

                          Loulou

Y'a plus grand monde en nos campagnes

A revenir aux temps des loups

Les jeunes se barrent, toi tu t'éloignes

On est bien seuls sans toi Loulou

 

Comme Joseph simple charpentier

Tu savais enfoncer les clous

Fidèle et fier de ton métier

Ponçais tes planches comme des bijoux

Toi qui étais un touche à tout

T'es fait la malle je ne sais où

 

Pour ton calme, estimé

Toi si discret, le regard doux

Comment pourrait-on t'oublier

Pour le boulot, t'étais pas mou

 

Atteint par ce putain de crabe

Tu as résisté jusqu'au bout

Te montrant brave camarade

Tu te dépensais pour pas un sou

 

Tu ignorais les racontars

On n'est sali que par la boue

Les mêmes qui débarquaient le soir

Sans jamais prendre rendez-vous

 

Elus ensemble à la mairie

Il fallait bien qu'on se dévoue

Hélas, mal nous en a pris

Que de ragots tout à l'égout

 

Calé menuisier chevronné

Tu en avais dans le caillou

Ne fallait pas de déranger

Pour une serrure ou un écrou

Vraiment serviable malgré tout

Tu te dispensais des courroux

Te faire pigeonner, toi vieux grigou

T'envoyais paitre les grippes sous

 

Grimper sur le toit, sceller des poutres

Ce que t'étais leste comme un matou

Sachant que des risques tu passais outre

Pas peur de te casser le cou

 

Peut-être timide ou renfrogné

Tu n'avais guère de bagou

Faire ton boulot te suffisait

Le peaufiner bien à ton goût

Mais à tes heures, philosophe

Songeant que tu finirais dans le trou

T'as cédé le manche à ton gosse

A bonne école, de toi, Loulou

 

Mais disparaitre comme çà, filou

C'est pas la joie, je te l'avoue

Amer tant pis, te fais coucou

Garde en symbole un passe-partout

 

Ainsi se déserte notre village

N'y a pas foule dans le bourg

Alors t'envoie précieux message

Toi qu'est au ciel, un petit bisou

 

Accepte-le comme un hommage

Moi qui veille tard comme un hibou

Les années passent tourne la roue

On se retrouvera dans les nuages

Et pourquoi pas rire comme des fous

 

Inévitable, pas de jaloux

Au son de la vielle et du biniou

Et la bourrée dont est saoul

Allions courir le guilledou

Une bergère sur les genoux

 

Péché d'amour n'est pas mortel

Dieu nous pardonne, même s'en fout

Eternelle notre fête charnelle

Loulou charmeur sacré marlou

 

Même en poussière toujours debout

Prompt à t'en foutre, si on te cherche des poux

Tu me diras, c'est bête comme chou

Porte ton surnom, mon cher toutou

Chienne de garde, chasse les minous

 

T'as rénové ma maisonnette

Où je végète jusqu'à fin août

Toi qui es parti pour perpète

Viens voir ton œuvre tellement chouette

Où poussent les fleurs et le houx

 

Je n'ai de cesse de broger

Tant et si bien que mon cœur se noue

Pourtant il ne faut pas pleurer

On se retrouvera un jour qui sait

En attendant, te loue Loulou

Juste bonne pour me désespérer

Cette obsession de rimes en « ou »     JC Blanc avril 2017  (pour toi mon Ami disparu)

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